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Une méchanceté réjouissante
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Le dernier roman de Jean le Gall, "Les lois de l'apogée", dresse un tableau iconoclaste de la France d'en haut, à travers trois milieux: la politique, les affaires et l'édition. C'est jubilatoire et consternant.

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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LIVRE

LES LOIS DE L’APOGEE

de Jean Le Gall

340 pages

Ed. Robert Laffont

19.50 €

L'auteur

Jean Le Gall, la petite quarantaine, est originaire de Bordeaux.  Après une maîtrise de droit, il devient avocat d'affaires, notamment à New York. Mais, passionné de littérature, il décide d'abandonner le domaine juridique en 2011 pour reprendre les maisons d'édition Atlantica, à Biarritz, et Séguier, à Paris. « Les lois de l’apogée » est son troisième roman.

Thème

Jérôme Vatrigan, écrivain d’un seul  livre et éditeur «donquichottesque»,  sa compagne, Greta Violante, redoutable femme d’affaires, et son frère Antoine, chirurgien esthétique devenu ministre, forment  un  trio infernal  représentant les  archétypes de trois univers : celui  de l’édition, des affaires et de la politique. 

A travers eux,  Le Gall  brosse un tableau jubilatoire et consternant  de la comédie sociale de la France d’en-haut, mêlant allégrement personnages fictifs, transparents et réels pour en arriver à la conclusion que le crime ne paie pas.

Points forts

1 -Les acteurs principaux, à la fois attachants et exaspérants :

- Jérôme Vatrigan qui, à 23 ans, a remporté, le Goncourt par défaut pour un roman de 210 pages « élégant, insincère, charmant, mineur», puis a créé une maison d’édition peu rentable dont l’unique vocation est de« construire un refuge pour écrivains de race » ; c’est un  dandy  solitaire qui n’a pour amis que de « bons » auteurs incompris  (de préférence morts, du type Jack-Alain Léger ou Dorothy Parker) et  vit aux crochets de sa compagne pour laquelle il éprouve une passion masochiste faite d’amour et de répulsion.

Greta Violante, la moins crédible des trois, d’une ambition démesurée et d’une sécheresse de cœur peu vraisemblable, est une caricature outrée de la working woman, mais ses « dîners en ville » où se presse le microcosme parisien sont l’occasion de scènes d’anthologie assez hilarantes.

Antoine Vatrigan, derrière lequel il est impossible de pas ne pas reconnaître Jérôme Cahuzac, est un frère aimant et attentionné, mais incapable de faire un retour sur lui-même, en bon politique qu’il est.

2 – La célébration de la véritable littérature qui est talent et liberté  par opposition au règne du faux, du plagiat, du commercial et de la notoriété éphémère dans un monde consanguin.

Points faibles

1 – La composition : Si la narration respecte la chronologie, de 1988 à 2016, elle utilise de multiples éléments tels que lettres, cassettes enregistrées et  articles de journaux, le tout  ponctué d’aphorismes et de cauchemars, dans un joyeux désordre qui peut dérouter le lecteur.

2 - Des longueurs ;  moins bavard, le roman aurait gagné en force tout en restant percutant.

3 - Le mélange des genres.  Le polar greffé sur la chronique sociétale (uniquement pour justifier la chute de  Greta Violante) n’est pas très convaincant.

En deux mots

Trente ans de  vie politique et culturelle française passés au scanner d’une méchanceté réjouissante : Les personnalités citées  sous leur vrai nom (journalistes, écrivains, éditeurs, philosophes,  politiques)  risquent de ne pas  apprécier autant que le lecteur la férocité des anecdotes narrées (rapportées, inventées ?)  par Jean  Le Gall. 

Il aurait été bien étonnant que cet OVNI de la rentrée littéraire 2016  remporte le moindre prix…

Une phrase

Une, parmi bien d’autres, p. 151

« La droite siégeait à ces dîners de manière majoritaire, bien que les hommes et les femmes concernés pussent entretenir des rivalités particulièrement saignantes. Deux ou trois droites, on ne savait pas trop, s’affrontaient. Leurs divergences avaient moins à voir avec leurs lignes éditoriales respectives qu’avec l’éternelle guéguerre de leurs chefs, à côté de laquelle La Guerre des boutons était un moment grave de l’Histoire de France. »

Recommandation

EXCELLENT 

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