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Objectif Vénus : pourquoi la grande oubliée de la conquête spatiale mériterait plus d'intérêt
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Coopération stratégique

La NASA a annoncé qu'elle pourrait réaliser une mission conjointe avec les Russes. L'objectif est d'en apprendre un peu plus sur la planète Vénus mais sans plus de précisions. La volonté de coopération devra se concrétiser à l'avenir.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : La NASA a annoncé vouloir lancer une futur mission spatiale vers Vénus avec les Russes de l'Académie de recherches en Sciences spatiales. Quelle est l'ambition scientifique de cette mission ?

Olivier Sanguy : Il s’agit pour le moment d’une intention et plus exactement d’une volonté de collaboration avec un projet de mission de l’IKI, l’institut des sciences spatiales de l’Académie des sciences en Russie. Des scientifiques qui travaillent pour la NASA doivent rencontrer au mois de mars leurs homologues russes afin de déterminer ce qui pourrait être fait en la matière. Les objectifs scientifiques sont multiples car ils concernent à la fois l’atmosphère de cette planète qui se caractérise par un effet de serre emballé et la surface où un volcanisme semble toujours actif. De façon plus générale, en comparant notre Terre à Vénus et à Mars, on espère mieux comprendre les mécanismes de formation des planètes et ce qui fait qu’elles restent ou non habitables, du moins d’après nos critères. Mars nous a montré qu’une planète privée d’un champ magnétique suffisant voit son atmosphère « soufflée » par les vents solaires. C’est ainsi que le planète rouge a cessé d’être habitable il y a environ 3 à 4 milliards d’années. Vénus à l’inverse souffre d’un effet de serre emballé avec une atmosphère composée à 96,5 % de dioxyde de carbone. De plus, Vénus est une véritable « sœur » de la Terre puisque sa taille et sa masse sont très comparables à celle de notre propre monde (95 % de la taille et 80 % de la masse).

Comment seraient réalisée cette mission ? A quelle échéance ?

La base serait la mission russe Venera-D qui consisterait à placer un orbiteur autour de Vénus qui pourrait rester actif pendant 3 années et faire atterrir un module qui résisterait pendant quelques heures aux conditions extrêmes qui règnent à la surface, à savoir une température de plus de 400 °C et une pression atmosphérique 96 fois plus élevée que sur Terre ! Les Russes ont par le passé réussi plusieurs fois ce type de mission, donc la logique de la NASA de s’associer avec eux pour s’appuyer sur leur savoir-faire en la matière est plutôt bien vue. Les coopérations sont aussi de bons moyens de partager les coûts ! Le lancement pourrait avoir lieu en 2026 au plus tôt et l’arrivée autour de Vénus 1 an plus tard.

En quoi est-ce qu'une alliance Américano-Russe pourrait permettre d'accomplir des progrès dans la connaissance de Vénus ? Quel serait le rôle de chacune des parties engagées ?

Comme dit précédemment, les Russes apportent leur savoir-faire vis-à-vis de Vénus. La NASA a exploré cette planète avec des survols et surtout 2 orbiteurs dans les années 1970 et 1980. Les Américains ont même posé 3 petites sondes d’un coup en 1978, mais en fait elles étaient conçues pour étudier l’atmosphère et le fait que l’une survive à l’arrivée brutale au sol était un bonus. En revanche, les Russes ont visité cette planète avec beaucoup plus de sondes et, surtout, réussi un véritable coup de maître en ayant 4 atterrisseurs qui ont fonctionné de 23 à 127 minutes dans des conditions pourtant effroyables. Sur cet aspect, l’apport russe est indéniable. La NASA apportera probablement son savoir-faire en matière d’instruments scientifiques afin d’augmenter l’efficacité de la mission Venera-D. On évoque ainsi un projet de ballon qui serait largué et qui voguerait au gré des vents dans l’atmosphère vénusienne. La NASA étudie aussi depuis plusieurs années un concept de petits atterrisseurs capables de survivre plusieurs semaines à mois à la surface de Vénus. Comme toute coopération, le principe consiste à allier ce qui se fait de mieux chez chaque partenaire pour obtenir un résultat commun plus performant que si chacun faisait son affaire de son côté. Toutefois, l’architecture finale de la mission n’est pas figée. Ce que pourra emporter Venera-D comme instruments et éventuellement modules annexes dépend des discussions en cours. Et ses discussions définiront le rôle exact de chacun des partenaires. On peut aussi espérer qu’une réussite en la matière soit le prélude à d’autres coopérations, ce qui favoriserait l’exploration de Vénus.

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