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Cette autre vague de migrants (riches) dont vous n’avez probablement pas entendu parler
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Dans une région du Latium, en Italie, des descendants d'émigrés reviennent s'installer après avoir fait fortune à l'étranger.

Les migrants font rarement les gros titres – et ceux-là, encore moins . Un reporter du magazine Ozy a découvert dans un village du Latium, en Italie, le remède à l'exode rural : la campagne est réinvestie par les descendants d'émigrés, qui reviennent à la terre de leurs aïeux avec les poches remplies et le souhait de redonner à leur patrie sa beauté originelle.

La Ciociarie est une région du Latium dont la frontière n'est pas très claire, mais qui entoure le mont Cassin. Elle tire son nom des ciocie, ces sandales de cuir usées qu'ont chaussé les bergers locaux pendant des siècles. La richesse de son folklore en fait une terre d'ancrage pour ceux qui y vivent, lesquels se désolent du délabrement de leurs villages

Ci-dessous : Ciociara, tableau du peintre espagnol Enrique Simonet, 1889. Exemple parmi d'autres du vieux charme de la région.

Pour la Ciociarie, il semblerait que le salut vienne d'ailleurs. Depuis quelques années, un certain nombre de petits-fils et d'arrière-petits-fils d'émigrés reviennent s'installer, et rendent de l'activité à l'une des régions les plus pauvres du pays.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, en effet, l'Italie a connu une importante vague d'émigration, puisque le pays était le seul de ses voisins à n'avoir pas encore achevé sa transition démographique, et que la guerre l'avait laissé exsangue. Aidés ou non par le gouvernement, plusieurs millions de jeunes Italiens sont partis faire fortune en Europe ou aux Etats-Unis, séduits par le rêve américain qu'illustraient les GI. Outre-Atlantique, on compte aujourd'hui plus de 17 millions d'Italiens, soit presque un tiers de la population transalpine.

Et parmi ces self-made men improvisés, un certain nombre ressentent aujourd'hui l'appel du retour à la terre. En Ciociarie, ils contribuent depuis plusieurs années à la rénovation de l'économie locale en retapant d'anciennes fermes, en restaurant des châteaux médiévaux, en soutenant l'artisanat culinaire et en promouvant les spécialités de cette région du Latium : le fromage de brebis dit pecorino, le lard de porc noir et la ricotta de brebis.

Tous n'ont pourtant pas le bon goût des Anciens. Aux alentours du petit hameau de Casalaticco, sortent aussi du sol des villas victoriennes aux colonnes toutes blanches, qui jouxtent les vieux ponts et les arches Renaissance. De même à Settefrati, à Picinisco. À Borgo i Ciacca, le hameau entier a été racheté par Cesidio Di Ciacca, avocat écossais descendant d'Italiens. Les vignes renaissent, l'Atina reprend ses droits, les oliveraies prolifèrent.

Ces retours, semble-t-il, sont bien acceptés par la population locale. L'ancrage familial y est pour beaucoup, bien entendu. Mais c'est aussi parce que la Ciociarie possède une place de choix dans le cœur des Latins, que son délabrement afflige. Ses souffrances sont déjà trop connues : le grand écrivain Alberto Moravia, mais aussi le cinéaste Vittorio De Sica, dans un film joué par Sophia Loren et Jean-Paul Belmondo, ont documenté les viols de masse perpétrés dans les villages par le corps expéditionnaire français en 1944.

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