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"L'encadrement des loyers, un bilan très positif" selon Emmanuelle Cosse : 3 raisons qui permettent sérieusement d’en douter
©Reuters

C'est pas encore ça

Plus de deux ans après son vote à l'Assemblée, la loi ALUR, bien qu'ayant entraîné une baisse des loyers, porte en elle les raisons d'une dégradation globale de la situation pour les propriétaires et in fine pour les locataires.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Invitée mardi matin sur RTL, Emmanuelle Cosse a déclaré que l'encadrement des loyers affichait un "bilan très positif". Selon la ministre du Logement, le dispositif a permis à "plus de 30%" de nouveaux locataires de "bénéficier de baisses de loyer très fortes". Quel a pu être le résultat de cette loi sur les intentions d'investissements immobiliers ? Et en quoi cela porte-t-il préjudice aux locataires ?

Philippe Crevel : Premièrement, on constate que l'investissement des ménages dans l'immobilier est toujours à un niveau très bas, même s'il y a une légère reprise. Cela est effectivement en partie dû à la loi Alur qui a provoqué un désamour de l'investissement immobilier en région parisienne malgré les taux extrêmement bas en vigueur, qui auraient au contraire dû inciter les ménages à aller vers ce type de placement. Or, on observe tout juste des frémissements quand il aurait dû y avoir une grande croissance.

Pour le locataire, cela entraîne plusieurs conséquences : sur le long terme, l'offre aura tendance à se raréfier, car les propriétaires préfèrent mettre leurs biens sur Airbnb plutôt que d'opter pour des locations longue durée... Conséquences dont le gouvernement se plaint : rien qu'à Paris, plus de 40 000 logements sont disponibles sur Airbnb aujourd'hui.

Le deuxième problème réside dans le fait qu'en plafonnant les loyers, le gouvernement dissuade le propriétaire de faire des travaux d'embellissement voire d'entretien : les conditions de logement se dégradent alors et dans certains cas, c'est au locataire de prendre les travaux à sa charge...

Troisièmement, il n'est pas impossible que l'encadrement des loyers aboutisse à revenir à un système d'enveloppe "au noir" pour contourner l'encadrement et obtenir de beaux logements. Et ce phénomène ne serait pas sans conséquence pour les revenus de l'Etat à travers l'impôt.

De même, cette baisse des prix a-t-elle pu provoquer une augmentation de la demande de locatif, et augmenter la tension du marché ? Quelles sont les catégories de la population qui là aussi peuvent être touchées ?

Certains pensaient que la loi Alur allait entraîner la vente d'un grand nombre de chambres de bonnes et plus largement de petites surfaces. S'il y a eu un effet évident sur les ventes, cet effet a été circonscrit dans le temps. Aujourd'hui et contrairement à ce que l'on peut dire, les prix ont peu baissé sur l'ensemble du marché parisien moyen, et les tensions qui pré-existaient le restent donc. A Paris, le déficit des petites surfaces et le niveau des prix continuent d'empêcher les petits revenus de s'installer à Paris.

Le marché de l'immobilier est toujours duale, c'est-à-dire à la fois avec un parc locatif faible mais en croissance - du fait de la politique municipale - et de l'autre côté un marché haut de gamme qui se développe via des réseaux parallèles, comme Airbnb. 

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