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La fin de l’humanité, c'est maintenant : vous avez 10 fois plus de chances de mourir dans un cataclysme planétaire que dans un accident de la route
©DR

Cette fois, c'est la bonne

Un rapport d’une ONG britannique met en lumière la transition du risque au XXIè siècle.

Parmi les catastrophes mises en scènes dans les films à gros budgets, toutes ne sont pas invraisemblables – loin de là, selon l'ONG Global Challenges Foundation.

Dans son rapport annuel, la fondation affirme qu’une guerre nucléaire, une pandémie ou les conséquences éventuelles du réchauffement climatique sont des menaces bien plus réelles que vous ne le supposeriez. Sa statistique choc : un Français court un risque dix fois plus grand, en moyenne, de mourir dans un pareil cataclysme, que dans un accident de voiture.

La première raison tient à ceci : en moyenne, il y a très peu de chances que vous décédiez d’un accident de voiture. Chaque année, 53 personnes par million meurent dans un accident : cela revient à 0,005% de chance par an. Bien sûr, ce chiffre s’agrège sur toutes les années de votre vie ; en somme, cela ne concernera qu’un Français sur 240 (un sur 120 aux Etats-Unis).

Le risque d’extinction humaine, quant à lui, est bien plus important. Lié au réchauffement climatique, il est évalué à 0,1% par an dans le rapport Stern, analyse de 700 pages publiée en 2006 et financée par le gouvernement britannique. Le chiffre reste très faible, mais agrégé sur une vie, la fondation estime qu’il atteint 9,5%.

Et ce chiffre-là est, lui-même, probablement sous-estimé. En effet, le rapport Stern avait seulement mesuré le danger que courait l’espèce humaine dans sa totalité ; mais le rapport de la fondation prend également en compte les évènements qui pourraient seulement causer la mort de 10% des humains.

Ce type d’évènements, aussi improbable qu’il paraisse, a déjà eu lieu. La Première Guerre Mondiale, par exemple ? Pas exactement, elle n’est responsable que de la mort d’1% de la population. La Seconde ? 3%. La grippe espagnole de 1918-1919 ? Entre 2,5 et 5%. La peste de Justinien de 541 à 542 ? Entre 13 et 17% de la population mondiale. La peste noire de 1347 à 1352 ? De 30 à 50% de la population européenne.

Bien entendu, le risque d’occurrence de ces événements reste minime pour les dix prochaines années. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de nous préparer. Par exemple, The Atlanticremarque que nous attachons nos ceintures de sécurité dans nos voitures, et que nous tenons à ce que nos airbags soient fonctionnels. Nous savons bien que le risque d’accident est très faible, mais il ne nous semble pas absurde de faire en sorte qu’il diminue – encore un peu plus.

En somme, le rapport de la fondation cherche à nous faire comprendre que le risque d’extinction humaine n’est pas si faible. Sans entrer dans la guerre nucléaire, il met aussi en avant le nombre de fois où le pire a été évité de justesse.

Un exemple célèbre : le 26 septembre 1983, une déficience d’un radar soviétique de longue-portée avertit, à tort, que cinq missiles nucléaires de l’OTAN avaient été lancés, à destination de plusieurs villes russes. L’officier de veille ce jour-là, Stanislav Petrov, avait contribué à concevoir le radar, et il jugea qu’une déclaration de guerre de l’OTAN impliquerait vraisemblablement des centaines de missiles balistiques. Il en conclut que le système dysfonctionnait, et n’enclencha pas de riposte.

Un autre exemple se déroula en 1995, c’est-à-dire après la fin de la Guerre froide et pendant la décennie la plus pacifique depuis bien longtemps : les radars confondirent une fusée norvégienne, lancée pour étudier les aurores boréales, avec un missile nucléaire. En effet, celle-ci suivit brièvement une trajectoire similaire à celle des missiles américains tirés depuis le Dakota du Nord en direction de Moscou. Le président russe Boris Eltsine avait la mallette nucléaire ouverte devant lui quand une nouvelle analyse confirma la fausse alerte.

Ou bien il y a encore l’incident où, en 2007, six têtes nucléaires américaines ont été portées disparues pendant 36 heures avant qu’on découvre qu’elles avaient été arrimées à un avion militaire sans que quiconque ne soit mis au courant.

Les risques de déficiences humaines ou techniques sont plus grands que ceux d’une guerre nucléaire, mais ces incidents sont encore suffisamment peu nombreux pour que nous sachions vraiment les prendre en compte. Cela correspond au phénomène des "cygnes noirs", mis à jour par Nassim Taleb dans son livre éponyme : un évènement imprévisible a une probabilité infime de se dérouler, mais, s’il se réalise effectivement, il aura des conséquences d’une portée considérable. Un exemple ? La crise financière de 2008, que nul n’a su prévoir.

Le phénomène des cygnes noirs est un biais cognitif, c’est-à-dire qu’il correspond à une manière qu’a notre cerveau d’ignorer certains facteurs assez naturellement. Il faut donc une véritable prise de conscience pour qu’à l’échelle de la société, nous nous y préparions : c’est le choc qu’essaie de susciter la fondation.

Alors, quelle est la version à grande échelle de la ceinture de sécurité ? Il y a, par exemple, de véritables politiques publiques ciblées, comme la réduction du nombre de têtes nucléaires disponibles ou une transition énergétique soutenable. Le rapport soutient notamment le développement d’une alimentation qui dépende moins du soleil afin de réduire les conséquences d’un hiver nucléaire (ou volcanique), qui résulterait de l’amas de poussière dans l’atmosphère et nous couperait des rayons de l’astre solaire. 

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