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Relations extraconjugales et homosexualité au cœur
des secrets de famille
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Chuuut !

Chaque famille abrite ses secrets. Tant qu'ils n'ont pas été révélés, ils se transmettent de génération en génération et marquent nos vies de façon confuse et douloureuse. Pourquoi et comment se constitue un secret de famille ? Juliette Allais se propose d'y répondre dans "Au cœur des secrets de famille". Extraits (1/2).

Juliette Allais

Juliette Allais

Juliette Allais est thérapeute et enseignante en psychogénéalogie. Sa pratique repose sur une approche pluridisciplinaire mêlant psychologie des profondeurs, analyse des rêves et étude du transgénérationnel.

Juliette Allais est l'auteur de La psychogénéalogie (Eyrolles), paru également sous la forme de chapitres au format électronique sur Atlantico éditions

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Où commence le secret de famille ? À quel moment la vie bascule-t-elle dans la clandestinité, et devient inextricablement liée au mensonge ? La personne le sait-elle, ou est-elle le jouet inconscient de son propre destin ? Le secret se constitue principalement à partir de deux types de situations : l’exposition à un événement qui provoque la honte et/ou la culpabilité, et le vécu d’un traumatisme tellement douloureux qu’on ne peut en parler, ou parfois même le penser. Les dynamiques psychiques ne fonctionnent pas tout à fait de la même façon dans les deux cas, ce que nous aurons l’occasion d’examiner plus loin en détail. Cependant, la réaction face à l’événement est identique : il s’agit de faire disparaître toute trace de la chose en question, comme si ça n’avait jamais existé.

Que l’on soit responsable ou pas, que ce soit à travers le déni, de manière tout à fait inconsciente, ou une tentative de dissimulation préméditée, il faut à tout prix rejeter ce corps étranger comme l’organisme rejette un poison violent. Il est impossible d’intégrer cette part du réel dans le vécu personnel ou familial, car elle attaque les fondations même de l’être humain ou du groupe dont il fait partie, menaçant de détruire leur image, leur identité, leur stabilité. Prendre un tel risque perturberait profondément l’équilibre et la sécurité de celui ou ceux qui y seraient exposés. (…)

Le hit-parade des secrets

Les événements à l’origine des secrets peuvent être très nombreux. Néanmoins, ils ont presque tous en commun d’exposer dangereusement l’individu au jugement des autres, et à l’exclusion du groupe social dont il fait partie. Quoi qu’on en pense, dans notre société, certains sujets demeurent encore tabous ou l’ont été tellement longtemps qu’il en reste des traces, notamment dans nos romans familiaux. Il s’agit principalement du sexe, de la mort, de l’illégitimité, de l’argent et de la maladie.

Ainsi, on retrouvera régulièrement dans les arbres généalogiques de nombreux non-dits autour de :

• la mort (deuils non faits, meurtres, morts violentes ou non élucidées, infanticides, avortements clandestins) ;

• la filiation (origines inconnues, illégitimité, naissance avant le mariage);

• la sexualité (relations hors mariage, homosexualité, prostitution, inceste, abus, pédophilie) ;

• l’argent (escroqueries, gains illicites, dettes de jeu, faillites, mésalliances, héritages frauduleux, spoliations, dépossession) ;

• la maladie (notamment les désordres psychologiques, l’internement, les maladies sexuellement transmissibles) ;

• l’emprisonnement ;

• la trahison (collaboration, désertion, etc.)

Les secrets liés à la sexualité

Il ne faut pas remonter très loin dans les vies de nos ancêtres pour y trouver des souffrances et des blocages, tant en matière de relation à l’autre que dans la façon dont chacun considérait son propre corps. La conception freudienne du psychisme humain et sa perception profondément révolutionnaire de la pulsion sexuelle sont venues éclairer l’obscurantisme en place jusqu’alors, mais la « révolution sexuelle » ne date que de mai 1968.

Nous nous targuons d’être libres de jouir de notre corps comme nous l’entendons ; mais c’est oublier que nous héritons d’une vision de la sexualité qui s’apparentait plus à l’enfer qu’à un lieu d’épanouissement accessible à toutes et à tous.

Tabous, interdits : la société de nos parents et grands-parents était un magnifique terrain d’éclosion du secret. Seule la sexualité à visée procréative était autorisée par l’Eglise. Certes, tous n’étaient pas sous le joug de cette vision du monde, mais la différence entre bonnes mœurs et vie dissolue était clairement établie. Les relations extraconjugales et l’homosexualité, par exemple, condamnaient celui qui s’y adonnait à un bannissement radical du monde des humains. Aussi ne restait-il à ces pauvres pécheurs que la dissimulation pour continuer à vivre leur « vice ». Nombre de familles ont ainsi tu les « déviances » conjugales et sexuelles qui risquaient d’entacher la mémoire ancestrale. Purifier, rendre conforme, voilà à quoi s’attelaient ceux qui, de près ou de loin, s’y trouvaient mêlés et ne voulaient pas risquer d’être mis au ban de la société.

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Extrait de Au cœur des secrets de famille, Eyrolles (10 avril 2008) 

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