L'art, ce poison : Une étude anglaise vient de prouver que certaines œuvres du plasticien Damien Hirst dégageaient un gaz toxique<!-- --> | Atlantico.fr
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Le requin au formol de Damien Hirst (Flickr / CC)
Le requin au formol de Damien Hirst (Flickr / CC)
©Gazanfarulla Khan / Flickr / CC

Ca sent mauvais

Et il n'est pas le seul artiste contemporain à utiliser des matériaux toxiques.

Damien Hirst est un artiste britannique à la tête du mouvement des YBA (Young British Artists), et qui expose depuis les années 1980 des œuvres très personnelles qui suscitent un malaise aussi intime que puissant. En 2012, une rétrospective en grande pompe présentait des carcasses d’animaux inquiétantes plongées dans du formol, et certaines œuvres du chouchou du marché de l’art international ont été vendues autour de 10 millions de dollars. Mais une étude publiée récemment dans le journal Analytical Methods a révélé qu’après analyse, les immenses aquariums dégageaient 10 fois plus de formaldéhyde -gaz cancérigène- que la valeur limite conseillée. Ce qui plongera sans doute les collectionneurs dans un malaise, cette fois, véritable.

Le Monde recense plusieurs cas similaires où l’art fut un poison.

Le cadmium

Le cadmium est un élément chimique présent dans la peinture. Il est utilisé depuis les années 1840 par les plus grands peintres –Monet, Van Gogh, Degas et d’autres– qui appréciaient sa pureté, sa résistance à la lumière et la pérennité de sa brillance. Autrement dit, quasiment toutes les grandes œuvres réalisées par les Impressionnistes et suivants, et qui recourent à du jaune, orange ou rouge vif, contiennent des pigments de cadmium. Or, en 2014, une étude suédoise a mis au jour le caractère toxique du cadmium, appelant la Commission européenne à l’interdire. Elle accusait notamment les peintres de contaminer les eaux usées en nettoyant leurs pinceaux, eaux qui sont réutilisées dans l’agriculture et font ainsi leur entrée dans la chaîne alimentaire.

En février 2015, l’Agence européenne des produits chimiques a apaisé la colère des peintres en considérant que leur apport de cadmium était trop minime pour être dangereux (de l’ordre de 0,006% de la consommation totale de cadmium par personne).

Les graines de tournesol d’Ai Wewei

En 2010, l’artiste chinois Ai Weiwei a exposé 100 millions de graines de tournesol en porcelaine à la Tate Modern de Londres. Les visiteurs étaient invités à en saisir de pleines poignées, à s’y déplacer pieds nus, à construire des châteaux à partir de ces petites œuvres qui avaient demandé deux ans aux 1600 ouvriers chargés de leur fabrication. Le symbolisme de la graine de tournesol était essentiel pour cet artiste engagé en faveur des migrants, et haï par son pays : en effet, la graine est une nourriture de survivance pour les populations affamées, et elle est également sur l’oriflamme de Mao Zedong.

Seulement, l’exposition a dû être fermée au public au bout de 48 heures : en effet, les remuements des visiteurs ont causé des tempêtes de poussières dont les dégâts sur la santé risquaient d’être importants. Le symbolisme n’a donc pas eu l’effet escompté, mais les affaires sont les affaires : le musée a acquis 8 millions de graines en 2012, et un collectionneur passionné a payé 560 000 dollars pour un sac de 100 kilos de graines, en 2011, chez Sotheby’s.

La Fée électricité de Dufy

Pour l’Exposition internationale de 1937, qui se tient à Paris, Raoul Dufy reçoit la commande d’une décoration monumentale de la part de la Compagnie parisienne de distribution d’électricité : il réalise La Fée Electricité, en s’inspirant notamment du De Natura Rerum de Lucrèce. L’immense composition s’étale sur 600 m² pour raconter l’histoire de l’électricité et de ses applications.

Or, le panorama, à base de panneaux de contreplaqué joints, avait été floqué pour éviter tout risque de combustion – une pratique alors à la pointe de la technique. En 2001, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris constate que la quantité d’amiante est déraisonnable, et engage un immense chantier qui durera jusqu’en 2006 et coûtera près de 800 000 euros.

Le polyester de Niki de Saint-Phalle

La plasticienne Niki de Saint-Phalle réalise à partir des années 60 des sculptures qui s’inscrivent dans le mouvement du nouveau réalisme. Mais rapidement, on diagnostique qu’elle souffre d’insuffisance respiratoire parce que ses poumons sont rongés par les poussières de polyester qu’elle découpait pour ses œuvres. A partir des années 1980, sa santé s’est terriblement dégradée, de même que celle de son mari Jean Tinguely, lequel décède en 1991. "Respirer ou ne pas respirer, telle est la question désormais", écrit-elle. Elle meurt en 2002, à l’âge de 71 ans.

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