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Le nombre d'internautes utilisant des ad-blockers a augmenté de 41% en un an.
Le nombre d'internautes utilisant des ad-blockers a augmenté de 41% en un an.
©Reuters

Pub ou pas pub ?

Face à l'afflux de publicité sur Internet, les utilisateurs installent des ad blockers. Les éditeurs ripostent avec des anti-ad blockers. La guerre est ouverte.

Adrien Serres

Adrien Serres

Titulaire d’un Master 2 en Communication et Marketing des entreprises à l’Université Paris II Assas, Adrien Serres, a travaillé auparavant 10 ans en agence de publicité en tant que créatif comme Directeur Artistique. 
Il a créé en 2010 Wazapp, une des premieres agence créative dans les applications. Plus d'une cinquantaine d'application crée pour des grands comptes, startup et PME.

Depuis 2020, Il est consultant en transformation numérique, il accompagne ses clients sur le thème de la mobilité. 
Il est également dirigeant de Mobivent et Mobisales 2 solutions dédiées aux événements.

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Atlantico : Face à l'afflux des publicités sur Internet, la guerre des ad blockers fait rage. Où en est-on ?

Adrien Serres : Une étude récente de JWPLAYER parue en juin 2015 affirme que plus d'un milliard de devices (tablettes, mobile et desktop) utilisent une solution de bloqueur de publicité, principalement sur 42 pays, soit plus 30% des utilisateurs d'Internet dans le monde.

Adblock, qui est une société allemande, est la solution majoritairement utilisée, jusqu'à 62% en Allemagne et 33% en France, avec son produit phare Adblock Plus, désormais disponible gratuitement sur iOS et Androïd. Hyprocritement, la société finance son développement en demandant des « frais techniques » aux diffuseurs de publicités qui souhaitent que leurs encarts rejoignent la liste blanche des "publicités acceptables" de l’éditeur, qui ne sont pas bloquées par défaut. Google, Microsoft, Amazon et United Internet se seraient acquittés de montants considérables pour figurer sur cette liste blanche. De manière générale, les éditeurs sont entrés en guerre contre les bloqueurs de publicité. Ils sont de plus en plus nombreux à mettre en place des solutions d'anti-ad blocking en installant des technologies qui détectent Adblock ou en n'hésitant pas à demander à leurs visiteurs de désactiver ce genre de fonctionnalités. C'est notamment le cas du Washinghton Post qui vient d'installer un système de détection des ad-blockers sur son site et qui va ainsi jusqu'à bloquer son contenu aux anti-pubs.

Tandis que la majorité des investissements publicitaires bascule des médias traditionnels à l'Internet et à l'Internet mobile - avec une présence sous toutes ses formes (image fixes, animées ou vidéos, pré-roll, plein écran, interactif, etc…) - les utilisateurs ne souhaitent plus être dérangés avec ses nouveaux modèles publicitaires de plus en plus intrusifs. Ils utilisent donc une solution de blocage de publicité. Désormais annonceurs, agences, régies, éditeurs et internautes jouent ainsi au jeu du chat et de la souris.

Apple vient même d'annoncer, dans Safari sur Mac et Iphone, l'arrivée d'ad blockers qui risquent d'ébranler encore plus le marché. Pour mieux contrer son concurrent Google ?

Ces bloqueurs de publicité sont-ils réellement efficaces ? Face à l'enjeu économique que représente la fin de la publicité pour les internautes, tous les éditeurs jouent-ils le jeu ?

Oui, ils sont efficaces et font perdre beaucoup d'argent à de nombreux sites dont le modèle économique repose essentiellement sur la publicité. Pour certains, l'impact économique est très important. A tel point que des entreprises sont en péril à moyen terme si elles ne parviennent pas à apporter une réponse efficace à ce problème.

Google aurait trouvé la parade pour contourner Adblock sur YouTube. Le navigateur Chrome considérerait désormais que les pubs sont des pré-vidéos, - ce qui rend Adblock incapable de faire la différence entre une vraie vidéo et une publicité - forçant ainsi les utilisateurs à visionner entièrement la publicité…

Le nombre d'internautes utilisant des ad-blockers a augmenté de 41% en un an. Le manque à gagner sur les 141 milliards de la publicité digitale est estimé à 21,8 milliards de dollars (étude Pagefair réalisée avec Adobe). Les ad blockers sonnent-ils le glas de l'Internet gratuit ?

Les internautes ont été habitué depuis le début à du tout gratuit. Très rapidement, la publicité s'est imposée d'elle-même pour garantir les revenus de nombreux sites. Mais certains ont abusé jusqu'à outrance. De nombreuses sociétés ont aussi développé des solutions publicitaires des plus innovantes avec un suivi quasi permanent des visiteurs, comme par exemple le 'reciblage publicitaire' (ou retargeting) qui consiste à afficher des messages publicitaires sous forme de bannières sur des sites internet après qu’un internaute a fait preuve d’un intérêt particulier pour un produit sur un autre site. Adblock est la réponse aux abus des publicités intrusives ou forcées.

Mais il existe d'autres sources de revenus possible pour les sites et applications comme l'affiliation, les abonnements, la vente de livres (pour certains éditeurs de blogs par ex) ou en proposant des billets sponsorisés (une sorte de publi-communiqué du web).

Comme dit Macgénération : "Partir en guerre contre les bloqueurs de pub, cela reviendrait à faire exactement la même chose que l'industrie de la musique lorsque Napster a débarqué. C'est perdu d'avance."

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