Au secours, elle revient !!! Faut-il avoir peur du retour de l’inflation ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Au secours, elle revient !!! Faut-il avoir peur du retour de l’inflation ?
©Capture écran France TV

BCE mon amour

Du fait de l'aggravation de la pression fiscale et des coupes budgétaires (voir collectivités locales), la théorie classique enseigne qu'une pression à la baisse devrait s'exercer sur le niveau général des prix.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

Voir la bio »

Or, en tant que consommateur lambda, nous sommes en mesure de relever (et de subir !) de nombreux foyers de hausses des prix qui posent par conséquent sérieusement question.

Dans un premier temps, nul ne saurait contester que bien des secteurs montrent une tendance très nette à la hausse des prix : produits alimentaires, produits transformés de première nécessité (lessive, etc…), produits pétroliers et dérivés (remontée récente des cours du Brent). Seuls semblent échapper à ces pressions inflationnistes les secteurs qui fournissent des produits d'investissement durable : automobile, produits numériques (écrans plats, etc…) où le taux d'importation explique souvent les prix contenus et les hausses limitées.

L'inflation est donc sur le point de reprendre une nouvelle vigueur : ainsi la BCE vient de communiquer que le taux de 2% était atteint pour la zone Euro ce qui est, en théorie, l'objectif optimal pour ce paramètre d'évolution nominale des prix.

En toute logique, la BCE devrait limiter ces achats de dettes et de titres divers (rythme ramené de 80 à 60 milliards d'Euros par mois) afin d'éviter le risque de survenue d'une inflation issue de la création monétaire. Mais cette logique prudente ne sera pas respectée par la BCE car les niveaux de croissance en zone Euro sont encore très limités.

Autant dire que les retraités allemands (soumis à 1,8% d'inflation) qui voient leur épargne rémunérée à des taux bien inférieurs vont encore faire pression sur leur gouvernement pour que la BCE modifie sa politique accommodante dite de QE : "quantitative easing".

Sur le fond, comme l'a finement observé l'économiste Serge Christopher Kolm dans les années 80, nous allons être confrontés à une inflation dite de productivité qui se définit par le fait que les entrepreneurs des secteurs où la productivité est faible restaurent leurs marges par une hausse des prix qui est supposée absorber les hausses salariales. Or il n'est pas absurde de poser pour hypothèse que le futur nouveau Président de la République et son équipe soient obligés de "donner du grain à moudre" (André Bergeron, FO) et de faire plus qu'un geste pour les salaires.

Parallèlement, les économistes de la régulation ont montré que bien des entrepreneurs ont un réflexe lié à la marge nette escomptée. Boyer et Mistral ont démontré l'existence de comportements de "mark-up" selon lesquels le prix est fixé par un coefficient de marge frontalement appliqué au prix de revient des produits fabriqués. En période où tout un chacun envisage une poursuite de la hausse des prélèvements obligatoires, il nous semble très réaliste de conclure que des anticipations rationnelles conduisent les entrepreneurs à alourdir leur "mark-up" pour être en bonne position sur leur future marge nette après pression fiscale alourdie.

Cette inflation par le "mark-up" va rejoindre une inflation dite de structure : c'est à dire la hausse des prix issue de structures à dominante oligopolistique. Ce phénomène existe avec clarté : il suffit de se reporter aux jurisprudences du droit de la concurrence : lessiviers, cimentiers, opérateurs de téléphonie, etc. Autant de secteurs lourds qui ont été démasqués dans des pratiques d'ententes illicites sur les prix.

L'inflation qui n'est pas un sujet de la campagne électorale (chacun peut le noter) sera pourtant bel et bien au menu du deuxième semestre 2017. Inexorablement de retour particulièrement dans l'immobilier, elle va déclencher des phénomènes d'anticipations " auto-réalisatrices " qui ne vont pas simplifier la lourde tâche des responsables de la politique économique de la France et de l'Union.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !