Tubes de l’été : si vous vous demandez pourquoi vous entendez “Cheerleader” ou “Lean On” partout où vous allez, en voilà la raison scientifique

"Tout a commencé ce jour d'été, quand nos regards se sont croisés…" Voilà les premières paroles de la chanson de Gad Elmaleh, intitulée "Danse de la joie (Lalala)" et sortie fin juin sur toutes les plateformes payantes. Vu plus d'un million de fois sur Youtube, le clip est en pole position pour devenir un des nombreux tubes qui vont rythmer l'été des Français. Et les paroles simples (et probablement un peu ironiques) y sont pour beaucoup dans ce futur succès, à en croire une nouvelle étude américaine publiée sur le sujet.



Publiée dans la revue The Journal of Consumer Psychology, elle apporte des indications intéressantes que connaissent peut-être déjà bien les producteurs et les maisons de disques : les secrets d'un tube de l'été. Les chercheurs de la University of Southern California se sont ainsi plongés dans le fameux classement Billboard, celui qui énumère depuis 1958 les meilleures ventes de disques aux Etats-Unis. Et le principal résultat est que le succès de nombre de ces tubes est avant tout basé sur les paroles. "Le rythme ne joue pas forcément" expliquent ainsi les chercheurs. "Bien que chaque artiste cherche à créer une chanson accrocheuse, ils devraient plutôt écrire une chanson cohérente dans lequel le refrain est répété fréquemment, tout en utilisant un vocabulaire limité."



Pour faire simple, une chanson à succès doit être très répétitive avec des paroles pas trop compliquées. Et voilà donc notre "Danse de la joie" signée Gad Elmaleh, candidate parfaite pour devenir un succès retentissant. D'abord, en utilisant la répétition : le fameux "lalala" qui ponctue au moins la moitié de la chanson et qui constitue le refrain, le tout allié de couplets relativement rudimentaires. "Allez viens, saute à son cou ; et embrasse le beaucoup, beaucoup." Si on peut imaginer une pointe de second degré dans ces paroles, il n'empêche qu'elles ont tout pour réussir. En 2013, le chanteur John Mamann avait lui aussi expérimenté (malgré lui ?) la méthode avec son fameux "Love life." Véritable tube, vu plus de 11 millions de fois sur Youtube, il emploie lui aussi le fameux "lalala" dans ses paroles avec un refrain aussi simple qu'entêtant : "Love life, lalalala, You and I, lalala" et des couplets faciles à retenir : "si tu tombes beaucoup trop bas, si tu perds confiance, tourne-toi vers moi…"

Pour les auteurs de l'étude, "moins il y a d'efforts à faire et plus les gens sont prêts à le faire." En d'autres termes, notre cerveau aime la facilité et la répétition est ce qu'il préfère. "Plus c'est répétitif, et mieux c'est" affirme, Joseph Nunes, le co-auteur de l'équipe au Washington Post. Et pas besoin d'une chanson en français, les onomatopées sont transfrontalières. "Lean On" de Major Lazer & DJ Snake fait partie des meilleures ventes actuelles et dispense un refrain sans la moindre parole qui devient vite entêtant, lui aussi.



Et pour enfoncer un dernier clou, une étude américaine datée de mai dernier souligne que les paroles des chansons à succès ont une variété lexicale digne d'un enfant de 8 ans. Le site SeatSmart a ainsi étudié 225 chansons qui sont restées à la première place des hits de l'autre côté de l'Atlantique et montre que le niveau a baissé en dix ans. Parmi les chansons les plus "bêtes" des 10 dernières années, on retrouve ainsi "Moves like Jagger" de Maroon 5 et Christina Aguilera ou encore "So what" de Pink. A l'inverse, les plus subtiles sont plutôt "Dani California" des Red Hot Chilli Peppers ou "Diamonds" de Rihanna. Evidemment, il existe des contre-exemples et de nombreuses chansons parviennent à percer sans ces "atouts." Reste que l'été est un réservoir de hits et pour espérer se détacher, mieux vaut viser bas. Un musicien et bloggeur a d'ailleurs récemment montré en images le secret d'un tube de l'été bien calibré. Avec un peu de technique, toujours les mêmes accords et un peu d'imagination, voilà de quoi faire danser les foules.