Anne Hidalgo fait le Paris de la délinquance<!-- --> | Atlantico.fr
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1996, Alain Resnais y avait planté sa caméra et immortalisé la fontaine des Polypores, au pied de la cité Modigliani, dans son film "On connaît la chanson".
1996, Alain Resnais y avait planté sa caméra et immortalisé la fontaine des Polypores, au pied de la cité Modigliani, dans son film "On connaît la chanson".
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Racaillisation

La politique de mixité sociale menée par la gauche dans le quartier, autrefois tranquille, de Balard dans le sud-ouest parisien a entraîné une montée de l'insécurité et des violences. Un phénomène similaire est observé dans de nombreux autres arrondissements de la capitale.

Eloïse Lenesley

Eloïse Lenesley

Eloïse Lenesley est journaliste. Elle collabore notamment à Causeur et FigaroVox

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C’est l’histoire devenue banale d’un quartier tranquille transformé en QG de la délinquance. Un quartier autrefois presque trop calme, perdu au fin fond de la rive gauche, érigé sur les anciennes usines André Citroën, cintré du verdoyant parc éponyme aux herbacés japonisants. À Balard logeaient des cadres moyens, des retraités et des classes moins favorisées, disséminées dans les nombreux bâtiments HLM du périmètre. En 1996, Alain Resnais y avait planté sa caméra et immortalisé la fontaine des Polypores, au pied de la cité Modigliani, dans son film "On connaît la chanson". Quinze ans plus tard, la fontaine était devenue le point de ralliement des dealers de shit (elle dut être condamnée et grillagée entre 2013 et 2015) et la cité un fief de la racaille, où se succédaient incivilités, agressions, et même voitures flambées dans les parkings en 2012. Le square mitoyen avait dû être clôturé pour limiter (entendez par là : déplacer) les rassemblements de "jeunes". Que s’était-il donc passé ? Très simple : entre temps, la mairie de Paris avait basculé dans l’escarcelle de la gauche qui s’était mis en tête de déployer son aberrante politique de mixité sociale (comprendre : importer des cas sociaux issus des arrondissements "populaires" ou des banlieues "sensibles").

En une poignée d’années, l’ambiance s’était métamorphosée. Des bandes de "jeunes" squattaient les halls de HLM ou leurs garages souterrains, devenus des lieux de fumette, jonchés de mégots de joints, de détritus ; des véhicules étaient détériorés. Les parties communes étaient régulièrement vandalisées. À peine repeintes pour la énième fois, avec l’argent du contribuable, les retrouvait-on maculées de flaques d’urine. Les conflits de voisinage et autres nuisances sonores étaient devenues monnaie courante. Osiez-vous vous en plaindre qu’on vous traitait de "sale chienne" ou de "pute" en vous menaçant de vous "casser la gueule". On en a vu se faire séquestrer et frapper pour avoir eu l’outrecuidance d’aller sonner chez des voisins trop bruyants. Vous pouvez toujours accumuler les plaintes et les mains courantes. La police est débordée. Ou n’intervient pas. Comme cet après-midi de juillet 2015 où un "jeune" s’est fait démolir et entièrement déshabiller par une trentaine de dealers, sous le regard médusé des clients lézardant à la terrasse du Café du Parc, rue Balard. Ce jour-là, les tables ont valsé ; réfugiés à l’intérieur de l’établissement, les consommateurs ont appelé les forces de l’ordre à plusieurs reprises. Deux agents sont arrivés en voiture au bout de vingt minutes pour… assister à la rixe. Le "jeune", en sang, a dû être soigné par la patronne du bistrot. Juste en face, le jardin blanc du parc André Citroën s’est mué en aire de jeux pour délinquants, qui se livrent à leur petit business en toute quiétude, cassant au passage les équipements sportifs recyclés en salle d’attente pour transaction de bédo. L’hiver, ils se délocalisent quelques mètres plus loin, devant la chaufferie du Monop’ Balard pour se tenir au chaud. Auparavant, c’était un Franprix, qui a fini par capituler après divers braquages et incidents.

Bagarres, vitrines brisées, vols à l’arraché pimentent le quotidien des riverains. Exaspérés, les commerçants ont lancé une pétition cet été pour attirer enfin l’attention de la mairie LR du 15e. Réponses leitmotive et démotivantes : "On fait ce qu’on peut… Mais sous-effectif à cause de l’opération Sentinelle… Pas de police municipale…" En clair : c’est la faute d’Hidalgo et de la gauche. Certes, mais ça fait un bout de temps que l’opposition s’en inquiète sans réagir des masses, préférant cacher la poussière sous le tapis en période électorale, en octroyant quelques miettes et pas mal de promesses dilatoires aux associations de locataires qui fleurissent dans le sillage des constructions de HLM. Ces dernières, gérées en grande partie par le très opaque Paris Habitat, premier bailleur social de la ville, à la tête de 122 000 logements, a été récemment épinglé pour les salaires mirobolants versés à ses cadres : 7000 euros nets pour un directeur territorial, 10 000 euros pour un directeur général adjoint, 14 000 euros pour le DG Stéphane Dambrine (qui bénéficie en sus d’un parachute doré de 500 000 euros), auxquels s’ajoutent 13ème mois, primes, voire appartements à loyers modérés. L’efficacité n’est pas au rendez-vous pour autant : l’office public fait la sourde oreille aux doléances de ses locataires, arguant qu’il n’a pas de droit de regard quant au profil des demandeurs auxquels il attribue un logement. On remarquera toutefois que les populations originaires du Maghreb et d’Afrique subsaharienne, inexistantes il y a quinze ans, sont en passe de devenir majoritaires dans les HLM du secteur. Des familles polygames avec dix enfants se retrouvent même parfois entassées dans des quatre-cinq pièces inadaptés. Les tensions et l’insécurité se développent au mépris des amalgames et n’ont cessé de s’amplifier dans l’indifférence générale. Inertie de rigueur. Courriers et pétitions n’y changent rien ou si peu. On laisse les nuisances pourrir et on ne répond même pas aux réclamations ; pire : les locataires qui s’aventurent à dénoncer cet immobilisme sont très mal vus. Résultat, beaucoup râlent en catimini ou décampent s’ils le peuvent. En 2012, Philippe Goujon, maire du 15ème arrondissement, s’était pourtant fendu d’une lettre à Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, pour l’informer des nombreux problèmes rencontrés à Balard, Falguière, Bargue, Brancion, et même solliciter le classement en ZSP (zone de sécurité prioritaire) de la très malfamée cité des Périchaux, en vain.

Depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo à l’Hôtel de Ville, résolue à véroler Paris de 30 % de HLM d’ici à 2030, la situation s’est encore envenimée. Pas étonnant qu’elle ait été battue une fois encore à plate couture dans le 15ème aux dernières municipales, avec un score plafonnant à 36 %, ce qui interroge un peu plus quant à sa légitimité à régir la capitale avec une ligne aussi dictatoriale que délétère. De l’autre côté de la Seine, dans le 16ème arrondissement, des immeubles vétustes sont préemptés et réhabilités en logements sociaux, au grand dam des habitants et de l’édile Claude Goasguen. Ceux-ci perçoivent déjà les ravages de cette politique suicidaire dans certains quartiers, telles la rue de Boulainvilliers ou la porte d’Auteuil, scènes de trafics de drogue et d’agressions. Le 1er février dernier, une bande du 16ème est venue en découdre avec ses rivales de Balard et Modigliani dans le jardin blanc : une quarantaine de "jeunes" armés de barres de fer, mais aussi des enfants munis de couteaux ; un coup de feu aurait même été tiré. Combien d’entre eux passeront au tribunal ? Seuls trois ont été interpellés (dont un mineur de moins de 16 ans issu du 16ème) et remis en liberté aussi sec faute d’éléments probants. Des voitures de police patrouillent désormais aux alentours… pour l’instant. Ce qui n’a pas empêché une dizaine de "jeunes" de revenir illico traîner dans les parages. Quand reviendront les beaux jours, castagnes, tapage, réunions nocturnes et actes de délinquance décupleront. Le 14 juillet dernier, pas moins de quatre incendies ont été allumés dans le coin. Des dizaines de voitures ont été brûlées ou dégradées dans plusieurs arrondissements.

La violence, la criminalité, la racaille attitude ne s’arrêtent plus aux bordures du périph’, elles s’infiltrent intra-muros, et pas seulement dans les 18ème, 19ème, et 20ème arrondissements, qui ont le triste privilège d’être labellisés ZSP. Les résidents de Balard ont assisté, impuissants, à la lente dislocation de leur cadre de vie, à la montée inexorable de l’insécurité. "Il fait partie des secteurs catastrophiques de l’arrondissement", admet Philippe Goujon dans les colonnes du Parisien. À quelques encablures, la porte de Vanves et le quartier Pernety, dans le 14ème arrondissement, ont vu proliférer, eux aussi, trafic de drogues et vandalisme. Les rues des Plantes, de l’Ouest et Vercingétorix sont particulièrement touchées. Des agissements dénoncés par la conseillère d’arrondissement Marie-Claire Carrère-Gée et le député PS Pascal Cherki, qui en a avisé le préfet. Même constat dans le quartier des Olympiades et porte de Choisy, dans le 13ème qui a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage pour "Enquête exclusive" sur M6 en avril 2015. Tous les secteurs à forte concentration de HLM sont potentiellement éligibles à la déliquescence. Réputé plutôt calme, le 12ème arrondissement connaît des remous croissants depuis que des bâtiments sont préemptés pour être réaménagés en immeubles sociaux. La rue Michel Bizot, les cités de la porte Dorée ou des Arcades font partie des points "sensibles" prisés des dealers. En mai dernier, le centriste Benoît Pernin relayait sur son blog l’exaspération des riverains confrontés depuis des mois à des bandes de "jeunes" se réunissant au jardin de Reuilly. Dans le 17ème arrondissement, deux mondes distincts coexistent : celui de la bourgeoisie à l’ouest ; celui des classes modestes et des populations immigrées à l’est, à la lisière du 18ème et du 93. Nichées entre les portes de Clichy, Pouchet et de Saint-Ouen, les rues des Épinettes, de la Jonquière et Berzélius abritent une délinquance exponentielle qui décourage habitants et commerçants.

Parce qu’elles sont souvent très localisées et confinées aux quelques artères jouxtant les ensembles HLM, ces violences urbaines s’enracinent dans la désinvolture et parfois à l’insu des résidents de zones plus préservées d’un même arrondissement. Certains choisissent la politique de l’autruche, de peur de "stigmatiser". D’autres en profitent pour y faire fructifier leurs intérêts, comme la nébuleuse association DLP15, autoproclamée laïque mais visiblement très partisane du multiculturalisme gauchisant, dont le site internet regorge de dossiers vides "en cours d’élaboration" et qui co-organise des rencontres avec des personnalités telles que l’écrivain Kénizé Mourad – qui décrit l’islam comme une religion ouverte et tolérante – ou l’essayiste Daniel Lindenberg, pourfendeur des "nouveaux réacs". Destinée à "promouvoir la démocratie participative" dans le 15ème arrondissement et épaulée par un "collectif d’artistes et d’architectes", la DLP15 s’est mis en tête de transformer le Jardin Blanc en une sorte de village de loisirs pour "faire dialoguer et se rencontrer une population diversifiée autour d’un projet commun afin d’aménager et d’investir l’espace public de manière apaisée et conviviale". On craint le pire. Au programme : petit équipement de mobilier urbain, tables de pique-nique, tournois sportifs… Le tout pour la modique somme de  178 000 euros aux frais du contribuable. Au moins, les trafiquants auront de quoi s’asseoir pour attendre le chaland. Déposé le 17 février, le dossier est entre les mains de la Ville de Paris. Tant que celle-ci restera sous la coupe d’Anne Hidalgo et ne sera pas dotée d’une police municipale, d’autres quartiers seront voués au même sort, entre racaillisation galopante et festivités de carton-pâte, au nom d’une idéologie vivrensembliste et d’un clientélisme électoral qui se rient des souffrances plébéiennes.

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