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Un immigré indien poste une vidéo sur ses conditions de travail en Arabie saoudite : arrêté, personne ne l’a revu depuis...
©Reuters

Ca mérite une Légion d'Honneur

En Arabie saoudite, un chauffeur d'origine indienne éclate en sanglots sur Facebook en raison de ses conditions de vie. Depuis, plus aucune nouvelle de lui.

Abdul Sattar Makandar, 35 ans, est un Indien, père de quatre enfants. Il y a un peu moins de deux ans, il a été recruté pour travailler comme chauffeur de poids lourds en Arabie saoudite, rejoignant ainsi l'énorme cohorte de migrants en provenance d'Asie du Sud et en direction des pays du Golfe pour trouver un emploi.

Vidéo virale sur Internet

La semaine dernière une vidéo, devenue virale sur Internet, le montre en pleurs, sanglotant à chaudes larmes, relate le Washington Post. "Mon employeur m'empêche de rentrer à la maison, il ne me donne pas mon salaire et je n'ai plus d'argent pour m'acheter à manger", dit-il.

Les images, postées sur Facebook par Kundan Srivastava, un activiste, ont rapidement suscité un immense scandale en Inde. Il faut dire qu'au cours des dernières années les abus de ce genre ne manquent pas dans les pays du Golfe : en 2015 une domestique indienne avait eu la main coupée par son employeur saoudien, forçant New Delhi a déposer une protestation officielle auprès de l'Arabie saoudite et à organiser son rapatriement...

Propager de fausses infos est un acte criminel

Srivastava, l'activiste qui a posté la vidéo, a déclaré que le conducteur du camion a été arrêté par les autorités saoudiennes peu après la diffusion de la vidéo et accusé de "propagation de la désinformation", un acte criminel en Arabie saoudite. Srivastava a ensuite dit qu'il a été contacté par l'employeur de Makandar lui demandant de retirer la vidéo et de la remplacer par des excuses. Ce qu'il a fait.

La société Al Suroor United Group, pour laquelle travaille Makandar, a nié les accusations portées contre elle, expliquant que ses employés sont libres de démissionner s'ils le souhaitent et que la société a versé son salaire à Makandar. Des affirmations corroborées aux micros de la BBC par l'agence qui a recruté Makandar.

Makandar a peur pour sa vie

Celui-ci a été brièvement libéré puis arrêté de nouveau le lendemain matin. Sa mère a échoué dans ses tentatives pour communiquer avec son fils : "La dernière fois que je lui ai parlé, c'était il y a cinq jours, ce sont ses amis qui m'ont informé qu'il était en prison", dit-elle à un journal indien.

L'activiste Srivastava demande désormais l'aide du du ministre indien des Affaires étrangères mais aucune réponse ne lui est parvenue. "Makandar est toujours en état d'arrestation et le gouvernement ne m'apporte aucune aide",a-t-il déclaré dans un mail, ajoutant que les messages qu'il a reçu de Makandar suggèrent que l'homme a peur pour sa vie.

La kafala, ce servage moderne

L'Arabie saoudite, comme toutes les pétromonarchies de la région, s'est construite pendant des décennies sur l'exploitation de la main d'œuvre étrangère. Le gouvernement indien estime à plus de 2,8 millions le nombre de ses ressortissants présents, en 2015, en Arabie saoudite. Beaucoup sont attirés par des salaires plus attractifs qu'en Inde pour des travailleurs non qualifiés. Mais revers de la médaille, ils sont exploités par un système, appelé kafala, qui soumet tout travailleur étranger au pouvoir d'un parrain. Ce peut être un employeur, pour un salarié, ou un associé, pour un homme d'affaires. Seul ce parrain, la plupart du temps lié à la famille royale, peut ouvrir un compte bancaire, louer une voiture ou signer un bail pour vous. Lui seul peut vous autoriser à quitter le pays. En d'autres termes, il détient les clés de votre liberté. C'est une forme de servage moderne. L'Arabie saoudite tente, très timidement, de réformer ce système et un site Web a été créé en 2014 pour informer les travailleurs étrangers de leurs droits.

Quant à Abdul Sattar Makandar, il n'a toujours pas donné signe de vie et les autorités saoudiennes ne communiquent pas sur ce sujet...

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