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Les origines idéologiques de la fin programmée des aides personnalisées au logement
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Outre l’application stricte des quotas de 25% de logements sociaux - priorité étant donnée à l’aide à la pierre qui fixe "solidement" les bénéficiaires - le gouvernement a décidé de rogner sur les aides à la personne qui permettent aux bénéficiaires de changer d’environnement.

Thierry Get

Thierry Get

Thierry Get est ingénieur. Il est membre du bureau politique de La Droite libre et du CNIP. Son groupe sur Facebook ici

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En préambule, rappelons que le Premier ministre, M. Valls a déclaré en septembre 2016 "La force de notre pays c'est sa diversité, son métissage, son amour pour ses valeurs qui restent profondément universelles" (source Express – septembre 2016). 

Toujours dans le même esprit, selon M. Valls, la politique de peuplement prônée au début de l’année 2015 - suite aux attaques islamistes - devrait contraindre les Français au vivre ensemble partout sur le territoire. Le moyen privilégié étant l’application stricte des quotas SRU de logements sociaux dans les communes de France.

Certes, il y eut une petite voix dissonante dans le champ socialiste : le député Malek Boutih a apporté un bémol au Premier Ministre en affirmant "ce que refusent les maires, de gauche comme de droite, (…) c'est d'attirer une population islamiste", ajoutant qu'on ne fera "pas disparaître les foyers radicaux en les disséminant" (cité dans le Figaro du 22 janvier 2015).

Au fond, l’idéologie du multiculturalisme/de la mixité à tout prix remplace petit à petit le marxisme à gauche. Mais, point commun non négligeable, cette théorie est tout aussi coupée du réel que le communisme. Elle présuppose que tous les individus sont interchangeables quelles que soient leur culture, leur racine, leur race.

Cette politique a des effets divers car comme l’écrit Christophe Guilluy dans Le Point du 21 septembre 2016, "ceux qui bougent vivent dans les grandes métropoles et appartiennent à une France hyper mobile. Le jeune de catégorie supérieure a le choix de bouger à l'étranger ou au sein même de la métropole". Or, une majorité de Français, faute de pouvoir se déplacer, vivent dans le département où ils sont nés. La sédentarisation est effective aussi bien pour les jeunes que pour les actifs ou les plus âgés. Vu d'en haut, on qualifie ce phénomène de "repli".

La gauche constatant les réticences du "bon peuple" au "vivre ensemble", outre l’application stricte des quotas de 25% de logements sociaux - priorité étant donnée à l’aide à la pierre qui fixe "solidement" les bénéficiaires - le gouvernement a décidé de rogner sur les aides à la personne qui permettent aux bénéficiaires de changer d’environnement.

En conséquence, il n’est pas innocent que le gouvernement, en août 2016, ait décidé de ne plus prendre en compte le patrimoine dans le calcul des aides personnalisées au logement (APL). En effet, le patrimoine non imposable (livret A, livret d'épargne populaire ou résidence secondaire non louée) supérieur à 30.000 euros sera pris en considération pour le calcul des aides au logement. 650.000 foyers aux revenus modestes verront leur aide au logement diminuée.

Les locataires ayant économisé pour faire face à un accident de la vie seront ainsi pénalisés estimait la CSF, association de défense des consommateurs. La réforme risque, en outre, d'avoir de lourdes conséquences pour les locataires qui possèdent un bien immobilier, car nombre d'entre eux, notamment lorsqu'ils sont reçus en héritage, sont éloignés des zones d'emplois ou impropres à l'habitation. Alors qu'ils ne trouveront pas facilement acquéreur, ces locataires modestes vont se retrouver dans l'impasse pour faire face à leurs dépenses de logement.  

D’autres responsables à droite de l’échiquier politique pensent plutôt qu’il convient de réduire fortement les montants alloués aux logements sociaux pour les transférer à l’aide personnalisée au logement (APL), de supprimer les quotas de logements sociaux, de détruire toujours plus d’anciennes barres d’HLM ou de les céder à des prix très modiques. Car il est vrai que les logements sociaux constituent, bien souvent, des trappes à pauvreté. Les bénéficiaires hésitant parfois à chercher un travail dans une autre zone en ayant la crainte de ne pas retrouver un logement social. La mise en cause régulière de l’APL au détriment du logement social par les gouvernements contribue à freiner la mobilité géographique.

L’argument – très répandu - selon lequel il faudrait diminuer l’APL au prétexte qu’elle tomberait dans la poche des propriétaires est absurde pour 2 raisons :

Premièrement, l’APL permet de rendre solvables et concurrentiels des demandeurs de logements en concurrence avec des salariés mieux pourvus.

Deuxièmement, si l’on suivait ce raisonnement, il faudrait alors ne pas augmenter les salaires sous prétexte que, lorsqu’on achète des biens et services, les salaires sont reversés aux patrons.

La propriété responsabilise les résidents et les sommes investis via l’aide au logement personnalisé redynamiseraient plus sûrement le secteur du logement. Mais cette politique n’aboutirait pas forcément à plus de mixité mais à plus de responsabilisation et à une présence moindre de trappe à pauvreté. Ce serait déjà un progrès.

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