Des astrophysiciens découvrent que des millions de planètes sont plus habitables que ce que l'on croyait <!-- --> | Atlantico.fr
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Les scientifiques viennent d’augmenter la proportion de planètes considérées habitables sur le nombre d’exoplanètes découvertes.
Les scientifiques viennent d’augmenter la proportion de planètes considérées habitables sur le nombre d’exoplanètes découvertes.
©Reuters

Gisements d’extraterrestres

Les scientifiques auraient découvert que des millions de planètes, longtemps perçues comme étant inhabitables, pourraient l'être. Une découverte qui pourrait s'avérer fort utile quand on voit la vitesse à laquelle se dégrade l'état de la Terre.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Dans une étude publiée en janvier dans Science Express, une équipe de chercheurs a découvert que des millions planètes étant originellement vues comme étant inhabitables ne le seraient peut-être pas. Comment ces scientifiques sont-ils revenus sur de précédentes découvertes ? 

Olivier Sanguy : L’étude porte sur un cas particulier d'exoplanètes, à savoir celles qui tournent autour de naines rouges et oranges, des petits soleils pour simplifier. On pensait que les planètes situées dans la zone habitable c’est-à-dire à la bonne distance pour que l’eau liquide existe à la surface (trop près il fait trop chaud, trop loin c’est trop froid) subissaient un verrouillage gravitationnel. Dans ce cas, la planète tourne sur elle-même de façon à toujours présenter la même face vers son étoile, ce qui fait qu’un côté de ce monde est surchauffé et l’autre plutôt froid. Bref, des conditions peu favorables au vivant tel que nous le connaissons. Il faut savoir que le verrouillage gravitationnel est courant. Par exemple la Lune de la Terre est verrouillée : si elle nous présente toujours la même face, c’est parce qu’elle tourne sur elle-même dans la même période qu’elle tourne autour de notre planète.

La cause de cette erreur serait un mauvais calcul de rotation. En quoi la direction dans laquelle une planète tourne peut-elle la rendre plus ou moins habitable ? 

C’est plus compliqué qu’une erreur de calcul. Les scientifiques emploient des modèles mathématiques complexes qui tentent de prendre en compte un énorme nombre de paramètres afin de simuler dans des ordinateurs la façon dont ces mondes se comportent. Le changement de quelques paramètres peut suffire à faire basculer les résultats, ce qui a été le cas. En l’occurrence, les chercheurs ont montré que la circulation atmosphérique d’une planète peut entraîner un effet de friction qui pousse ce monde à tourner sur lui-même et à ne plus subir le verrouillage gravitationnel. L’exoplanète connaît alors des jours et des nuits et ne présente plus la même face surchauffée vers son étoile. Une telle planète est probablement plus habitable que celle qui est un enfer d’un côté et un royaume des glaces de l’autre. Les travaux démontrent aussi qu’il n’est pas nécessaire de disposer d’une atmosphère très dense ou épaisse : une atmosphère comparable à celle de la Terre semble convenir. Il s’agit au final de l’apport d’un modèle climatique tridimensionnel pointu.

Quel peut être l'impact d'une telle découverte ? 

L’impact est une question de proportions. On vient tout simplement d’augmenter la proportion de planètes considérées habitables sur le nombre d’exoplanètes découvertes. C’est comme si vous jouez au loto et que chacune de vos grilles à par exemple 2 à 10 fois plus de chance d’être gagnante qu’avant. Vous n’allez pas forcément gagner, mais la probabilité que ça arrive est plus forte. Notons qu’on parle bien d’habitabilité, ce qui ne peut pas dire habité car on parle uniquement de potentialité. 

Quelles pourraient les prochaines étapes de ces recherches ? 

La recherche des exoplanètes évolue sans cesse. L’un des axes de recherche consiste à améliorer les télescopes, au sol ou dans l’espace, afin qu’ils puissent détecter la présence de mondes de moins en moins gros et de plus en plus loin. Ceci afin d’éviter ce qu’on appelle le biais instrumental. Imaginez que je vous demande de me dire combien il y a de voitures dans une ville, mais que vous portiez des lunettes qui ne vous montrent que les voitures dotées de 4 portes. Vous allez rater les voitures à deux portes comme les coupés sport et votre décompte sera faux. En améliorant les performances des télescopes, on veut éviter ce genre d’erreur. L’autre axe de recherche, et qui concerne l’étude dont il est question, repose sur la mise au point de modèles de simulation de plus en plus précis afin de pouvoir mieux déterminer quels types de mondes sur ceux découverts sont susceptibles d’être habitables. Dans les deux cas, les prochaines étapes consistent à affiner ces techniques, qu’elles soient instrumentales ou mathématiques : une vue d’ensemble des mondes en dehors de notre système solaire ne pourra être pertinente qu’en continuant ces deux voies en parallèle.

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