Ce pic de mortalité du 1er janvier que personne ne sait expliquer (et non, ce ne sont pas les excès du réveillon...)<!-- --> | Atlantico.fr
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Les huîtres, bien que très salées, ne seraient pas responsable de ce pic de morts au 1er janvier.
Les huîtres, bien que très salées, ne seraient pas responsable de ce pic de morts au 1er janvier.
©Reuters

Prudence

D'après David Phillips, professeur de sociologie américain, qui a examiné 57 millions de certificats de décès survenus entre 1979 et 2004, le jour de l'An est celui qui compte le plus de morts.

"Le mois d'avril est le plus cruel", d'après le poète  T.S. Eliot, prix Nobel de littérature en 1948. Mais, le titre du mois où l'on meurt le plus est, lui, attribué au mois de janvier. La saisonnalité de la mort, plus de morts en hiver, moins de morts en été, est un mystère de santé publique, établi de longue date. 

Il y a quelques années, David Phillips, professeur de sociologie, a examiné 57 millions de certificats de décès survenus entre 1979 et 2004 et a fait une découverte intéressante. Non seulement, davantage de personnes meurent pendant les mois d'hiver, mais le 1er janvier est réellement le jour où l'on meurt le plus. Philipps a répertorié les millions de morts de cause naturelle en fonction du jour de l'année où elles se sont produites. Ce qui donne ce tableau :

On obtient ainsi une sorte de "vague de décès" qui diminue pendant les derniers mois de l'été et augmente lentement jusqu'en décembre. Le pic est atteint exactement le 1er janvier, avant de refluer graduellement pendant les premiers mois de l'année. Le fait qu'il y ait des plus de morts en hievr et moins l'été est bien connu. On peut remarquer cela année après année depuis 1999 grâce aux données du Centre pour le contrôle et la prévention des maladiesDernièrement on a pu remarquer qu'un mois de janvier classique voit de 40 000 à 60 000 décès de plus qu'un mois d'août ou septembre classique. Voici ce que cela donne :

La question est de savoir pourquoi : est-ce que cela est lié aux suicides, aux accidents de voitures ou à la consommation d'alcool plus élevée pendant les vacances ? Non. Philips explique qu'il est difficile de savoir quelles sont les origines exactes de ces morts naturelles. Pour lui, en aucun cas ces décès ne sont liés à des causes externes. En d'autres termes, ces morts sont généralement causées par des maladies ou la vieillesse, plutôt que par des accidents ou des homicides, ou toute autre cause sans rapport avec la santé.

Le professeur Phillips ne peut expliquer cette saisonnalité. En outre, il constate, lorsqu'il se limite aux 57 millions de certificats de décès délivrés aux urgences, les pics de Noël et du Premier de l'an sont vraiment énormes. Il écrit : "Il y a plus de morts aux urgences à Noël, le lendemain de Noël et le 1er janvier." Il a donc commencé à en rechercher les causes. Cela ne semble pas être lié à la météo ou au fait que les gens soient renfermés chez eux parce que les pics lors des vacances sont encore plus élevés dans les états du Sud des Etats-Unis, où il fait chaud. Les résultats sont les mêmes si on exclut les morts liées à l'alcool ou aux drogues ou celles qui sont dûes à la pneumonie ou la grippe. 

Il a abouti deux hypothèses qu'il n'a pas pu exclure : des recherches ont prouvé que les gens repoussent le moment d'aller aux urgences lorsqu'ils sont en vacances pour rester avec leur famille. Par exemple, certains ressentent un pincement au coeur en début de repas et attendent la fin pour le dire à leurs proches, alors que dans ces situations chaque minute compte. L'autre raison serait celle-ci : les hôpitaux manquent de personnel expérimenté, en vacances à cette période de l'année. Phillips admet qu'il faudrait davantage de recherches pour confirmer ces hypothèses.

Phillips se permet donc de donner un conseil : "Si vous avez des douleurs dans la poitrine, ne dites pas 'Je verrai cela plus tard' !"

Cinq ans avant Phillips, le Pr Robert Kloner, de l'université de Californie du Sud, avait, lui, étudié les données de mortalité annuelles du comté de Los Angeles avec ses collègues du Good Samaritan Hospital, pour vérifier si l'on observait sous les températures clémentes du sud de la Californie le même pic hivernal de mortalité qu'ailleurs. 

Mais, il avait été surpris de découvrir trois grands pics de décès en examinant les 222.265 certificats de décès de cause cardiaque collectés de 1985 à 1996 : les 25  et 26 décembre, et surtout le 1er janvier. Pour Kloner, le pic de mortalité du 1er janvier en particulier ne pouvait pas être expliqué sur la seule base des changements de température. "Bien que les températures basses puissent jouer un rôle, d'autres facteurs, comme le laisser-aller ou le stress des vacances, peuvent y contribuer", concluait-il déjà.

En outre, le Dr Patrick Guérin, vice-président de la Fédération SOS-Médecins France affirme au Figaro : "Les décompensations d'insuffisance cardiaque avec les huîtres, entre autres, et les écarts de régime pour les fêtes sont un grand classique". Et d'ajouter : "Concernant les chiffres en France, si on regarde ce que nous dit l'Institut de recherche pour la valorisation des données de santé, qui analyse en temps réel les données de l'activité des médecins de la fédération, on s'aperçoit d'une hausse sensible. On passe ainsi de 54 cas d'insuffisance cardiaque aiguë pour 100.000 personnes de 85 ans et plus lors de la semaine précédant Noël, à 96 pour 100.000 pour la semaine du Nouvel An."

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