Nouvelle planète habitable : pas encore besoin d’appeler les déménageurs <!-- --> | Atlantico.fr
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S'installer sur une "nouvelle Terre" est encore utopiste.
S'installer sur une "nouvelle Terre" est encore utopiste.
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Espace

Le télescope de l'Observatoire européen austral, au Chili, découvre une planète potentiellement habitable. Nouvelle Terre ?

Jean-Loup Bertaux

Jean-Loup Bertaux

Jean-Loup Bertaux est un universitaire et chercheur spécialiste des milieux interstellaires, des vents solaires, et des atmosphères planétaires.

Directeur de recherche au service d'Aéronomie du CNRS, il reçoit la Médaille Huygens en février 2010. 

 

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Atlantico : Que sait-on de cette nouvelle planète ?

Jean-Loup Bertaux : Elle fait partie d’un lot de 50 nouvelles exoplanètes qui ont été annoncées lundi dernier. En réalité on avait déjà publié son orbite, mais là il a paru intéressant de la mettre en perspective avec les autres planètes qui ont été découvertes. Cette planète, a la particularité d’être dans la zone habitable, c’est-à-dire propice à la présence d’eau sous forme liquide, et par là même à d’éventuelles traces de vie.

Cette planète se trouve donc dans le bon créneau, dans sa distance par rapport à son étoile ?

Absolument. Néanmoins il faut aussi voir que l’étoile qui l’éclaire est tout de même plus petite que le soleil. Elle est donc beaucoup moins lumineuse, ce qui signifie que la zone habitable pour cette étoile est plus proche de l’étoile que dans le système solaire. Dans le système solaire la zone habitable c’est à peu près à une unité astronomique (c’est-à-dire l’orbite de la terre). C’est ce qui permet d’ailleurs de la détecter, parce qu’actuellement la méthode utilisée par le spectromètre HARPS, qui a fait la découverte, ne permet pas de détecter les planètes dans des zones habitables si elles sont trop petites, et ce parce qu’on regarde surtout les planètes de type solaire. On ne peut pas détecter de planète habitable autour d’étoiles qui sont comme le soleil. Dans le futur ce sera possible.

La présence d’eau sous forme liquide signifie-t-elle qu’on peut y trouver des formes de vie comparables à celles de la Terre ?

Soyons clairs: autant nous sommes vraiment convaincus que la vie a besoin de l’eau liquide, autant si la vie apparait ailleurs, sur une autre planète, elle peut exister sous des formes fantastiquement différentes. On voit bien que sur Terre les formes de vie sont déjà extrêmement diversifiées, alors ce serait vraiment étonnant que l’on trouve exactement les mêmes espèces sur d’autres planètes. Je n’y crois pas trop. L’imagination de la nature est immense.

L’hypothèse de coloniser un jour une autre planète, si elle est vivable, est-elle envisageable ?

Il y a une différence entre notre système solaire et les autres systèmes. Donc dans un avenir proche, je n’y crois pas trop. Coloniser la planète Mars paraîtrait déjà un peu utopique. Mais surtout je n’en verrais pas bien l’intérêt, car la Terre a bien plus d’attraits ! Il faut vraiment s’accrocher à notre planète Terre et essayer de la garder  vivable, c’est ça l’objectif. Quant à aller vivre sur une autre planète, c’est à moyen terme, impossible. Les voyages entre les étoiles sont extraordinairement difficiles. Alors peut-être que dans quelques millions ou milliards d’années, nous serons obligés de changer de planète. Quand le soleil deviendra un peu plus gros que ce qu’il est, nous devrons aller ailleurs, mais cette idée dépasse mon horizon.

Reste-t-il encore beaucoup de choses à découvrir ?

 Ah oui, il y a énormément de choses à explorer, dans les trente ou cinquante prochaines années. Nous allons regarder toutes les étoiles proches du Soleil, et chercher, pour chacune, des planètes gravitant autour. Petit à petit nous allons ainsi faire un inventaire de toutes les planètes habitables qui ne sont pas trop loin du Soleil, parce que c’est celles-là où il peut y avoir d’autres formes de vie, et de vie intelligente. Je dis « il peut », parce que ni moi ni personne ne peut dire aujourd’hui si elles existent ou pas. Nous n’avons aucune preuve là-dessus.

Auparavant la Lune était le principal chantier de la recherche, aujourd’hui c’est la découverte de nouvelles planètes potentiellement habitables?

Le premier travail, ce sont toutes ces observations au sol, qui permettent de détecter la présence de planètes autour des étoiles et même de déterminer leur distance.  Viennent ensuite les projets spatiaux, avec lesquels nous pourrons aller les examiner et en dire plus : ont-elles une atmosphère ? Le cas échéant, de quoi est-elle composée ? Contiennent-elles de l’eau ? L’eau, l’oxygène, sont des indicateurs de la présence potentielle de vie.

Durant la Guerre Froide, la conquête de l’espace , c'était les Etats-Unis et l’URSS. Quelles sont aujourd’hui les puissances spatiales qui investissent véritablement dans la recherche ?

L’Union Soviétique s’est un peu effondrée du côté spatial, donc il faut compter surtout avec les Etats-Unis, et l’Europe, qui a un programme très conséquent… La Chine peut aussi envoyer des hommes dans l‘espace. Quant à la Russie elle essaie de remonter un peu la pente, mais pour l’instant elle n’a pas encore fait beaucoup de missions  à succès. Elle s’apprête à lancer une mission vers Mars, en novembre. La Russie a tout de même encore une importance, puisqu’en réalité c’est grâce à la Russie, aujourd’hui, que l’on peut rejoindre la station spatiale internationale, à bord de laquelle il y a 6 personnes. Sans les lanceurs russes on ne pourrait pas les rejoindre, puisque les Etats-Unis ont arrêté leurs navettes spatiales, et l’Europe n’en a pas. 

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