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De par son histoire, son architecture et les œuvres qu'il abrite le musée du Louvre fait l'objet de bien des fantasmes.
De par son histoire, son architecture et les œuvres qu'il abrite le musée du Louvre fait l'objet de bien des fantasmes.
©Flickr/edwin.11

Incident pharaonique

De par son histoire, son architecture et les œuvres qu'il abrite le musée du Louvre fait l'objet de bien des fantasmes. "La face cachée du Louvre" écrit par Ariane Warlin nous permet de lever le voile sur quelques uns des secrets qui planent autour de la pyramide. (Extrait 2/2).

Ariane Warlin

Ariane Warlin

Ariane Warlin est journaliste pour la presse écrite et audiovisuelle, elle travaille sur des sujets aussi variés que l'économie, la politique internationale et la culture. Sa passion des musées l'a naturellement conduite à s'intéresser au plus étonnant d'entre eux : le Louvre.

 

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Octobre 2009. Le Louvre doit répondre à des demandes de restitutions embarrassantes. L’Égypte manifeste son souhait de récupérer des fragments de fresques qui figuraient sur le tombeau d’un dignitaire de la XVIIIe dynastie. Ils auraient été acquis dans des conditions peu claires. Levée de rideau sur une mini affaire d’État…

Imbroglio politico-diplomatico-culturel

Selon la version officielle, ces fragments de stèle auraient été achetés « de bonne foi » lors d’une vente publique. Manque de chance, des photographies compromettantes révèlent que la France les aurait en réalité prélevés dans un tombeau de la Vallée des Rois au cours des années 80 et sortis illégalement du territoire égyptien. Le Louvre l’ignorait-il vraiment ? Assurément pas, selon le tonitruant Zahi Hawass, président du Conseil suprême des antiquités égyptiennes. À ses yeux, la France devrait se poser davantage de questions sur la « traçabilité » des oeuvres.

Il affirme d’ailleurs à qui veut l’entendre que le Louvre a fait la sourde oreille pendant des années, de façon à les conserver.« Dans une missive très amicale, le 1er janvier 2009, j’ai rappelé l’excellence des relations entre l’Égypte et la France, et j’ai demandé à Henri Loyrette de rapatrier ces stèles. Il ne m’a pas répondu. D’autres lettres sont également demeurées sans réponse », expliquait-il fin 2009 à la journaliste Denise Ammoun, dans le cadre d’un entretien pour La Croix. Alors, pour faire avancer les choses, l’Égypte a choisi de frapper fort et de rompre ses relations avec le Louvre. La mission archéologique du musée a même été interdite de séjour au pays des pharaons.

Étrange coïncidence de calendrier : ces incidents diplomatiques sont survenus au moment de la non élection du ministre égyptien de la Culture Faruq Hosni à la tête de l’Unesco. Une déception vécue comme un camouflet et qui pourrait expliquer que les Égyptiens aient eu envie de ressortir ce dossier en guise de représailles, afin de faire payer à la France un soutien qu’ils estimaient insuffisant. Quelles que soient les vraies motivations, cet exemple montre, une fois de plus, à quel point le Louvre est malgré lui impliqué dans des considérations politico-diplomatiques.

Suite à la polémique générée par cette affaire, après quelques jours de tergiversation, la commission scientifique nationale des collections des musées de France a finalement décidé de restituer ces éléments de stèle pharaonique. Pour cela, elle a dû les déclasser, car, en vertu du principe d’inaliénabilité, c’était la seule solution pour pouvoir les céder. Ce choix pourrait créer un précédent.

Ce ne sont pas les seules pièces revendiquées par Zahi Hawass. Il veut aussi récupérer Le Zodiaque de Dendérah, prélevé par le général français Desaix lors de l’expédition d’Égypte et apporté en France en 1821. Exposée depuis presque deux siècles au Louvre, cette œuvre était à l’origine fixée sur le plafond d’une chapelle dédiée à Osiris. Dans une interview accordée au journal L’Express, Guillemette Andreu, chef du département des antiquités égyptiennes au Louvre, feignait de ne pas s’émouvoir de ces demandes : « Hawass a remis de l’ordre sur les chantiers, il exige des publications systématiques et en arabe, là où nous avons pris du retard : nous devons lui proposer des coopérations. » Pour l’heure, en effet, le Louvre n’a d’autre choix que de composer et de tenter de trouver des terrains d’entente.

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Extrait de La face cachée du Louvre - Enquête sur les dérives du musée le plus célèbre au monde, MICHALON (12 janvier 2012)

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