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Les ventes de string en France sont en baisse.
Les ventes de string en France sont en baisse.
©Reuters

Génération bien dans sa culotte

D'après le NDP group, leader mondial en étude de marché, la vente de string aurait baissé de 7% en France.

Emilie Coutant

Emilie Coutant

Emilie Coutant est sociologue, consultante en mode, médias, tendances, risques et addictions.
Docteur de l’Université Paris V, elle a soutenu une thèse intitulée “Le mâle du siècle : mutation et renaissance des masculinités. Archétypes, stéréotypes, et néotypes masculins dans les iconographies médiatiques” (2011). Fondatrice et dirigeante de la société d’études qualitatives et prospectives Tendance Sociale, elle réalise études et enquêtes sociologiques pour le compte d’entreprises ou d’institutions. Enseignante dans diverses universités et écoles de mode, elle est également Présidente du Groupe d’Etude sur la Mode (GEMode), rédactrice éditoriale des Cahiers Européens de l’Imaginaire et secrétaire du Longeville Surf Club.
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Atlantico : Les culottes de grands-mères, les boxers et les culottes taille haute font leur grand retour sur le marché. A quoi peut-être dû le retour de ce qui était vu comme ringard il y encore peu ?

Emilie Coutant : Ce qui était ringard, "moche" hier est tendance aujourd'hui, c'est le propre même de la mode. Ce mécanisme est exactement celui des tendances, le laid d'hier devenant le beau d'aujourd'hui, "le beau est bizarre" comme disait Baudelaire. De nos jours, l'ultra ringard devient désirable ! 

Afin qu'un nouveau style apparaisse, il faut s'écarter du conformisme, de la norme. Il faut une période d'adaptation, ce qui peut paraître choquant, spectaculaire, déviant ou bizarre deviendra rapidement "le nouveau cool".

Ce retour des culottes taille haute, des culottes dites de grands-mères et des caleçons correspond à l'actuelle tendance hipster. On note aussi le retour sur l'avant-scène du bob, de la coupe mulet, du sac banane… Tout ce qu'y il y a peu, était vu comme étant ridicule ou même grotesque, est aujourd'hui le comble du chic ! Tous ces habits ou accessoires qui font leur come-back sont autant d'accoutrements qui nous font sortir de notre moule. On rentre dans la tendance du rétro : les années 1980/1990 et leurs looks délurés sont à nouveau à la mode.

Outre le lien que l'on peut établir avec la tendance hipster, il y aussi le normcore : la tenue simple, pratique loin du sexy tel qu'on le conçoit habituellement. Après le bling bling, le trash on se penche sur la simplicité.

Que cachait la mode du string ? Les femmes portaient-elles des strings pour elles ou pour leurs partenaires ?

La mode du string a tout d'abord émergée dans le domaine de la pornographie, comme bien souvent le porno a donné suite à un nouveau style. 

A l'origine, si cette tendance s'est développée c'est avant tout parce que les hommes trouvaient ça beau, sexy : une fois porté, le corps restait apparent, on voyait toujours les fesses, leur arrondi. 

On a alors observé un développement massif du string, peu importe leur âge toutes les femmes ou fillettes portaient des strings ! A huit ans, les petites filles le portaient déjà fièrement !

Ce sous-vêtement a continué à avoir du succès à cause de sa discrétion. Avec la mode des pantalons skinny, c'était l'idéal : sous le tissus serré il passait inaperçu !

Le désamour du string au sein de la génération Y est-il le signe que les jeunes femmes font passer leurs propres goûts mais aussi leur confort avant tout ?

Avant tout le retour de ces larges culottes marque l'avènement du cool, l'éloge du bien-être. L'apparence est tout de suite spectaculaire, elle fait rire. On peut aussi relier ce style au néo-burlesque influencé par la très médiatisée Dita Von Teese. Attention, son retour ne dénote pas non plus la fin du string : c'est une pluralité des styles à adapté en fonction de notre look, de ce que l'on privilégie que ce soit la carte sexy ou notre confort personnel.

Ce nouveau style et ses tenants, illustrent notre entrée dans la post-modernité, on passe de la société moderne à la société post-moderne. On s'écarte de la normalité, pour regarder vers la passé, on cherche des repères auxquels on peut se raccrocher. C'est l'exemple même de cette société qui nous perd en termes de repères !

Pourtant dire que l'homme n'a plus son mot à dire sur ce qui est beau ou non en lingerie serait faux. Certains aimeront, d'autres non. Néanmoins, certains préféreront cette large culotte au string : elle favorise l'imagination, est source de fantasme en nous ramenant à l'image des jeunes filles et semble sortir d'une toute autre époque ! C'est un retour du classique, du naturel.

Pour autant, culotte large ne rime pas avec absence de séduction. Sans être une nouvelle définition de ce qui est sexy ou  non, c'est une manière de montrer l'émancipation des femmes en revoyant les codes de la séduction. 

Les autres tendances de prêt-à-porter suivent-elles le même chemin ? 

Ces dernières années ont vu le retour du confortable, de la tenue "coocooning". Après le jean très serré est arrivé  le pantalon large qu'il s'agisse du pantalon carotte (large en haut et resserré sur la cheville), de la jupe culotte, du pallazo (très large)…

Mais là n'est pas la seule marque d'un retour vers le naturel dans la mode. Autre tendance, l'allaitement chez les jeunes mamans. Après les nombreuses campagnes de soutient qui ont peuplé Instagram l'année passée, les femmes ont retrouvé le plaisir d'allaiter. Ce nouvel hobby s'est accompagné de l'arrivée d'une lingerie adaptée à l'usage : soutien plus enveloppant, bretelles bien plus larges. Ce qui hier était peu accepté est aujourd'hui, non seulement commun mais la mode s'en étant mêlé bien plus chic ! Face au soutien gorge de midinette, le soutien gorge large, ne disparaît plus : il cohabite.

On retourne donc vers un soutien-gorge qui prend soin du corps. On impose la pluralité des identités, des tailles. Il n'existe plus un seul modèle féminin mais plusieurs.

En revanche, la taille 0, emblème de la beauté féminine, demeure bien présente. On valorise toujours la minceur, sans pour autant dénigrer les looks atypiques ni les femmes plus rondes.

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