Régionales : la campagne piégée pour les Républicains<!-- --> | Atlantico.fr
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La campagne des régionales s'annonce compliquée pour Les Républicains.
La campagne des régionales s'annonce compliquée pour Les Républicains.
©Reuters

SOS élections

La campagne des régionales, qui commençait officiellement lundi 23 novembre, s’annonce compliquée pour les listes LR, qui se trouvent coincées entre un FN bénéficiant de la peur suscitée par les attentats de Paris et des listes de gauche relancées par le léger regain de popularité de François Hollande.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Elle était pourtant bien partie cette campagne. Les Républicains se frottaient déjà les mains. Peut-être réussiraient-ils à sauver l’une des deux régions promises au Front national. Peut-être même les deux. Nicolas Sarkozy avait repris la main, tous les espoirs étaient donc permis. Mais vendredi 13 au soir, le monde s’est arrêté. Glacé d’effroi. La campagne aussi. A droite comme à gauche, les réunions publiques sont annulées, les réseaux sociaux mis en berne. Le coup d’arrêt est total et dur. Samedi, dimanche, lundi, les jours s’écoulent sans que le temps ne passe vraiment. La France hébétée reste sous le choc.

Et si toute une partie de la gauche espère, en silence, que l’omniprésence médiatique de François Hollande et de Manuel Valls donne un coup de pouce salvateur à des listes bien mal parties, à droite, on s’inquiète de ce passage à vide. Les propositions du patron des Républicains tombent à plat, Alain Juppé est inaudible. Quelle stratégie adopter afin d’occuper le mince espace existant entre PS et FN ? Mardi, les Républicains tentent un test in vivo à l’Assemblée Nationale. Lors des questions au gouvernement, la parole est donnée aux têtes de liste régionales Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez et Christian Estrosi. La bronca est générale : trop tôt, trop maladroit. Valérie Pécresse profite de sa question pour décliner son programme ? L’heure n’est pas venue et la condamnation est générale.

Les candidats comprennent alors qu’ils vont devoir être patients et revenir sur le terrain à tâtons. « Il a d’abord fallu faire de la pédagogie, expliquer que ces élections allaient avoir lieu et devaient avoir lieu, explique Jérôme Peyrat, tête de liste Républicains en Dordogne. On a expliqué que faire vivre la République c’était aussi faire vivre la République localement. La vie politique devait reprendre ses droits et ses devoirs ». « Nous avons recommencé doucement les visites de terrain mais Christian s’est montré moins punchy, moins combattant, plus solennel », explique-t-on dans l’équipe de Christian Estrosi.

La forme n’est pas simple donc, mais sur le fond, les candidats ont encore plus de mal. D’abord, expliquent les uns, parce que les attentats ont braqué les projecteurs sur Paris et qu’il est extrêmement compliqué de ré-intéresser les gens aux enjeux locaux. «Nos électeurs se demandent ce que l’on peut apporter en matière de lutte contre le terrorisme. La fiscalité et l’emploi restent des préoccupations en revanche, c’est vrai que l’on ne parle plus de transport mais de sécurité dans les transports », reconnait-on dans l’entourage du maire de Nice.

Mais il est difficile d’aller plus loin. Le tournant sécuritaire de François Hollande, qui a repris de nombreuses propositions formulées par les Républicains, laisse peu de marge de manœuvre. « C’est vrai qu’aujourd’hui FN, PS et Républicains s’accordent sur les réponses à apporter et tant mieux si le gouvernement prend les bonnes décisions», reconnait-on chez Christian Estrosi. « Mais on n’est pas coincé, complète Jérôme Peyrat, car Hollande a fait beaucoup d’erreurs, la loi sur le renseignement, par exemple, a certes été votée mais ses décrets d’applications n’ont pas été promulgués. Ce qu’il propose va dans le bon sens mais encore faut-il le mettre en œuvre vraiment ». « Le bon sens », voilà, en quelques mots, résumé le poison qui ronge la campagne de la droite. Les critiques ne sont pas évidentes et les idées alternatives non plus.

Sur le terrain, les candidats observent donc Paris, se demandant quel leader pourra bien leur redonner un peu d’air. Les propositions de Nicolas Sarkozy sur le port de bracelets électroniques pour les fichés S ont été critiqués par le monde du renseignement, Alain Juppé semble à court d’idées, Bruno Le Maire a bien du mal à se faire entendre. Hier matin, Les Républicains annonçaient la création d’un « observatoire » visant à contrôler l’application des mesures annoncées par le gouvernement mais pas l’ombre d’une proposition.

« Heureusement, Christian avait déjà un positionnement très fort sur ces sujets, c’est lui qui a parlé de la 5ème colonne. C’est un marqueur fort », mais suffira-t-il à sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la droite face à un François Hollande qui vient de gagner 7 points de popularité et un FN naturellement porté par les évènements ? « François Hollande progresse mais ça n’est pas le cas des candidats de gauche sur le terrain. Les français apprécient les actions du Président mais ça s’arrête là, on le voit bien dans les sondages », explique-t-on chez Christian Estrosi où l’on reconnait en revanche que le réflexe de peur marche en faveur de Marion Maréchal Le Pen.

Jérôme Peyrat, en Dordogne, espère surtout qu’entre deux tours, au moment où les Français se demanderont qui choisir pour gérer, durant 6 ans, les crédits pour l’emploi, ils se retourneront vers la droite classique. Il espère aussi secrètement qu’une partie de la gauche, choquée par les mesures sécuritaires annoncées par François Hollande, se détourne du PS. Le risque est réel à l’approche du débat sur la future réforme constitutionnelle, reste à savoir si les tensions apparaîtront suffisamment vite pour sauver la droite. Drôle de campagne qui, pour Les Républicains, s’annonçait comme la rampe de lancement de la future présidentielle et qui pourrait bien, finalement, consacrer l’arrivée du FN aux affaires régionales.

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