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"Nos ancêtres les Gaulois"…. Vous y êtes presque M. Fillon !
©Reuters

Histoire de France

On avait un peu oublié que l'ancien Premier ministre avait été également ministre de l'Education nationale. L'école donc il connaît !

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Quand Manuel Valls dit que Marianne n'est pas voilée et qu'elle est une femme libre, nous on aime bien. Et on ne se fait pas prier pour crier : "Vas-y Manu !" Quand Nicolas Sarkozy demande que les fichés S soient placés dans des camps de rétention, on ne déteste pas non plus. Et l'envie nous vient de lancer : "Bravo Sarko !" Quand François Fillon écrit dans Le Figaro qu'"il faut enseigner le récit national" aux petits Français on est sensible à cette profession de foi. Et rien ne peut nous empêcher de dire bien fort : "Fonce Fifi !" Quand Alain Juppé… Ah ben ça on ne sait pas encore, mais on ne désespère pas.

 La tribune de François Fillon a cette qualité que ce n'est pas le candidat à la primaire de la droite, ni l'ancien Premier ministre qui parle, mais l'homme qui fût ministre de l'Education nationale sous Chirac. Nous sommes donc enclin à le croire quand il affirme Qu'ont disparu des programmes plusieurs personnages importants français et européens : "Jules César, Vercingétorix, Hugues Capet, Jeanne d'Arc, Gutenberg, Christophe Colomb, Copernic, Galilée, Richelieu et même Voltaire et Rousseau".

Mais le meilleur – c'est-à-dire le pire, le plus accablant, le plus consternant – est à venir. François Fillon écrit : "Il faut arrêter de dispenser dans nos écoles des enseignements de langue et culture d'origine (ELCO), financés par des pays étrangers qui choisissent leurs enseignants. A la fin des années 1970 on avait autorisé cet enseignement pour que les enfants de travailleurs migrants, Espagnols, Italiens et Portugais, puissent connaître la langue de leurs parents et être à mène de s'intégrer à leurs pays d'origine lorsque leurs parents y retourneraient. Ces enseignements ont été ensuite ouverts aux enfants de parents algériens, marocains et tunisiens. (…) Les enseignants (d'ELCO) ne sont quasiment pas contrôlés par l'Education nationale, les enseignantes y font classe parfois en portant le voile."

Combien d'entre nous ont entendu parler des ELCO ? Combien d'entre nous savent qu'une partie de l'école de la République est devenue extraterritoriale et étrangère ? A sa façon, Fillon dit : "On est chez nous !" Et quelle meilleure façon de le dire, ainsi qu'il le fait, que de constater que Marianne est voilée même à l'école ?

Pendant des générations et des générations, les élèves des écoles françaises ont eu des livres qui commençaient par : "nos ancêtres les Gaulois". Et ils ont appris que leurs ancêtres, les Gaulois, n'avaient peur que d'une chose : "que le ciel leur tombe sur la tête". Des centaines de milliers de petits Espagnols, Portugais, Polonais, Russes, Juifs, Arabes (ça a été vrai), ont répété avec application cette phrase sans y voir malice, ni déni de leur identité.

Le "nos ancêtres les Gaulois" était comme un cadeau, un sésame accordé aux petits étrangers pour leurs permettre d'entrer et de résider en France comme chez eux. Depuis, c'est devenu un peu vieillot, un peu naïf. On n'y reviendra pas bien sûr. D'ailleurs Fillon n'en demande pas tant. Mais il est vrai qu'à le lire, on voit bien que  – merci Astérix ! – le ciel nous est tombé sur la tête…

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