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Et l’exportation star de la Corée du Nord est…
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Réalisme socialiste

Beaucoup de pays d'Afrique passent commande aux artistes nord-coréens pour réaliser de gigantesques statues dédiées à la mégalomanie de leurs dirigeants

Eric Coder

Eric Coder

Eric Coder est journaliste.

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La Corée du Nord, totalement discréditée sur la scène internationale, est l'une des économies les moins ouvertes au monde. Pourtant, il lui reste un secteur phare très méconnu : l'exportation d'oeuvres d'art monumentales. Et elle s'est spécialisée dans des statues gigantesques qui témoignent d'un art socialiste de sa plus belle eau.

Le Mansudae Art Studio, une entreprise d’Etat (bien sûr) fondée en 1959, s'est consacrée à la fabrique des portraits et des statues de Kim Il-sung, avant d’étendre son activité à l’ensemble des images et monuments consacrés au socialisme. Mansudae Art Studio emploie près de 4 000 nords-coréens dans ses ateliers de Pyongyang, dont 1 000 d'entre eux sont des artistes choisis par des institutions nationales, telles que l'université de Pyongyang. En Corée du Nord, le monde de l'art est très strictement contrôlé. L'abstrait, contre-révolutionnaire comme chacun sait, n'existe pas. Les artistes sont classés par l'Etat, le plus haut label étant décerné aux "Artistes du peuple". Ces derniers réalisent à tour de bras des œuvres de propagande : des ouvrières et des fermières aux joues roses fières d'indiquer la voie vers le glorieux avenir socialiste, ou des peintures illustrant la victoire 1 à 0 de la Corée du Nord contre l'Italie lors de la Coupe du monde de 1966.

Forte de ces prouesses artistiques,  Mansudae Art Studio se lance à l'international dans les années 70 et exporte alors ses monuments de propagande, principalement en Afrique : Angola, Bénin, Tchad, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Ethiopie en Togo. Un journal du Zimbabwe explique, selon BBC News, que « deux statues géantes de Robert Mugabe sont en stock, attendant la fête de commémoration de sa mort pour être dévoilées ». Au Sénégal, Mansudae Overseas Project a réalisé le monument de la renaissance africaine à Dakar. Cette statue en bronze commandée par le président Abdoulaye Wade, achevée en 2010, mesure 49 mètres de haut, soit 3 de plus que la statue de la Liberté, à laquelle elle fait face, séparée par l'Atlantique. Elle représente un homme au torse nu et déchiré, tenant un enfant dans un bras et guidant une femme de l'autre. La présence d'un homme à moitié nu, tenant une femme dont l'un des seins est découvert, a froissé un pays dont la population est composée à 92 % de musulmans... Malgré la controverse, le monument est toujours bien présent et il est possible de se rendre dans la gigantesque tête de l'homme afin d'avoir une vue incroyable sur Dakar. Cette oeuvre aurait rapporté à Mansudae Art Studio dans les 10 millions de dollars. Mais ne pouvant se permettre un paiement en cash, Wade a alors payé la Corée du Nord en lui cédant des territoires sénégalais, explique Slate.fr.

Autre exemple, à Windhoeck, capitale de la Namibie,le Heroes Acre est un monument en souvenir de tous les héros et héroïnes de l’indépendance. Inauguré en 2002, il est surmonté d’un obélisque de 11 mètres ainsi que d’une statue du soldat inconnu qui ressemble étrangement au président Sam Nujoma...

En 2000, les revenus cumulés de ces exportations artistico-architecturales étaient estimés à 160 millions de dollars, a calculé le journal suisse Le Temps.

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