Match Sarkozy Juppé pour 2017 : léger tassement pour l’ancien Premier ministre qui reste le candidat préféré des sympathisants de droite et du centre (mais l’ancien président résiste chez les Républicains)<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont toujours les favoris de la primaire à droite et au centre.
Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sont toujours les favoris de la primaire à droite et au centre.
©Reuters

Les paris sont ouverts

Selon un sondage exclusif Ifop pour Atlantico, les sympathisants de droite restent dans leur grande majorité attachés au candidat Nicolas Sarkozy dans le cadre de la primaire de 2016. Alain Juppé continue son opération de séduction, et le centre n'est pas en reste.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Comment se positionnent les sympathisants de droite et du centre dans l’optique de la primaire des Républicains ?

Jérôme Fourquet : Auprès de l’ensemble de cette population de droite et du centre, Alain Juppé est en tête avec 41% et Nicolas Sarkozy est à 35% ; il n’y a que 6 points d’écart. Viennent ensuite Burno Le maire avec 12 et François Fillon avec 7, les 3 autres obtenant des scores marginaux. Il y a donc une légère avance pour le maire de Bordeaux, Bruno Le Maire est le 3ème homme et François Fillon apparait toujours en grande difficulté.

La hiérarchie s’inverse néanmoins quand on ne considère pas l’ensemble des électeurs de la droite et du centre mais uniquement les sympathisants des Républicains . Ces derniers sont ceux qui pèsent le plus lourd dans l’ensemble de l’électorat défini précédemment, et c'est en ce sens qu'il s'agit d'un électorat stratégique, qui pèse, et c’est lui qui va principalement aller voter à cette primaire.

Les résultats s’inversent du tout au tout lorsque l'on se focalise sur cette partie des électeurs de droite : Nicolas Sarkozy reprend le leadership avec  53% suivi par Alain Juppé, qui est assez loin, à 30% seulement. Puis Bruno Le Maire. Cette hiérarchie auprès des sympathisants des Républicains est plutôt stable par rapport à ce que l’on observait depuis quelques semaines, et ce, même si on avait une avance un peu plus forte pour Nicolas Sarkozy avant le Congrès des Républicains, mais le matelas demeure encore important.

Ces différences entre les 2 populations s’expliquent par les préférences des sympathisants des formations centristes. Ils penchent majoritairement pour Alain Juppé : 63% pour les électeurs du MoDem et 57% pour ceux de l’UDI, contre respectivement 5 et 8% pour Nicolas Sarkozy. On voit tout l’enjeu qu’il y a à savoir si l’électorat du centre par un biais ou un autre consent à s'associer, et donc à participer ou pas à cette primaire.

Ce sondage peut apparaitre en contradiction avec une autre enquête de l’IFOP publiée il y a une quinzaine de jours où l’on donnait au coude à coude Juppé et Sarkozy. En réalité, la différence est de taille entre ces deux enquêtes, dans la première publiée par Paris Match, on était dans une configuration de duel puisque le choix proposé était Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé. L’électorat de l’ex-UMP se partageait en part quasiment égale. Dans cette enquête-ci on ouvre les possibilités de choix. Aujourd’hui, Sarkozy a environ le soutien de la moitié de l’électorat Républicains mais l’autre moitié de ces sympathisants ne souhaite pas qu’il soit candidat. Cette moitié penche vers Juppé dans une proportion d’environ un tiers, mais elle s’éparpille aussi vers d’autres protagonistes comme François Fillon ou Bruno Le Maire.

Nicolas Sarkozy bénéficie d’un socle très solide, il ne bouge pas aux alentours de 50 points quel que soit l’offre de candidats en face. La multiplication des candidatures pourraient paradoxalement servir Sarkozy. Sa base de soutien n’est pas entamée par ses adversaires. Elle se fait au détriment d’Alain Juppé.

Ce qui avantagerait aussi Nicolas Sarkozy est que le corps électoral des votants à la primaire soit le plus homogène possible avec une très forte représentation de l’électorat du parti Républicain et non pas de l’électorat centriste. Si ces deux conditions sont réunies, à ce jour, Sarkozy pourrait éventuellement être qualifié dès le premier tour. Mais cela serait plus dur si un second tour était caractérisé par un tête à tête avec Alain Juppé.

Entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, quelles sont les préférences des électeurs selon leur appartenance socio professionnelle ?

Jérôme Fourquet : Nicolas Sarkozy creuse l’écart avec Alain Juppé dans les milieux populaires, 54% sur les employés ouvriers en moyenne pour Sarkozy, contre 29 points pour Juppé.

Ce dernier prend l’ascendant sur les professions intermédiaires mais de peu (41 contre 34). L’écart est bien plus important pour Juppé chez les professions libérales et les cadres supérieurs (38 contre 26). Cet élément montre bien les différences de positionnements : Juppé avec un discours plus modéré parle davantage à la droite d’en haut, et Sarkozy avec des propos plus virulents et décomplexés parle à la droite populaires, la droite d’en bas.

L’électorat des Républicains semble divisé en deux catégories : les soutiens quasi inconditionnels de Nicolas Sarkozy et les autres, qui préfèrent voir Alain Juppé candidat aux élections présidentielles en 2017. Qu’en est-il sur le terrain ?

Bruno Jeudy : Il est difficile d’avoir une vision d’ensemble s’agissant de la perception sur le terrain des sympathisants républicains vis-à-vis d’Alain Juppé et Nicolas Sarkozy dans la perspective de la primaire 2016. A travers les sondages, on observe un soutien plus fort pour Nicolas Sarkozy dans le noyau dur des Républicains. Alain Juppé est en train de remonter petit à petit au sein de cet électorat. Il comble le retard qu’il avait sur l’ancien chef de l’Etat, tout en restant derrière lui dans toutes les enquêtes s’agissant des seuls sympathisants du parti Les Républicains. Si l’on élargit au peuple de droite en général, cela est plus difficile à analyser. Plus on élargit aux centristes, plus le maire de Bordeaux  se rapproche de Nicolas Sarkozy.

Si la primaire avait lieu la semaine prochaine, sans doute Nicolas Sarkozy l’emporterait-il, mais il n’est pas du tout certain que l’on reste dans cette situation. Alain Juppé est en train de réduire l’écart avec Nicolas Sarkozy. La primaire est loin d’être pliée contrairement à ce qu’on pouvait penser lors du retour de l’ancien président de la République. Le bulldozer Sarkozy allait tout emporter sur son passage si l’on écoutait des cadres du parti. Un an plus tard, les choses sont plus compliquées que prévu. Nicolas Sarkozy réunit du monde dans ses réunions, l’atmosphère y est souvent plus passionnée. Même si Alain Juppé réunit moins, il y a une curiosité grandissante de l’électorat du centre et de la droite autour de sa personne sur le terrain. On veut savoir s’il a changé, s’il est libéré des contraintes du passé etc. On est curieux du Juppé nouveau, peut-être plus à l’écoute.
A défaut d’une énorme opposition sur le fond des dossiers, une hostilité se remarque donc sur le terrain. C’est surtout une question de tempérament, d’affinité en fonction de la personne.

Si l’ancien chef d’Etat semble séduire davantage que son principal adversaire, ce dernier serait en tête si les sympathisants du centre participaient aussi au choix du candidat. Comment se dessine l’enjeu de l’électorat centriste pour Alain Juppé et Nicolas Sarozy ?

Bruno Jeudy : Les 2 hommes sont partis d’ un constat différent. Alain Juppé part de l’idée que pour gagner en 2016 et peut-être en 2017, il faudra réunir toute la droite et tous les centres. Il l’affirme depuis le début jusqu’à faire alliance avec François Bayrou qui est loin d’être apprécié : les sarkozystes lui reprochent, autant qu’à Marine Le Pen, d’avoir fait perdre leur champion en 2012.

Nicolas Sarkozy ne veut toujours pas pardonner à François Bayrou et il refuse toute alliance avec le Modem. Pourtant, dans les faits, il agit de manière contraire : il tente de réunir tous les centres. La plupart des têtes de listes régionales sont en train de réaliser une alliance avec l’UDI et avec le MoDem. Les deux se rejoignent donc sur la stratégie, mais ils ne le disent pas de la même manière.

C’est un enjeu central car pour gagner la primaire ouverte, il faudra séduire une partie du centre. Alain Juppé s’emploie à ce que cette primaire soit ouverte afin de favoriser son accès aux électeurs centristes. Nicolas Sarkozy essaye de marquer un clivage avec Alain Juppé sur la droite, il espère que les leaders de l’UDI à qui il aura offert des régions lui renverront l’ascenseur. Il pourrait ainsi montrer à l’électorat de droite que son accord avec l’UDI était le bon, tout en s’affichant comme l’artisan du projet. L’ancien chef de l’Etat mise aussi sur l’électorat le plus à droite, dans son entourage certains pensent que des électeurs frontistes voteraient à la primaire, de possibles électeurs pour Nicolas Sarkozy.

Est-ce que la tendance peut s’inverser quant au candidat favori des sympathisants du parti les Républicains ?

Bruno Jeudy : Encore une fois, je crois que la primaire n’est pas pliée. Alain Juppé progresse davantage que Nicolas Sarkozy après avoir été très en retard au début de l’année. Cela prouve que les choses peuvent s’inverser puisqu’un rééquilibrage s’observe dans l’électorat de droite. Nicolas Sarkozy a perdu l’avance dont il disposait. Les jeux ne sont pas faits. La campagne des derniers mois sera sans doute déterminante : il y aura les thèmes, la capacité des hommes à marquer les esprits dans les débats télévisés et à ce jeu-là, l’ancien président de la République est souvent plus performant que le maire de Bordeaux par exemple.

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