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L'immigration au coeur de la campagne des Républicains : comment Trump et Cruz jouent sur la peur d’un "changement de civilisation"
©Reuters

Bonnes feuilles

Où en est l'Amérique en 2016 ? Pourquoi semble-t-elle être prête à basculer dans tous les excès ? L'élection présidentielle annonce-t-elle une nouvelle page de son histoire politique ? L'enjeu de cette campagne sera de déterminer quelle sera la nature de ces changements et quelles seront les conséquences de la victoire d'un camp ou d'un autre. Extrait de "La nouvelle révolution américaine" d'Olivier Piton, aux éditions Plon 1/2

Olivier Piton

Olivier Piton

Olivier Piton est avocat spécialisé en droit public français, européen et américain. Il a collaboré auprès de trois ambassadeurs de France aux Etats-Unis sur les questions liées aux affaires publiques et aux relations gouvernementales. Il a créé et dirigé la cellule de stratégie d’influence de l’ambassade de France à Washington DC de 2005 à 2010. Il est le président de la Commission des Lois à l’Assemblée des Français de l’Etranger. Il est l'auteur de La nouvelle révolution américaine : la présidentielle américaine à la lumière de l'histoire (Plon, mai 2016).

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Le « fléau » de l’immigration

Le thème qui va imprégner la campagne républicaine est d’abord celui d’une remise en cause de la tradition séculaire de l’accueil de l’immi‑ grant, censée incarner une Amérique ouverte et qui considère que chaque arrivant, parce qu’il fut persécuté ou simplement parce qu’il fait « le choix d’une vie meilleure », est une chance pour les États‑ Unis. Commencé en catimini il y a quelques années au sein du parti républicain, le débat sur la lutte contre l’immigration irrégulière et, finalement, la remise en cause de ce socle de la fondation des États‑Unis s’invitent de façon tonitruante dans la campagne. Donald Trump, surtout mais pas uniquement, fait d’emblée sienne une thématique chère à la droite populiste européenne, celle de l’« invasion incontrôlée ». Il se réapproprie l’amalgame entre immigration et insécurité – en ciblant les Latinos, dès le début de sa campagne  –, voire entre immigration et terrorisme – en ciblant les musulmans, un argument de campagne assené notamment après les attentats du Bataclan à Paris. Ce faisant, il ravive une peur latente, particulièrement exacerbée au sein des États du sud des États‑ Unis, qui par‑ tagent une frontière avec le voisin mexicain et se retrouvent en première ligne face à ces phéno‑ mènes migratoires. Les États‑ Unis compteraient ainsi entre 20 et 25 millions de clandestins originaires d’Amérique latine, immigrants qui opèrent de fréquents allers‑ retours d’un côté à l’autre de la frontière et qui alimentent en flux continu un Lumpenproletariat contemporain. Dans leur vaste majorité, et alors qu’ils ne demandent qu’à être régularisés, ces immigrants sont, en effet, relégués à l’exécution de travaux pénibles et extrêmement mal rémunérés, le plus souvent au sein d’exploitations agricoles ou dans le secteur du bâtiment ou de la restauration. Mais ce n’est pas ce seul constat qui nourrit la diatribe popu‑ liste de Donald Trump ou de Ted Cruz : selon eux, ces migrants ne viennent pas seulement aux États‑ Unis pour travailler. Cette « invasion » éco‑ nomique ne saurait, selon eux, cacher celle, bien plus menaçante, que représentent les mafias, les délinquants et criminels qui, en provenance d’Amérique centrale et du Sud, contribuent à ali‑ menter ce sentiment d’insécurité. 

Le populisme du New‑Yorkais Trump et du Texan Cruz, hérauts de cette radicalisation politique à droite, ne se limite pas à la dénonciation et à la stigmatisation des groupes criminels venus d’Amérique du Sud. Pour eux, cette invasion remet en cause les fondements mêmes de la société américaine. Ils jouent sur la peur d’un « changement de civilisation », sur la peur d’un pays désormais incapable d’assimiler les nouveaux arrivants, nouveaux arrivants qui cultiveraient un entre‑soi communautariste et ne feraient jamais leur le rêve américain. Contrairement aux précédentes vagues d’immigration de peuplement, cette vague venue de l’autre côté de la frontière mexicaine serait, selon ces nouveaux populistes, cohérente – les immigrés partagent la même langue, la même culture –, une cohérence dont la force menacerait directement de saper l’unité et l’union de la nation.

Extrait de "La nouvelle révolution américaine", d'Olivier Piton, aux éditions Plon. Pour acheter cet ouvrage, cliquez ici

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