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Derrière le grand meeting de Valls, El Khomri et Cambadélis à Paris, le lancement de la campagne de François Hollande
©Blue origin

Art brut

Ce 8 mai au soir Manuel Valls, Jean Christophe Cambadelis et Myriam El Komri se retrouvent pour un meeting d'explication de la loi Travail. L'exercice auquel s’emploie François Hollande n'est pas aisé, lancer sa future campagne présidentielle alors que la France est bloquée et les syndicats mobilisés.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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C'était pourtant bien parti. L'entrée en campagne de François Hollande avait été longuement pensée et finement orchestrée. Un discours devant la fondation Jean Jaurès, quelques Hé oh la gauche initiés par Stéphane Le Foll et des milliers de cartes postales rappelant les grandes réformes du quinquennat envoyées par Jean-Christophe Cambadelis devaient entamer le long travail de reconquête nécessaire pour permettre à François Hollande d'espérer l'emporter en 2017, puis patatras. La loi El Khomri et l'utilisation du 49.3 sont venus gâcher ce fameux "ça va mieux", que le président entendait marteler jusqu'à ce qu'il entre dans toutes les têtes. Patatras, la mobilisation syndicale et citoyenne et la crise parlementaire sont venues, 10 jours plus tard, détruire le bel édifice.

"C'est sûr, on aurait mieux fait d'attendre un peu pour lancer la campagne", entend-on depuis rue de Solferino où l'on ne sait pas très bien comment rebondir et l'on observe d'un œil dubitatif l'initiative prise par Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadelis et Myriam El Khomri qui organisent ce soir un meeting au Salon de l'Aveyron dans le 12ème arrondissement de Paris. Le but du jeu, défendre les réformes réalisées en matière sociale durent le quinquennat. Pas facile à vendre alors que deux syndicats restent encore virulents. Le PS a donc présenté les choses autrement : Officiellement, ce meeting n'est pas un meeting de campagne de François Hollande, c'est un meeting pour défendre la loi travail. Il est d'ailleurs intitulé par la rue de Solférino : Loi travail : face aux régressions de la droite sénatoriale, défendons le progrès social. La thématique reprend l’élément de langage distillé par François Hollande à savoir, compter sur la radicalité de la droite sénatoriale pour montrer à sa gauche que la droite, c’est pire.

Mais au fond ce meeting s'inscrit bien dans la stratégie de reconquête de François Hollande. "Il ne s'agit pas, pour l'instant, d'aller chercher de nouveaux électeurs ni même de reconquérir ceux qui nous ont quitté mais de réconforter ceux qui nous sont restés fidèles", explique un proche du chef de l’État. En bon mitterrandien François Hollande rassemble d'abord sa tribue. "Il s'agit de faire en sorte que ceux qui nous soutiennent encore soient, à nouveau, fiers du gouvernement et du Président. Il s'agit aussi de donner des arguments à ces fidèles afin qu'ils les diffusent autour d'eux et commencent à convaincre leurs proches", explique l'un des visiteurs du soir de l’Élysée.

Voilà à quoi va servir le meeting de ce soir : faire de la pédagogie, expliquer, convaincre en croisant les doigts pour que le timing soit le bon et que la sortie de crise soit enfin amorcée. D'autres initiatives sont déjà prévues. Stéphane Le Foll organisera deux nouveaux rendez-vous de Hé oh la gauche en juin, le 13 à Poitiers et le 16 à Fameck. Manuel Valls est lui attendu à Clermont-Ferrand dans les prochains jours pour sa deuxième rencontre avec les Français. La Belle Alliance Populaire de Jean-Christophe Cambadélis tiendra, elle, son séminaire vendredi et samedi.

Moins d'un an avant l’élection présidentielle, François Hollande a donc bien lancé sa campagne, qui intègre aussi quelques cadeaux aux électorats traditionnels du PS comme les enseignants et les chercheurs. Reste qu'il est nécessaire, pour qu'elle imprime vraiment , de sortir du bourbier El Khomri. Or les négociations avec les syndicats semblaient hier se compliquer, la CGT et SUD ayant décidé d'une nouvelle journée d'action. Le retour du texte à l'Assemblée, début juillet, pourrait, en outre, mettre à nouveau le feu aux poudres. Manuel Valls ne souhaitant pas que l’article 2 soit réécrit et les frondeurs en faisant une condition sine qua non à leur soutien. C'est donc une drôle de campagne que vient de lancer le président. Une campagne en pleine guerre civile.

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