La baisse du chômage qui cachait une baisse du nombre de Français qui ont un travail : dans le détail des statistiques de l'Insee<!-- --> | Atlantico.fr
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Beaucoup de chômeurs sortent des statistiques de pôle emploi.
Beaucoup de chômeurs sortent des statistiques de pôle emploi.
©Reuters

Recette gagnante

Annoncée le 4 juin 2015 par l’INSEE, la baisse du taux de chômage est principalement la conséquence de la hausse du nombre de personnes découragées face à l’emploi, et qui sortent des statistiques.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Après la publication des chiffres du Pôle Emploi, ce lundi 1er juin, c’était au tour de l’INSEE de publier les chiffres du taux de chômage français pour le 1er trimestre 2015, selon les standards du Bureau International du Travail (BIT). Et ces chiffres semblent à priori s’opposer; entre une forte hausse mensuelle du nombre de chômeurs pour le Pôle emploi et une légère baisse pour l’INSEE (en ce qui concerne le premier trimestre 2015). Au-delà de cette contradiction, l’interrogation porte surtout sur la réalité de la baisse du chômage au sens du BIT. Pourtant, celle-ci peut très bien se justifier. Car l’évolution d’un taux de chômage est soumise à plusieurs variables qui permettent de comprendre le phénomène. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Taux de chômage France. INSEE. T1 2005 – T1 2015. En %.

Pour l’INSEE, comme cela est visible dans le graphique ci-dessus, le taux de chômage est en légère baisse pour le premier trimestre 2015, passant de 10.1% à 10%, soit une baisse de 38 000 personnes. En observant cette situation, une réaction logique revient à considérer que la baisse du nombre de chômeurs s’est traduite par une hausse du nombre de personnes qui ont un travail. Parce que la baisse du chômage ne peut être une bonne nouvelle que si celle-ci se traduit par une hausse du nombre de personnes en emploi.

Malheureusement, cela n’a pas été le cas lors de ce premier trimestre 2015. 64.3% des personnes en âge de travailler avaient un emploi au T4 2014, ils ne sont plus que 64.1% au T1 2015, soit une baisse de 0.2 point du taux d’emploi. En affinant le chiffre, il ressort que ce sont les 25-49 ans qui sont les plus touchés par ce phénomène ; leur taux d’emploi baisse de 80.2% à 79.8% en un seul trimestre. Ainsi, la baisse du chômage de ce début d’année est concomitante avec une baisse de l’emploi de la classe d’âge « base », ce qui apparait encore une fois totalement contradictoire. Mais il existe une explication.

En effet, le taux de chômage ne se mesure par rapport à l’ensemble de la population en âge de travailler, mais par rapport aux actifs. C’est-à-dire à ceux qui ont ou qui veulent un emploi. Et c’est cette mesure qui a évolué le plus fortement. 71.6% des personnes en âge de travailler étaient actives au dernier trimestre 2014, elles ne sont plus que 71.3% pour le premier trimestre 2015. Cette baisse du taux d’activité s’explique principalement par l’impact d’une seule classe d’âge ; toujours la même : celle des 25-49 ans. 88.6% des 25-49 ans étaient actifs au dernier trimestre 2014, ils ne sont plus que 88.1% pour le premier trimestre 2015. Soit une baisse de 0.5 point en un seul trimestre. Ce qui correspond à environ 100 000 personnes, et ce qui signifie que la baisse du chômage intervient en parallèle d’une baisse de la population active. Bonne piste.

Mais que sont devenues ces personnes qui sont sorties des statistiques de la population active? Elles sont venues gonfler une autre catégorie recensée par l’INSEE : « les personnes inactives dans le halo du chômage ». C’est-à-dire les décrocheurs, qui sont principalement divisés en trois catégories : les personnes qui sont à la « recherche active d'un emploi dans le mois précédent mais non disponibles pour travailler dans les deux semaines », celles qui sont « disponibles pour travailler dans les deux semaines mais sans recherche active d'un emploi dans le mois précédent » et les « personnes inactives, souhaitant un emploi mais n'ayant pas effectué de démarches de recherche active, et non disponibles pour travailler dans les deux semaines ». Et en un trimestre, le nombre de personnes figurant dans ce « halo du chômage » a augmenté de 71 000 personnes.

Personnes inactives dans le halo du chômage. En milliers

La conclusion de cette situation est que la cause de la baisse du chômage est plus inquiétante qu’encourageante. Parce que si les chômeurs sortent des statistiques, ce n’est pas en raison de leur retour dans le monde du travail, mais en raison de leur disparition des chiffres de la population active, et ce, principalement parce qu’ils ne cherchent plus d’emploi. Ce sont, pour la plupart, des personnes découragées.

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