La déprime n’est pas une perte mais un triple oubli : de ses désirs, ses qualités, ses actions<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
La déprime n’est pas une perte mais un triple oubli : de ses désirs, ses qualités, ses actions
©

Bonnes feuilles

Voici le mode d’emploi pour que le crâne devienne une véritable machine à bonne humeur. Pour entretenir seul son moral, chasser les émotions négatives, il suffit d’appliquer des techniques scientifiquement validées, simples, pleines de bon sens, mais redoutablement efficaces. Des conseils, recettes, techniques, exercices et réflexions pour apprendre à vivre mieux avec ses états d’âme. Extrait de "Tout déprimé est un bien portant qui s'ignore" du Pr Michel Lejoyeux, aux éditions JC Lattès 1/2

 Michel Lejoyeux

Michel Lejoyeux

Michel Lejoyeux est professeur de psychiatrie et d’addictologie à l'université Denis Diderot. Il y enseigne aussi la psychologie médicale et coordonne le Diplôme d’études spécialisé en addictologie. Il est chef de service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Bichat et de Maison Blanche. Michel Lejoyeux est Président d’honneur de la Société Française d’Alcoologie et président en titre du Syndicat des Médecins des hôpitaux de Paris. Il a écrit aux Editions Plon est Réveillez vos désirs et Tout déprimé est un bien portant qui s'ignore aux Editions Jean-Claude Lattès. 

Voir la bio »

La dépression est une perte, la déprime est un oubli

Quand le pianiste Vladimir Horowitz tombait dans des accès de mélancolie, il restait dans son lit et perdait sa capacité à jouer du piano. Il a presque complètement arrêté de jouer entre 1935 et 1939 et en 1953, puis 1965. Bien différents sont les états d’âme que connaissent tous les créateurs, musiciens ou autres. Ils passent par des moments de silence, de remise en question, de retour sur eux-mêmes dont ils vont se servir pour retrouver une parole forte, une originalité, une capacité à se dépasser. Le silence peut être un temps de concentration, d’inspiration ou la souffrance de celui ou celle qui ne peut plus et presque ne sait plus parler.

Vladimir Horowitz a pu retrouver son talent et sa bonne humeur. Les déprimes quotidiennes sont bien moins graves. Il n’y a rien à retrouver parce que rien n’est perdu. Il faut, seulement, si j’ose dire, se rappeler ce que l’on est, ce que l’on vaut et ce que l’on va devenir. La déprime n’est donc pas une perte mais un oubli, une mise entre parenthèses. C’est une erreur de jugement, un triple oubli :

Oubli de ses désirs :

Les plus négligés sont les désirs les plus légers, les plus amusants, les plus plaisants, des loisirs à la sexualité, de la futilité à l’envie de rire pour rien. Dans les formes les plus graves de mélancolie ou de dépression caractérisée, l’oubli des désirs peut aller beaucoup plus loin, jusqu'à la perte des besoins vitaux comme la faim ou le besoin de sommeil.

Oubli de ses qualités :

La déprime fait douter de ses qualités physiques, intellectuelles, de son charme, de sa capacité à se faire des amis et à tomber ou retomber amoureux. Les plus grands mélancoliques ignorent tellement leur valeur qu’ils se demandent s’ils méritent leur salaire. J’ai vraiment vu des grands déprimés proposer à leur patron de moins les payer parce que leur travail ne valait pas ce qu’on leur donnait. Je me permets aussi de dire à celles et ceux qui ne se trouvent pas assez payés que c’est un signe de bonne santé que leur révolte légitime !

Oubli de ses actions et de son énergie :

La déprime donne le sentiment d’être trop lent, paresseux, inactif, fatigué en permanence. On oublie les résultats positifs de ses actions. La mélancolie ou la très grande déprime ne voit que les erreurs, les tâches inachevées et rien de ce qui avance ou est en préparation. Chacune de mes rencontres avec un homme, ou une femme, déprimé me conduit à le faire douter de ses erreurs sur lui-même et à remettre en cause le regard que portent sur lui ses proches.

Tout commence par le moment où il me raconte ce qui lui manque, ce qu’il a raté, ce qu’il aurait dû faire, ce qu’il regrette. Son futur ne vaut pas mieux que son passé. Puis il se met à hésiter. Est-il vraiment aussi atteint qu’il le croit et essaie de le faire croire ? Je l’observe et je trouve en lui des qualités qu’il ne peut pas encore voir. En peu de temps, c’est lui-même qui va retrouver des talents qu’il croyait envolés. Il va même recommencer à se servir de ses qualités, de son charme, de son énergie. Il y a en lui plus de gaieté qu’il n’ose se l’avouer, plus d’avenir, plus de possibilités. Il lui faut pour cela accepter de faire un petit pas de côté, de changer de manière de raisonner et de chercher d’autres émotions.

Extrait de  "Tout déprimé est un bien portant qui s'ignore", du Pr Michel Lejoyeux, publié aux éditions JC Lattès, 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !