Comment cohabiter avec sa belle-famille pendant les vacances (si elle vous tape sur les nerfs)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les beaux-enfants sont souvent amenés à prendre part –surtout durant les vacances d’été- à des conversations et des décisions qui concernent la famille de leur conjoint.
Les beaux-enfants sont souvent amenés à prendre part –surtout durant les vacances d’été- à des conversations et des décisions qui concernent la famille de leur conjoint.
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Beaux-parents mode d'emploi

Si partir en vacances avec votre belle-famille est pour vous un cauchemar, voici quelques conseils pour éviter tout débordement, et passer un été des plus paisibles.

Eric Malerbes

Eric Malerbes

Eric Malerbes est psychologue et psychothérapeute. Il est membre actif de la Société française de thérapie familiale (SFTF) et Bureau de l'Association pour la recherche sur la Thérapie familiale (APRTF). 

 

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1 "Rester à sa place"

Notez que ces conseils sont applicables par les deux parties : par les beaux-parents comme par les beaux-enfants. De manière générale, la famille est à considérer comme un système. Dans ce système, le beau-fils ou la belle-fille occupent une place particulière. Les beaux enfants doivent percevoir la famille du conjoint comme une famille d’accueil. Cela facilite en effet la prise de position dans les situations ambiguës que l’on connait tous : on fait partie de la famille et en même temps, on n’en fait pas partie intégrante. L’ambivalence de ces sentiments s’explique car on a souvent l’impression d’être mis à l’écart. Un sentiment justifié, puisque (et on l’oublie souvent) le beau-fils et la belle fille sont une "pièce rapportée". Ils enrichissent la famille dite d’accueil, mais en même temps, ils doivent maintenir ce statut de "rapporté" et rester à leur place. La famille est un système qui fonctionne bien quand tout le monde maintient une place attribuée. Cette fameuse "place" pose la question de la fonction. 

2 "Une intervention raisonnée"

Les beaux-enfants sont souvent amenés à prendre part –surtout durant les vacances d’été- à des conversations et des décisions qui concernent la famille de leur conjoint : patrimoine de la famille, questions des travaux d’une maison familiale… Bien souvent, d’ailleurs, leurs avis sont sollicités par ces mêmes parents. Or cela peut-être un piège, car l’investissement du beau-fils ou de la belle fille pèse alors dans une décision qui lui retombera dessus, souvent à cause de problèmes de jalousie au sein de la fratrie de la famille d’accueil.

3 "La négociation"

La définition de la place idéale, et du rôle dans une famille ne se fait pas naturellement. Il ne faut pas hésiter à communiquer et à négocier. Un exemple courant est celui des jeunes beaux-fils ou jeunes belles-filles. Souvent, de par leur jeune âge, ils sont considérés comme un nouveau fils, ou comme une nouvelle fille dans la famille : on s’entend bien avec eux, ils sont gentils, ils sont mignons, et du même coup, ils sont traités sur un pied d’égalité avec le reste de la fratrie. Or ceci est problématique, car cette position est d’une part, source de tensions avec la fratrie et d’autre part, il y a clairement une dimension incestueuse. La sexualité entre les conjoints devient, sans surprise, compliquée lorsque l’un des deux époux est considéré comme appartenant à la fratrie.

La clé consiste à savoir résister à ces beaux élans de générosité. Pour conserver une distance cordiale, on peut par exemple continuer à les vouvoyer. La pratique parait peut-être vieux-jeu, mais elle est un moyen d’instaurer un respect mutuel et une distance conforme à la réalité de la situation : l’intimité entre les deux parties est artificielle. La preuve, lors des séparations, la pièce rapportée est rayées de la carte. Le beau-fils ou la belle fille n’est toujours qu’à la périphérie de la famille, malgré les illusions intimistes.

La question de la négociation et de la communication est d’autant plus importante lorsqu'entre en jeu l’épreuve de l’éducation des enfants. J’encourage la mise en place d’une négociation très tôt, dès la naissance des enfants. La règle d’or est celle qui consiste à établir que les parents sont prioritaires dans l’éducation de leur enfants, et que les grands parents peuvent s’investir en cas d’absence des parents. Si la règle n’a pas été instaurée dès la naissance des enfants, en discuter (même pendant cette période de vacances) est une bonne idée.

4 "Délimiter les territoires du temps et de l’espace"

Ce n’est pas parce que l’on passe ses vacances avec ses beaux-parents que l’on est obligé d’aller à la plage avec eux, de partager tous les repas avec eux, de faire les course avec eux. Il y a des moments où la conjugalité du couple doit pouvoir s’exprimer. Généralement les couples sont demandeurs de cette intimité, mais ne savent pas comment la mettre en œuvre, de peur de vexer les parents ou beaux-parents. "Ils vont penser que l’on ne veut pas être avec eux", "ils vont penser que je ne les aime pas". Présupposer que se donner de l’espace est synonyme de rejet de l’autre n’est pas le mode de penser à adopter. On a tous besoin de distance, de sécurité temporelle et spatiale. Ce besoin est à appliquer à plus petite échelle, dans la maison : il faut bien définir quelles sont les pièces habitées par un tel ou un tel.

5 "Ne surtout pas placer son conjoint dans un conflit de loyauté" 

Exemple classique : un des deux tourtereaux lance l’idée d’un pique-nique en amoureux. Le dialogue qui va s’en suivre va typiquement aborder le thème de la loyauté : "si tu viens avec moi, c’est que tu m’aimes…Si tu veux pas, c’est que tu préfères tes parents." Il faut absolument éviter de présenter les situations de façon binaire, "c'est eux ou moi". 

Concrètement, il faut essayer d’accompagner les décisions, et de prévoir des activités pour le lendemain et le surlendemain, lorsque l’on décline une invitation. Il faut faire comprendre –que ce soit aux beaux-fils ou aux beaux-parents, ou encore à son conjoint, que l’on ne les fuit pas.

 6 "Accepter la différence culturelle"

Comme dans toutes les relations, l’enjeu de la différence et de son acceptation est à prendre en compte. Il ne faut pas vouloir changer l’Autre, qu’il s’agisse des beaux-parents ou bien des beaux-enfants. Ce qui peut être (et doit être) négocié concerne ce que l’on ne supporte pas : les repas qui durent quatre heures, les convives qui parlent très fort, de choses inintéressantes… Que faire dans ces cas-là ? Prendre les beaux-parents ou les membres de la fratrie à part. Expliquer poliment et établir une base de compromis. Ici, par exemple, quitter la table un peu plus tôt, et rester plus longtemps une autre fois. La clé est de rester soi-même et d’accepter ce qui nous différencie de l’autre partie en gardant bien en tête que la différence culturelle et d’éducation n’est pas synonyme de rejet de celui qui ne la partage pas.

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