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Angela Merkel sotto pressione : Matteo Renzi peut il réussir ce que la France aurait dû faire ?
©Reuters

Renziator

Au Sommet de Bratislava, Matteo Renzi a fait montre d'une attitude ferme et critique et refusé de participer à ce qu'il a qualifié de "documents sans âme ni horizon". Néanmoins, il apparaît comme relativement isolé. Sans soutien, il est peu probable qu'il réussisse à infléchir seul la politique européenne.

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud

Christophe Bouillaud est professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble depuis 1999. Il est spécialiste à la fois de la vie politique italienne, et de la vie politique européenne, en particulier sous l’angle des partis.

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Atlantico : Dans une interview accordée dimanche dernier au Corriere della Sera, Matteo Renzi a vivement critiqué l'absence d'avancées au Sommet de Brastislava sur la relance du projet européen. Déclarant ainsi "Pour changer l'Europe, il faut changer de direction et pas de palais pour accueillir les sommets" il a expliqué son absence à la conférence de presse d'Angela Merkel et François Hollande par son refus d'"écrire des documents sans âme ni horizon". Alors que François Hollande avait promis de se battre pour une nouvelle inflexion de l'Europe, en adoptant une attitude ferme et critique, Matteo Renzi pourrait-il "réussir" là où le président français a échoué (faute d'avoir même essayé) ?

Christophe Bouillaud : Malgré toutes les bonnes intentions affichées par Matteo Renzi, je doute qu'il puisse par lui seul réussir à infléchir l'Europe. Il est d'ailleurs significatif qu'au sommet de Bratislava, il soit apparu relativement isolé et non pas comme le leader d'un mouvement contre l'austérité.

Cela est certainement lié au fait que les gouvernements qui pourraient s'associer à lui sont soit trop faibles (comme le gouvernement grec) soit essaient de se faire discrets (comme le gouvernement portugais).

La probabilité d'un changement de perspective offert par Matteo Renzi seul est faible.

Matteo Renzi considère que les politiques d'austérité sont un échec et demande des politiques de relance. Au regard du contexte international et des alertes émises par des institutions internationales telles que le FMI et l'OCDE, le moment semble opportun pour qu'un tel appel soit entendu. Quelles alliances le président du Conseil pourrait-il former pour faire pression sur l'Allemagne afin que la zone euro adopte une nouvelle politique économique ? Là encore quelles sont ses chances de réussir ? 

Autant à l'intérieur de l'Europe, Matteo Renzi apparait comme relativement isolé, autant il pourrait avoir des appuis en dehors de l'Europe, en particulier auprès des Etats-Unis et d'institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale.

Mais ces pressions extérieures ne semblent pas en mesure de changer complètement la donne.

Il me semble surtout que Matteo Renzi a donné l'impression d'être complètement dos au mur : sa situation est assez différente de celle de ses partenaires dans la mesure où un référendum qui va se tenir dans quelques semaines risque de lui faire perdre le pouvoir alors qu'aussi bien Angela Merkel que François Hollande croient, à tort ou à raison, avoir encore quelques mois devant eux pour retourner la situation.

Alors qu'il avait conditionné son avenir politique au succès du référendum constitutionnel (dont la date sera annoncée ce lundi 26 septembre), Matteo Renzi a annoncé qu'il ne démissionnerait finalement pas en cas d'échec. Ainsi, si l'on pouvait être tenté de l'accuser d'instrumentaliser l'UE pour contourner les difficultés qu'il rencontre sur le plan interne, dans quelle mesure ses récents propos sur l'UE pourraient-ils malgré tout aider sa politique intérieure ?

Matteo Renzi est en grande difficulté vis-à-vis de ce référendum. A son arrivée au pouvoir il y a deux ans, il a clairement lié son sort à la réforme constitutionnelle et à l'approbation de cette réforme par le peuple. Son retournement actuel tient à son très fort affaiblissement et probablement à la quasi-certitude de l'échec du référendum. Les sondages montrent en effet que le "non" va très probablement l'emporter. Fondamentalement, Matteo Renzi aura beaucoup de mal à se maintenir au pouvoir en cas d'échec très fort au référendum. Il peut subir un échec modéré mais pas un échec fort.

L'ensemble de sa politique vis-à-vis de l'Europe est un appel au secours dans la mesure où il aurait absolument besoin d'un signe que les Européens suivent désormais la ligne italienne. Or cela ne semble pas sur le point de se produire. Il est intéressant de noter à quel point Matteo Renzi s'est mis dans une situation compliquée car son succès électoral de 2014 aux élections européennes reposait entièrement sur la promesse de changer la politique européenne. La majorité relative des Italiens l'a cru à l'époque mais deux ans plus tard, de nombreux Italiens commencent à douter de cette promesse. Par ailleurs, l'Italie est actuellement le pays qui souffre le plus de la situation de la zone euro. Matteo Renzi est sans doute l'expression d'une vraie difficulté des dirigeants italiens face à ce contexte. 

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