Prendre de la vitamine D pour passer l’hiver : un business, oui, une justification médicale, pas toujours<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Santé
Prendre de la vitamine D pour passer l’hiver n'a pas forcément de justification médicale.
Prendre de la vitamine D pour passer l’hiver n'a pas forcément de justification médicale.
©

Sujet à controverse

C'est un cas unique pour l'organisme humain, seuls 33% de nos besoins en vitamine D sont apportés par notre alimentation. Les 66% restants, nous les fabriquons par nous-mêmes, avec l'aide indispensable du soleil. Reste que ses effets bénéfiques sont aujourd'hui encore sujets aux controverses scientifiques les plus farouches.

Réginald Allouche

Réginald Allouche

Réginald Allouche est médecin et ingénieur. Il assure une consultation principalement axée sur le diabète gestationnel, la nutrition et la prévention du diabète de type II.

Son dernier livre publié aux Editions Odile Jacob porte sur ce théme du prédiabète : Du plaisir du sucre au risque du prédiabète, publié chez Odile Jacob.

Voir la bio »

Atlantico : Qu'est-ce que la vitamine D et pourquoi est-elle si importante ?

Reginald Allouche : La vitamine D est une vitamine très particulière car contrairement aux autres vitamines nous en fabriquons 66% de nos besoins par nous-mêmes .

C'est un cas unique pour l'organisme humain. Seuls 33% sont apportés par l'alimentation.

Nous la fabriquons dans les couches profondes de notre peau avec l'aide indispensable du soleil. En effet grâce aux UV du soleil, la synthèse de cette quasi-hormone s'effectue. Donc si peu de soleil alors peu de vitamine D. Les réservoirs de vitamine D sont le foie, les muscles et le tissu adipeux.
Le vitamine D a pour rôle principal de fixer le calcium sur les os de notre squelette. C'est aussi grâce à cette vitamine que nous absorbons le calcium au niveau de l'intestin et que nous l'empêchons de fuir au niveau du rein.

Mais la vitamine D joue aussi un rôle dans le renforcement de nos défenses immunitaires, dans la protection de nos neurones, dans l'équilibre tensionnel et aussi dans le contrôle de la sécrétion de cette si puissante hormone de régulation qu'est l'insuline.

Quelle est la bonne quantité de vitamine D pour notre organisme ?

Malgré l'importance de cette vitamine pour notre organisme, nous n'avons pas de données précises sur les dosage dans le sang.

Les chiffres dit normaux sont compris entre 30 et 80 ng/ml mais il n'y a pas encore de consensus sur les méthodes de laboratoire pour le dosage.

Pour ajouter à la complexité,  ces chiffres sont des chiffres "constatés" dans la population dite en bonne santé et ne correspondent pas nécessairement aux besoins. Ces besoins varient également :

  • En fonction de l'âge ( après 70 ans nous produisons à peine 25% de nos besoins théoriques ;
  • De la latitude du pays dans lequel on vit (du fait de la qualité de l'ensoleillement et des vêtements portés) ;
  • De la couleur de la peau ;
  • De la période de l'année ;
  • Du fait d'être en surpoids voire obèse car cela augmente les besoins ;
  • En cas d'alcoolisme chronique ;
  • En cas de grossesse ;
  • En de végétalisme.


Il est donc grand temps que nous ayons des chiffres précis en tenant compte de ces paramètres. Une mesure qui ne tient pas compte des conditions environnementales ne peut servir que d'indicateur génral, sauf bien sûr en cas de carence forte avec des chiffres inférieurs à 20 ng/ml.

Pourquoi y-a-t'il une polémique autour de l'utilité réelle de la vitamine D ?

Si vous avez un taux de vitamine D circulante inférieur à 20 ou 30 ng/ml, il faut compenser cette baisse par la prise de suppléments ou en augmentant vos rations de poissons comme le saumon, les sardines et les maquereaux. La vedette incontestée étant l'huile de foie de morue de nos grands-mères mais son caractère hédonique reste à prouver !

Les études récentes sont très contradictoires. Certaines montrent un effet protecteur de la vitamine D concernant certaines maladies dégénératives voire certains cancers. D'autres ne montrent pas d'évidents bénéfices. Si votre taux dans le sang est normal et que vous vous sentez fatigué vous pouvez essayer de vous supplémenter pendant une période de 3 mois et si vous vous sentez mieux vous pouvez continuer aux doses usuelles ( 600 à 1000 UI par jour), il n'y a pas de risque de surdosage.

En réalité, il y a une maladie pour laquelle un bon niveau de vitamine D est protecteur : le diabète de type 2 encore appelé diabète gras. C'est une maladie qui touche de plus en plus de personnes et son diagnostic précoce au stade de prédiabète est absolument nécessaire. En effet au stade de prédiabète tout est encore réversible.

D'après une enquête de la NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey) sur  plus de 23 000 personnes, celles qui avaient le taux le plus élevé de vitamine D avaient un risque significativement plus faible de devenir diabétiques de type 2.

Par contre d'autres études ont montré que la vitamine D pouvait augmenter le risque de cancer de la prostate. Cela dit nous savons que la valeur de la calcémie (c'est à dire la quantité de calcium circulant dans le sang) peut jouer un rôle dans le développement de ce cancer. La vitamine D aide à la captation du calcium, il semble donc que la responsabilité de la vitamine D ne serait pas directe mais secondaire.

Pour compliquer l'analyse, les mesures de vitamine D sont effectuées dans le sang circulant et on ne connait rien à la quantité effectivement captée par les cellules... Un facteur de complexité supplémentaire pour connaitre les bons chiffres.

En période hivernale, faut-il prendre des suppléments de vitamine D ?

Je me risque à répondre à la question posée ; pour ma part je réponds : non, la vitamine D n'est pas une arnaque et à titre personnel je prends des gelules de vitamine D pendant les mois de moindre exposition en hiver.

Pour répondre convenablement aux questions du public, il est grand temps en matière de supplémentation en vitamines et minéraux de définir des modèles qui nous permettront de sortir du  domaine de la rumeur pour entrer dans le domaine de la science ! Ce n'est pas parce que les compléments alimentaires sont des produits sans AMM (Autorisation de mise sur le marché ) qu'ils ne méritent pas des programmes d'investigation et de recherche dignes de ce nom.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !