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Contrôler un avion par la pensée ? C'est possible, même si vous n'avez aucune connaissance en pilotage
©Pixabay

Je pense donc j'agis

Grâce à un casque bardé d'électrodes, il est bel et bien possible de diriger un avion en plein vol par la seule force de la pensée, sans avoir la moindre compétence en pilotage. Le journaliste du site américain Wired, Jack Stewart, peut témoigner.

C'est quand même beau, la technologie. On a des rêves, on imagine des super-héros capables de tel ou tel exploit et, quelques dizaines d'années plus tard, on est réellement capable de les imiter. Dans le cas présent, il s'agit de contrôler notre environnement par la force de la pensée.

De la fiction à la réalité

Ce fantasme, à la croisée entre la télépathie (échanger des informations par le biais de la pensée) et la psychokinésie (agir directement sur la matière par la force de l'esprit), est en passe de devenir réalité. La preuve : Jack Stewart, journaliste au site américain Wired, dénué de toutes compétences de pilotage, a lui-même contrôlé la trajectoire d'un petit avion sans toucher les commandes de l'appareil. Il raconte dans un article.

Contrôler des objets par le biais de sa pensée est possible. Pour cela, nul besoin de muscler son cerveau pour lui conférer des capacités paranormales. Il suffit de quelques électrodes et d'une bonne dose de concentration. S'il nous est impossible de faire léviter une pierre par la force de la volonté, nous avons quelques capacités concernant les appareils électroniques. La jeune et talentueuse chercheuse Nataliya Kosmyna avait développé début 2016 un drone entièrement pilotable grâce à la pensée. Il suffisait alors au pilote de porter un casque muni d'électrodes et de penser intensément à la direction à prendre pour que le drone fasse de même. La chaîne Arte y avait d'ailleurs consacré un documentaire, que voici.

Activité cérébrale

Des prouesses qui ont dû inspirer Santosh Mathan, chercheur en neurotechnologie pour le constructeur aéronautique Honeywell Aerospace, qui a développé un système qui permet de piloter non pas un vulgaire drone, mais un avion tout entier. Pour démontrer que son invention marche, il a invité le journaliste du site Wired Jack Stewart à piloter lui-même l'engin, un Beechcraft King Air C90 d'une dizaine de mètres de long. Équipé d'un casque bardé de 32 électrodes reliées à son cuir chevelu, le journaliste a ainsi pu effectuer quelques manœuvres basiques (tourner à droite, à gauche, gagner ou perdre en altitude) des centaines de mètres au-dessus de Puget Sound, non loin de Seattle (État de Washington, États-Unis). L'expérience a été filmée (vidéo en anglais).

Pour Mathan, cet essai inédit est l'aboutissement de 12 ans de travail. "Nous avons pensé que contrôler un avion par le biais de la pensée était un objectif idéal en vue de développer améliorer et tester notre neurotechnologie", confie-t-il au journaliste. Son travail avait déjà porté ses fruits dans un simulateur de vol, et il s'agissait cette fois-ci de réaliser un test grandeur nature. Alors non, il n'a pas suffi à Jack Stewart de regarder par la fenêtre du cockpit pour que l'appareil se dirige vers l'endroit visé. À vrai dire, le journaliste n'a pas vraiment pu profiter du paysage, puisque ses yeux étaient rivés sur petit écran portable. Sur celui-ci, des flèches directionnelles, clignotant aléatoirement. Toutes les deux ou trois secondes, un carré vert se pose sur l'une d'elles durant environ une seconde. Une animation a priori absurde, mais il n'en est rien. Pour réussir à contrôler l'appareil, le journaliste doit regarder intensément la flèche indiquant la direction qu'il souhaite faire prendre à l'avion. Lorsque le carré vert apparaît sur celle-ci, le cerveau réagit : cette réaction est appelée "potentiel évoqué". Les électrodes captent l'impulsion électrique puis la communiquent à une sorte de boîtier chargé de traduire ces directives à l'avion.

Perspectives

Bien évidemment, tout n'est pas parfait : l'avion n'est pas là un prolongement du corps comme les ailes d'un oiseau, et les commandes effectuées étaient calibrées par le pilotage automatique. Chaque manœuvre nécessite un délai d'une dizaine de secondes, et on a juste le temps d'un bref coup d'œil à travers la fenêtre avant de devoir se concentrer sur la prochaine direction à prendre. De même, Jack Stewart confie qu'un tel exercice lui a valu quelques maux de tête en raison de son intensité. Mais ne nie pas le côté extraordinaire de l'expérience : "Lorsque les premières manœuvres opèrent, je ne peux pas croire que c'est moi qui commande. Puis vient l'euphorie. Je glisse entre les nuages, je prends de l'altitude, redescend, fait des cercles, juste en y pensant".

Les chercheurs sont, de toute manière, conscients des progrès qu'il reste à accomplir en termes de rapidité du processus. "Je ne voudrais pas me trouver dans un tel avion, dans le scénario où nous devrions nous faufiler entre des falaises et éviter d'autres avions", concède à Wiredla neuroscientifique Beata Jarosiewicz de l'Université californienne de Stanford, également investie sur le projet. Qu'on se le dise : les avions du futur ne seront pas contrôlés par la pensée ; ils se piloteront tout seuls. En revanche, cette innovation pourrait trouver de nombreuses applications dans notre vie de tous les jours. Faire défiler des pages web ? Allumer la télévision ? Monter le son de la musique ? Ce sera sûrement possible.

Mais également et surtout dans le secteur de la santé. Ces avancées pourraient permettre aux personnes paralysées de contrôler des bras robotisés et ainsi de devenir plus autonomes, comme y travaille la société BrainGate depuis 2003.

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