Les Fuerdai, ces enfants de nouveaux riches haïs dans toute la Chine<!-- --> | Atlantico.fr
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Ces enfants sont les premiers à naître riches, sans avoir à lever le petit doigt.
Ces enfants sont les premiers à naître riches, sans avoir à lever le petit doigt.
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Sales gosses

Avec leur style de vie dispendieux et arrogant, cette seconde génération fortunée d'enfants chinois s'est attirée les foudres du pays. A commencer par celle du Président Xi Jinping.

富二代, traduit en phonétique par le mot "fuerdai,"est totalement intraduisible mot à mot en français. Derrière ce terme, une réalité prévisible qui a pris de court l'empire du milieu. Ils sont jeunes et surtout, ils sont riches. Très riches. Autant que peuvent l'être ces enfants des grands patrons chinois, gavés par une interminable croissance qui les a mis à l'abri du sort pour plusieurs générations. On les surnomme la "seconde génération riche" et la première depuis la révolution culturelle, qui sera suivie dans les années 1980 par d'importantes réformes économiques.  Peu à peu, des empires vont se créer et des Chinois, partis de rien, vont devenir les premiers milliardaires du pays. Leurs enfants sont ainsi les premiers à naître riches, sans avoir à lever le petit doigt. Voitures de rêve, liasses de billets et vêtements de luxe, la jeunesse dorée par excellence.



Inspirés par les modèles américains ou émirati, ils diffusent leurs  photos où les billets de banque servent à allumer leur cigarette, où les véhicules sont achetés en cash et les jetons de casino, d'une valeur de 800 000 euros sont étalés sur le lit. Corrélation logique, ils s'ennuient terriblement, comme le raconte un journaliste de Bloomberg qui a rencontré l'un d'eux. En Maserati, le fuerdai joue les chauffeurs Uber dans le seul but de rencontrer de nouvelles filles.

Cette attitude commence à créer des tensions au sein du pays où les inégalités restent énormes avec 82 millions de personnes (plus que la population française) sous le seuil de pauvreté. En mai dernier, une photo a provoqué un véritable scandale en Chine. On y voit le chien du fuerdai le plus riche du pays. Attachées à ses pattes, deux Apple watch version or qui coûtent chacune 18 000 euros pièce. "Notre monde est peuplé de tant de personnes qui ne peuvent pas se permettre un repas et pendant ce temps-là, des idiots nés avec une cuillère d'argent dans la bouche gaspillent l'argent" a commenté un Chinois parmi les millions d'autres consternés par la photo. L'auteur du cliché, Wang Sicong, s'est fait un nom dans ce petit jeu s'affichant avec des playmates ou présentant son stand de tir personnel, équipé d'une mitraillette. Sexe, alcool et gros billets, un cocktail détonnant au pays de Mao.



Mais en Chine, rien ne se passe comme dans les autres pays et le gouvernement communiste n'a pas l'intention d'accepter sans broncher les excès des fuerdai. En mai dernier, le président Xi Jinping a donc sifflé la fin des petites parties fines en demandant au Département du Front Uni du Travail, chargé des relations avec les élites (non politiques) du pays de "guider les entrepreneurs du privé, et particulièrement les jeunes génération pour les aider à réfléchir sur les sources de la richesse et comment se comporter lorsque l'on devient influent." Et les fonctionnaires zélés du parti communiste chinois n'ont pas tardé à faire passer le message. En septembre dernier, la starlette Guo Meimei  a été condamnée à 5 ans de prison pour avoir participé à des paris truqués, lors de la Coupe du Monde de football en 2014. Arrêtée l'année dernière, elle était alors considérée comme "la reine" des fuerdai.



Mais le parti parviendra-t-il à remettre dans le droit chemin la jeunesse dorée ? "Ça ne marchera pas" prophétise Wang Daqi, auteur d'un livre sur le sujet. "Par exemple, j'étais à un banquet justement destiné ces jeunes pour qu'ils puissent rencontrer des officiels chinois" raconte-t-il au Daily Mail. "Mais ils ont fini par faire des jeux d'alcool entre eux sans même parler." L'enjeu est pourtant de taille car les fuerdai sont l'avenir du pays, ceux qui ont pu étudier dans les meilleures universités du monde et sont chargés de reprendre le flambeau des fleurons de l'économie chinoise.

Finalement, cette jeunesse en perte de repères pourrait redescendre aussi vite qu'elle est montée. La bourse les a rendus riches, elle pourrait leur reprendre tout. La crise économique actuelle touche leurs familles de plein fouet. Certains partent aux Etats-Unis pour sécuriser leur biens, d'autres redoutent un nouveau krach boursier. En attendant, ils continuent de vivre leur vie de rêve, ramenée souvent à leur solitude. "On peut trouver un million de raisons d'être triste" explique l'un d'eux à Bloomberg. Sexe, alcool, billets de banque et dépression, c'est tout ce qu'il reste aux fuerdai, cette "seconde génération fortunée" qui n'a pas vraiment connu le communisme.

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