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Au Japon, on fabrique des robots bébés pour donner envie à leurs acheteurs... d'avoir de vrais bébés
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Troublant

Il s'agit de sortes d’entraînements pour les parents en vue d'avoir un bambin. Toutefois, ne confondraient-ils pas les robots et les enfants ? À quelles frontières éthique cela nous amènerait-il ?

Alors que la population japonaise est en chute libre et que son taux de natalité est le plus faible au monde - 1,4 enfant par femme - les entreprises de robotiques ont développé ces dernières années des robots qui ressemblent à des bébés, afin de pousser leurs acheteurs à avoir un vrai bambin. Objectif : relever le taux de natalité à 1,8 enfant par femme en 2025 pour éviter de passer sous la barre des 100 millions (contre 127 millions aujourd'hui).

La dernière invention de ce genre fut celle du constructeur automobile, Toyota, qui commercialisera dès 2017 le Kirobo Mini. Il s'agit d'un mini robot bébé capable de cligner des yeux, dodeliner et parler. Haut de dix centimètres et pesant 183 grammes, il devra donc procurer un sentiment de "connexion émotionnelle" à ses nouveaux parents. Vêtu d'une combinaison blanche, il imite "le comportement d'un bébé assis qui n'a pas encore pleinement développé les compétences nécessaires pour s'équilibrer", explique Fuminori Kataoka, dans The Guardian. Selon cet ingénieur en chef de la conception de Kirobo Mini au sein du département "non-automobile" de Toyota, c'est cette vulnérabilité qui doit toucher le consommateur. "Elle est la clé de son efficacité", souligne-t-il. Ce bébé-robot sera vendu uniquement au Japon et coûtera 39.800 yens (300 euros).  

Un bébé-robot qui pousse à procréer 

Précédemment, un autre “robot simulateur de bébé”, prénommé Yotaro, a été créé par une équipe de l’université de Tsukuba en 2010. Il réagissait au toucher et pouvait même tomber malade (grâce à un nez qui coule). Toutefois, c'est Affetto (en italien "affection") qui ressemble réellement à un vrai enfant. Il a été conçu, au Japon en 2012, par le laboratoire d'Asada de l'université d'Osaka. "Il s’agit du robot d’enfant le plus réaliste jamais créé", selon le site spécialisé Plasticpals. Les inventions ne s'arrêtent pas là. Le Japon a déjà proposé des robot représentant un enfant de 5 ans. Il s'agit de M3-Kindy, qui dispose de grandes facultés de mouvement, d'expression et de sensation. Tous, ils ont été conçus pour préparer les jeunes couples aux besoins d'un enfant à mesure qu'il grandit. Il s'agit donc de sortes d’entraînements pour les parents en vue d'avoir un enfant. 

Et il semblerait que la méthode fonctionne, mais Aux États-Unis et en Australie. Là-bas, des robots ont été utilisés pour prévenir les grossesses adolescentes. Cependant, les chercheurs ont obtenu un résultat inverse, puisque le nombre de grossesses parmi les groupes auxquels un faux bébé avait été confié a augmenté. Pour le moment, aucune étude ne montre le même phénomène chez les hypothétiques futurs parents japonais.

Malgré tout, même si ces robots ne sont pas la solution directe au vieillissement de la population japonaise, “ils peuvent conduire à des recherches qui offrent une meilleure compréhension et un meilleur aperçu du problème du déclin de la natalité”, selon The Conversation.

Quelles frontières éthiques ? 

Néanmoins, le bébé-robot peut s'avérer dangereux pour les "parents" du point de vue émotionnel. Selon les chercheurs, une vraie liaison peut se former entre les deux. Elle est d'avantage renforcée lorsqu'il s'agit d'un robot dit social ayant une apparence et un comportement humain.

Serge Tisseron, psychiatre et psychologue, est l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme sur l’utilisation de ces machines dites humanoïdes. Dans son livre "Le Jour où mon robot m’aimera", il fait preuve d'enthousiasme pour les robots, tout en exprimant ses inquiétudes à leur sujet. Selon lui, il existe "trois dangers principaux au développement des robots". "Le premier est que ces machines nous ressemblent tellement que nous pourrions être tentés de leur imaginer des émotions et des souffrances, et que nous pourrions mettre notre vie en danger pour tenter de les protéger", explique-t-il dans le magazine EcoRéseau. "Le second réside dans la capture de nos données personnelles. Les fabricants risquent bien de s’octroyer un droit d’accès aux données intimes de leurs utilisateurs en invoquant des raisons de sécurité. Enfin, à côtoyer des machines qui seront programmées pour toujours être en accord avec nous, le risque est que nous finissions par devenir moins tolérants à la frustration, et que nous finissions par préférer la compagnie des robots à celle de nos semblables." Pour éviter tous ces danger, il faudrait selon Serge Tisseron créer "un robot humanisant et socialisant". C'est-à-dire un robot qui permettra "à chacun de mieux se connaître". Il devrait également encourager et faciliter "nos relations avec nos semblables". "Un robot qui nous incite à faire ensemble avec lui ce que nous ne pourrions faire ni seul avec lui, ni ensemble sans lui". 

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