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Paris Photo 2016 : à quoi ressemble une photo pro quand tout le monde a un smartphone ou un appareil ultra perfectionné ?
©Reuters

Concurrence ?

Jusqu'à dimanche se tient la nouvelle édition de Paris Photo au Grand Palais, dans un contexte marqué par la démocratisation de la pratique photographique due à l'arrivée d'Internet, des réseaux sociaux et des smartphones.

Gérard Uféras

Gérard Uféras

Gérard Uféras est né et vît à Paris. A partir de 1984, il entame une collaboration régulière avec le journal Libération, pour lequel il réalise de très nombreux reportages et portraits et qui organise sa première exposition. Il participe à la création de l’agence Vu en 1986 et publie régulièrement dans la presse française et internationale. Parallèlement au photo-journalisme et à son travail de portraitiste, il réalise des campagnes de publicité, travaille dans la communication institutionnelle et réalise des séries de mode. Il a notamment été lauréat du prix "Villa Medicis hors les murs". 

Pour découvrir son travail : www.gerarduferas.com

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Atlantico : Comment réagit le secteur professionnel face au phénomène de la photographie amateur, chacun pouvant désormais, grâce à la qualité de l'appareil photo des smartphones et autres tablettes, réaliser de belles photos retouchables, de surcroît grâce à des applications faciles d'utilisation et gratuites ? 

Gérard Uféras : La photographie est aujourd’hui accessible à de nombreuses personnes : tout le monde peut utiliser son smartphone pour faire des photos, mais également pour les magnifier grâce à des logiciels. Toutefois, je doute que cela fasse d’un photographe amateur un photographe. Je pense qu’un photographe, c’est surtout un regard. Les photographes exposés à Paris Photo, par exemple, ont chacun une démarche personnelle. La photographie peut avoir tellement d’expressions différentes aujourd’hui : photoreportage, photographie plastique, photographie en lien avec les questions de l’intime ou du social, etc. A chaque fois, cela relève d'une démarche et c’est ce qui fait la différence entre un photographe et un photographe amateur. 

Quel impact a cette démocratisation sur la photographie en tant qu'art ? 

Je pense que les photographes vivent dans le monde d’aujourd’hui. Le fait qu’il y ait autant de photographies diffusées, qu’il existe diverses formes de photographie, que nous soyons inondés de photos, tout ceci contribue à un impact de cette démocratisation sur le travail des photographes. D'une manière générale, la technique a toujours impacté leur travail : à un moment, beaucoup d’entre eux se sont exprimés en noir et blanc, il y a eu ensuite l’arrivée de la couleur avec des pellicules négatives et non plus en diapositives, etc.

Toutefois, à mon avis, il est peut-être encore un peu tôt pour savoir comment cela va impacter la pratique photographique des photographes qui en font leur métier. 

Toutes ces photos prises et retouchées par tout un chacun sont diffusées par millions sur les réseaux sociaux, dont certains se sont spécialisés dans le domaine de la photographie, à l'instar d'Instagram. Ne viennent-ils pas concurrencer, d'une certaine manière, les galeries et autres lieux d'exposition de photographies artistiques/professionnelles ?

Ce qui est certain, c’est que l’expérience de la photographie sur Internet est complètement différente de celle vécue lors d’une exposition ou dans un livre. On a tendance à consommer les photos sur un ordinateur d'une façon extrêmement rapide, ce qui fait que l’on passe parfois à côté de l’expression que souhaitait vraiment le photographe. Même s’il s’agit aujourd’hui de la façon la plus courante de consommer la photographie, ceci ne procurera jamais l’expérience que donne à vivre une exposition photographique qui permet de rentrer dans un univers, qui plus est lentement. Il s’agit là d’une question de vitesse. La consommation de photos telle qu'elle est réalisée aujourd'hui a tendance à banaliser un peu la chose. Je suis convaincu toutefois que nous aurons toujours besoin des livres, des galeries et des musées dans lesquels voir une exposition photographique. 

Propos recueillis par Thomas Sila

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