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61 secondes dans une minute : cette seconde intercalaire qui fait trembler les marchés boursiers de New York à Paris
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Au top il sera exactement...

Ce 30 juin 2015 à 23h59 et 59 secondes, les horloges atomiques du monde entier s'arrêteront l'espace d'une seconde.

Une seconde, c'est peu et beaucoup à la fois. Ce 30 juin 2015 à 23h59 et 59 secondes, les horloges atomiques du monde entier s'arrêteront l'espace d'une seconde. Ces dernières afficheront 23:59:60, avant d'indiquer finalement 00:00:00 au matin du 1er juillet 2015. L'addition de cette seconde intercalaire a pour but de maintenir l'horloge terrestre en phase avec les variations capricieuses du temps astronomique et précisément du ralentissement de la rotation de la Terre. Mais, si les scientifiques ont dû s'adapter aux changements climatiques, les spécialistes d'Internet, eux, doivent en subir les conséquences. 

Ainsi, le 30 juin 2012, l'ajout de la dernière seconde intercalaire a causé des turbulences pour plusieurs sites Internet tels que Foursquare, Reddit, ou encore LinkedIn. Tous ont cessé de fonctionner dès l'ajout de cette fameuse seconde dite "flottante". Le créateur du système d'exploitation Linux, Linus Torvalds, avait ainsi expliqué cette défaillance : "Chaque fois qu'une seconde intercalaire est ajoutée (ou presque) nous décelons quelque chose de problématique. C'est un phénomène très contraignant, il s'agit d'un cas d'école auquel on ne s'attend pas, les utilisateurs n'y sont pas préparés." 

Si les particuliers ne verront pas la différence, "les grands systèmes de navigation par satellites, les systèmes de synchronisation des grands réseaux d'ordinateurs devront prendre en compte cette modification sous peine d'encourir des 'bugs'", explique M. Gambis, directeur du Service de la Rotation de la Terre, chargé de décider au niveau international de l'ajout de ces secondes intercalaires. De même que le passage à l'an 2000 avait été un véritable casse-tête pour Internet, cette fois, il faut s'attendre à des bugs que les géants de la Toile ont dû gérer à l'avance. Google a décidé de diviser cette seconde intercalaire en millisecondes qui seront progressivement parsemées dans le système de manière imperceptible avant la date fatidique. 

Mais, de grosses inquiétudes demeurent, notamment en ce qui concerne les marchés financiers. Beaucoup d’opérateurs ont donc vérifié leur informatique de trading. Officiellement, il s’agit juste d’un "Double Check", pour voir si les ordinateurs vont arriver à "digérer" cette seconde intercalaire. Mais dans un marché où tout est automatisé, et où l’on a établi récemment de nouveaux records de vitesse et de quantité d’ordres de bourse (834 différents en une milliseconde seulement à Wall Street le mois dernier), il est somme toute légitime d'y regarder à deux fois.

Les spécialistes sont d'autant plus inquiets que c'est la première fois depuis 1997, que cet événement a lieu en semaine, dans la nuit d’un lundi à un mardi, au moment où d’un côté on a la séance after-hours de Wall Street (l’après-séance, où les traders remplissent leurs carnets d’ordre pour préparer la séance du lendemain, mais hors cotations), et de l’autre le début de la séance sur les marchés asiatiques, et notamment Tokyo, Shanghaï et Hong Kong. La première crainte est de voir les plates-formes de trading se bloquer. De quoi laisser en plan des carnets d’ordre en train de se remplir, et provoquer dans la foulée un bouchon généralisé.

L’autre grande crainte est de voir s'accumuler les ordres erronés, aussi bien sur les actions, les indices, que les taux ou les changes, voire les matières premières qui généralement commencent à s’activer à ce moment-là du côté du marché de Singapour notamment. Avec comme conséquence un Flash-Krach, du nom de cet incroyable panique de marché qui avait provoqué une chute vertigineuse des indices américains en mai 2010 (jusqu’à -10% pour le Dow Jones), mais qui s’était terminée sans dommage réel. Cette crainte est expliquée surtout par la rapidité avec laquelle les techniques de trading robotisées évoluent. La très grande vitesse provoque déjà un grand nombre d’anomalies de marché au quotidien, certains profitant de la vitesse pour passer avant tout le monde, d’autres s’en servant pour provoquer des erreurs et des déséquilibres sur lesquels ils vont pouvoir jouer.

"Beaucoup de bruit pour rien", assure Steve Allen, un ingénieur informaticien de l’Université de Californie, qui estime que beaucoup se "torturent sur le sujet pour pas grand-chose", même s’il reconnaît que le risque est "mathématiquement plus elevé de voir des erreurs et des bugs survenir". Cette nuit du 30 juin sera donc un vrai test pour les marchés boursiers lors d’une heure critique, et même si globalement tout le monde garde son calme, on a deux types de comportements réels, certains qui se préparent au pire "au cas où"…. Et d’autres qui peaufinent leurs stratégies pour éventuellement en profiter dans cet univers impitoyable du marché boursier.

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