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Les fiascos militaires de la Seconde guerre mondiale : la bataille de Stalingrad
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Bonnes feuilles

Le récit de ces batailles, sabotages et autres attentats, soit en tout 30 opérations, met en lumière les causes de ces ratages, parfois insolites, parfois dramatiques et permet de mieux comprendre certains tournants de la Seconde Guerre mondiale. Extrait de "Les fiascos militaires de la 2e Guerre mondiale", de Laurent Tirone, publié chez Ixelles éditions (1/2).

Laurent Tirone

Laurent Tirone

Historien et journaliste, Laurent Tirone collabore aux éditions Caraktère, spécialisées dans l’histoire militaire et leader sur son marché. Il est le rédacteur en chef de la revue Trucks & Tanks Magazine, un magazine historique et technique dédié aux engins et véhicules militaires du Xxe siècle.

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Les affrontements se transforment en une véritable boucherie. La 62e Armée parvient à contenir la 6e Armée allemande à un prix qui aurait été insupportable pour toute autre nation que l’Union soviétique. Stalingrad se transforme alors en une fournaise qui engloutit les divisions d’infanterie russes les unes après les autres. Contenir l’avance de l’assaillant oblige Moscou à envoyer continuellement de nouvelles unités qui voient leurs effectifs fondre en quelques heures. La bataille est si violente que la durée de vie d’un soldat fraîchement débarqué et envoyé sur la ligne de front n’excède pas la journée. Des formations entières sont annihilées en moins de trois semaines, et certaines divisions perdent jusqu’à 95 % de leurs hommes en seulement trois jours ! Le rapport de pertes s’établit à huit à dix fantassins neutralisés pour un Allemand, ce qui prouve au passage que les assaillants ne font pas que subir.

Le 1er novembre 1942, 90 % de la ville est aux mains de la 6e Armée. Pourtant, les tactiques de Tchouikov finissent par payer. Les divisions allemandes sont épuisées, physiquement et moralement. La résistance opiniâtre des fusiliers leur fait perdre 50 % de leur capacité dès les premières heures des assauts. L’usure des matériels et des hommes amène beaucoup d’unités à être considérées comme inaptes au combat. Chaque usine, chaque gare, chaque wagon, chaque maison, chaque étage fait l’objet d’affrontements acharnés pendant lesquels les lois de la guerre sont bafouées des deux côtés. La pression est constante, aucun repos n’est possible dans une cité en ruines ; et les renforts qui permettraient de faire tourner les unités n’arrivent qu’au compte-gouttes. Pour sa part, Tchouikov tient depuis septembre grâce à l’arrivée régulière de formations fraîches venant combler les pertes. Mais, depuis novembre, la Volga charrie des glaces dérivantes qui bloquent de ce fait les bateaux de ravitaillement. Avec des unités aux effectifs squelettiques, sans munitions, sans renforts, l’officier n’a plus les moyens d’arrêter la progression inexorable de la Wehrmacht. Seules les batteries d’artillerie continuent de la contenir. Les troupes enfermées dans Stalingrad ne pourront plus s’accrocher encore longtemps. Mais, en réalité, Tchouikov a rempli sa mission : tenir. Tenir pendant suffisamment longtemps pour que Moscou planifie l’opération Uranus. Le 19 novembre 1942, soigneusement et secrètement préparée depuis deux mois, une attaque en tenaille est lancée par l’Armée rouge. En quatre jours, la pince se referme, et les décombres de l’agglomération sacrifiée se transforment en piège. Les assaillants endossent le rôle de défenseurs. Un retournement de conjoncture qui a pour conséquence de prolonger une des batailles urbaines les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au 2 février 1943.

Une victoire difficile

L’opération Uranus scelle le sort de la 6e Armée. Les événements s’inversent radicalement par rapport au mois de septembre 1942. Les Soviétiques disposent maintenant de la supériorité numérique et de stocks de munitions conséquents. L’ennemi est affaibli par de longs mois d’une guerre de haute intensité, et pourtant les divisions russes vont buter sur les mêmes obstacles que les troupes de Paulus quelques semaines auparavant. La progression se fait à coups d’armes lourdes face à un adversaire qui ne lâche rien. Toutefois, la stratégie d’attrition mise en oeuvre par Moscou finit par obliger la 6e Armée à se rendre début février 1943, signant là l’échec le plus retentissant de la Wehrmacht à l’Est. Cette dernière n’est toutefois pas encore vaincue et conserve l’initiative stratégique.

Extrait de "Les fiascos militaires de la 2e Guerre mondiale", de Laurent Tirone, publié chez Ixelles éditions, 2015. Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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