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Jour férié, jour Ikea : On se meuble tous chez Ikea, le très mystérieux calcul des prix de la firme suédoise
©Flickr/ kaktuslampan

Poäng

Ces décisions, compliquées pour toute firme multinationale, obéissent à un processus darwinien et sans merci.

Qui n'a pas chez lui au moins un meuble Ikea ? L'impact de la firme n'est pas seulement économique, mais culturel : ses meubles à l'esthétique nordique, épuré, très inspirée du design du milieu du 20ème siècle, a modifié les intérieurs de Monsieur Toulemonde. Aujourd'hui la firme consomme à elle seule 1% de tout le bois produit industriellement par le monde, soit 15 millions de mètres cubes par an.

La firme est dans une classe à part, et pour la plupart d'entre nous, meubler son chez soi et acheter chez Ikea sont des synonymes. Donc : comment la firme choisit-elle quels modèles produire ? Sur lesquels baisser les prix ? Sur lesquels faire grimper les prix ? Lesquels abandonner ?

Si c'était si facile que ça à comprendre, il n'y aurait plus de magie, et le modèle d'Ikea serait aisé à reproduire. S'il n'y a qu'un Ikea, il y a peut-être une raison…

C'est ce qui ressort des travaux de deux économistes, Anthony Landry, de la Banque du Canada, et de Marianne Baxter, de Boston University, qui ont accumulé les données de décennies de catalogues Ikea pour tenter de comprendre la stratégie de la firme (il n'y a pas de sous-métier).

Ce qu'il ressort de leurs travaux, c'est que le catalogue d'Ikea obéît à une impitoyable logique darwinienne. Certains modèles sont à la fois économiquement faciles à fabriquer et populaires. Pour ces best-seller, Ikea baisse le prix au maximum afin de favoriser la demande.

C'est le cas de Poäng, un fauteuil que vous avez forcément déjà vu — il s'en vend 1,5 millions par an — qui est inspiré d'un design de 1939, dont certaines versions artisanales se vendent aujourd'hui pour plusieurs milliers d'euros. La version Ikea, par contre, a dégringolé : elle se vendait pour l'équivalent de 300 dollars en 1990, et se vend aujourd'hui pour 79 dollars aux États-Unis, signale le site FiveThirtyEight.

C'est le cas de nombreux autres classiques : la table de chevet Lack, passée de 56 dollars (en dollars de 2016) en 1985 à 10 dollars aujourd'hui. Dégringolade également prononcée pour les étagères Billy, que nous avons tous vues au moins une fois si nous n'en avons pas chez nous.

C'est ce qu'on constate en général : plus un produit dure, plus son prix dégringole. A contrario, les produits dont le prix ne baisse pas ont tendance à disparaître sans autre forme de procès.

Si un produit est compliqué à fabriquer et qu'il n'a pas une forte demande, il est abandonné. Pour deux qui connaissent une véritable demande, la marque va chercher à les produire de manière économique pour les produire en masse.

Ainsi, en 1992 la firme a changé une partie de l'armature de Poäng, remplaçant de l'acier par du bois. Lack était au départ entièrement en bois massif, et maintenant il est en partie en bois et en partie en préfabriqué.

Ikea semble donc confirmer une intuition répandue que l'économie est le domaine de la survie darwinienne. Votre table basse Ikea qui ne paie pas de mine est en réalité une survivante. 

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