Trois bonnes raisons de signer un accord nucléaire avec l’Iran<!-- --> | Atlantico.fr
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Les négociations sur le nucléaire iranien pourraient aboutir sur un rapprochement entre l'Iran et l'occident.
Les négociations sur le nucléaire iranien pourraient aboutir sur un rapprochement entre l'Iran et l'occident.
©Capture The Economist

Besoin de lucidité

Les négociations sur le nucléaire iranien ont de fortes chances de déboucher sur une forme de rapprochement entre la puissance régionale que constitue l'Iran, et le camp occidental. Pour autant, plusieurs voix font pression à Washington pour éviter coûte que coûte sa mise en place.

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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Nous sommes à moins de deux semaines de la date butoir fixée tant par l'administration Obama que par le gouvernement iranien pour la signature d'un accord dessinant les contours d’une entente politique sur le nucléaire iranien. Tous les acteurs contre cet accord, pourtant si indispensable tant à la stabilité régionale qu'à la paix mondiale, ont rabattu leurs dernières cartes. Certains groupes, les républicains du Congrès, en l'occurrence, ont même innové dans l'histoire constitutionnelle des Etats-Unis en publiant une lettre ouverte adressée à l'Iran stipulant que même si un accord était signé par le Président Obama, le prochain occupant de la Maison Blanche pourrait le résilier par un "revers de crayon". Cette initiative marquant l'irruption de certains membres du congrès dans la politique étrangère américaine, du jamais vu, a bafoué l'autorité constitutionnelle du Président américain qui depuis George Washington dispose du droit de signer des accords internationaux de par l'exercice de son pouvoir exécutif. Il semblerait que l'aile droite du parti républicain soit aveuglée par sa haine à l'égard de Barack Obama.

Le discours, excessif, du premier ministre israélien, candidat à sa propre succession le 17 mars prochain, devant les deux chambres réunies du congrès, à l'invitation de la majorité républicaine, ne semble pas avoir réussi à modifier la volonté de Washington d'aboutir à un accord historique avec l'Iran. Ce discours ne semble même pas avoir servi les dessins électoraux de Netanyahu qui perd des points face à son challenger du centre gauche, Issac Herzog. Il est vrai que beaucoup d'Israélien n'ont pas apprécié l'intervention du chef de leur exécutif dans la vie politique intérieure de leur allié de toujours. Il en va de même de beaucoup d'américains qui n'ont pas supporté cette brutale irruption dans leur vie politique domestique d'un chef de gouvernement étranger. De moins en moins d'américains, voire même d'israéliens sont dupes du discours sécuritaire d'un Netanyahu, qui pour des raisons électorales internes, crie au loup en permanence. En tout cas, son concurrent direct ne semble pas avoir le même regard pessimiste sur le nucléaire iranien puisqu'il a dit qu'il faisait confiance à l'administration Obama.

Les saoudiens et leurs alliés arabes du golfe persique ont également déployé la totalité des arcs qu'ils avaient à leur cordes en faisant usage du seul outil diplomatique de leur arsenal, la diplomatie du portefeuille. Ils ont beau crier, eux aussi au loup, le monde arabe ne semble pas être préoccupé par les mêmes craintes. En effet, le monde arabo-musulman, voyant l'irruption sanguinaire de ces hordes d'assassins fanatisés du prétendu Etat Islamique craint davantage pour sa vie au quotidien et pour le devenir de ses progénitures dans ce Moyen Orient à feu et à sang que pour la pérennité des dômes dorés des palais des cheikhs. En effet, aussi bien le Moyen-Orient que l'Europe que les Etats-Unis ont besoin d'un accord sur le nucléaire iranien.

Faute d'un accord, la première question qui se poserait dans ces terres ensanglantées de l'Iraq et de la Syrie est celle de savoir qui, si ce n'est l'Iran, va pouvoir mettre un terme à la chevauché sauvage des fanatiques wahhabites inféodés à la doctrine du Takfir, celle qui ne tolère aucune dissension par rapport aux dogmes féodaux de l'islam Hanbalite radicale. Les capitales arabes, celle de la Jordanie en premier, pourront-elles tenir face à la violence moyenâgeuse du prétendu Etat Islamique sans le concours des seuls qui ont une raison existentielle de les combattre, les iraniens chiites et leurs alliés, premières cibles de Daech !

La seconde question sera celle de l'indépendance énergétique de l'Europe dans ce climat de guerre froide engendrée par le gel des relations avec la Russie et son cheval de Troie énergétique Gazprom. Quel autre pays, si ce n'est l'Iran, dispose des réserves gazières suffisantes pour assurer à l'Europe sa souveraineté face à la main mise énergétique de Poutine ?

Enfin peut-on faire l'économie du retour de ce géant qu'est l'Iran dans l'échiquier économique mondial ? L'Iran dont le retour dans le système financier international sera du même ordre que l'absorption des pays de l'Europe de l'est suite à la chute du mur de Berlin ? Peut-on prendre le risque de présenter un refus à l'initiative courageuse du gouvernement iranien du Président Rouhani en opposant un veto à l'accord nucléaire imminent ? Une fois sa légitimité sapée, qui prendra la place de Rohani qui a tout misé sur un accord avec l’occident ? N’oublions pas qu’il existe aussi à Téhéran une aile dure ? Continuer à laisser la question iranienne être dominée par l'idéologie et la rhétorique n'aboutira qu'à maintenir la planète dans un univers sombre. Oublier l'Iran c'est comme oublier la Chine. C'est impossible.

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