Nicolas Sarkozy sur France 2 : déterminé à rassembler autour de son projet, il séduit la droite et s'attire les foudres de la gauche<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy était l'invoté du journal de France 2 ce dimanche
Nicolas Sarkozy était l'invoté du journal de France 2 ce dimanche
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Analyse

L'intervention télévisée ce dimanche de l'ancien chef de l'Etat, fraîchement candidat déclaré à la présidence de l'UMP, au journal de France 2 a suscité de nombreuses réactions dans la classe politique.

Il était attendu. Après l’officialisation de son retour aux affaires ce vendredi par le biais d’un message posté sur son compte Facebook, Nicolas Sarkozy s’est expliqué plus en détail ce dimanche sur son choix. Invité du journal télévisé de France 2, l’ancien chef de l’Etat a en effet exposé pendant près de quarante minutes les motivations d’un tel retour. S’il a fait part de son "envie", l’ex-président de la République a surtout assuré ne pas avoir"le choix" face au PS et au FN. "Je ne veux pas que mon pays soit condamné entre le spectacle humiliant que nous avons aujourd'hui et la perspective d'un isolement total qui serait la perspective du Front National. Non seulement j'ai envie, mais je n'ai pas le choix", a ainsi estimé Nicolas Sarkozy.

Et de poursuivre, sûr de son fait :"Je suis venu pour créer les conditions d'une alternative crédible qui rassemble les Français bien au-delà des clivages habituels, droite, gauche, centre, écologistes, libéraux, qui n'ont plus aucun sens". Même s’il est apparu quelque peu apaisé et s’est voulu le plus rassembleur possible, deux ans et demi après son échec à l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy n’a en réalité pas beaucoup changé, il est toujours aussi combatif. Preuve en est son long réquisitoire à l’encontre de François Hollande. "Au fond, il est son propre procureur", "il est temps qu'il se rende compte que c'est lui le président, pas moi", "Hollande pense le plus grand mal de moi, je ne pense rien de lui" ou encore "les deux premières années (du quinquennat, ndlr) ont été passées à démolir ce que j'ai fait", l’ancien président de la République a multiplié les petites piques à l’encontre de son successeur. Une des phrases chocs de son interview aura aussi été sa référence au débat de l’entre-deux-tours de 2012 : "que reste-t-il de la longue série d'anaphores, vous savez, "moi président" ? Une longue litanie de mensonges", a-t-il asséné.

S'il a concédé quelques "erreurs" l'ayant conduit à la défaite en 2012, Nicolas Sarkozy, qui se voit en homme de "courage", a donc lancé les bases de son projet de reconquête de l'UMP. Une intervention télévisée qui, comme on pouvait s’en douter, a suscité de nombreuses réactions de la part de la classe politique française. Ainsi, le Parti socialiste, qui s'est exprimé par le biais d'un communiqué de sa porte-parole, Corinne Narassiguin, a parlé de "fausse modestie" de la part de l’ancien chef de l’Etat : "Nicolas Sarkozy fait déjà aujourd'hui le contraire de ce qu'il avait promis il y a deux jours : fausse modestie qui cache mal l'arrogance, esprit de revanche et d'affrontement, il sature l'espace médiatique en espérant que le bruit fera oublier les affaires. C'est plus fort que lui". Et le PS d’oser une comparaison : "Comme Silvio Berlusconi, il n'échappe pas à sa nature profonde".

Dans un communiqué, le Parti de gauche estime pour sa part que "France 2 a imposé aux Français un grand exercice de narcissisme cathodique autour de Nicolas Sarkozy, qui a annoncé la couleur en disant qu'il fera "la même chose", mais cette fois sur un autre ton. Faisant le pari de l'amnésie générale des Français, Sarkozy a affirmé sans vergogne qu'il n'avait "pas menti", tout en évoquant les grandes mobilisations de 2010 qui lui reprochaient - justement - d'avoir menti pendant sa campagne sur le maintien de la retraite à 60 ans."

A noter que les critiques ne s’arrêtent pas à gauche. Elles sont tout autant virulentes à droite. Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, s’est notamment montré particulièrement acerbe : "Ce soir, les Français auront compris que Nicolas Sarkozy n'a pas changé. Parlant davantage de lui que de la France, il a refusé de tirer les leçons de ses échecs passés » a-t-il jugé. Et de poursuivre, vindicatif : "Il prend en otage l'UMP pour assouvir sa soif de revanche sur François Hollande. L'ancien chef de l'État ne sert pas l'urgent besoin d'alternance ressenti dans notre pays". Sur le même ton, Guillaume Lacroix, secrétaire général du Parti radical de gauche, a estimé avoir suivi "une causerie nombriliste bien éloignée des attentes des Français". Et d’ajouter, "sans aucune proposition alternative, sans aucune vision d'avenir pour la France, Nicolas Sarkozy s'est érigé dimanche soir en donneur de leçons qu'il ne s'est pas appliquées à lui-même lors de sa vie publique." Louis Aliot, vice-président du Front national interrogé par France Info, a, lui, trouvé l'ancien président "fade, sur la défensive". "Petit à petit il reprend l'argumentaire du Front national", a-t-il ajouté, lui reprochant de leur "refaire le coup de l'entre-deux-tours en 2012", et la fameuse ligne Buisson qui reprenait nombre des thématiques chères à l'extrême-droite.

Concrètement, les adversaires de Nicolas Sarkozy ont surtout pointé le fait que "rien n’avait changé" : "Je n’ai vu ni projet, ni proposition. Sur le fond, cela n’apporte rien aux Français" a ainsi estimé Yves Jégo, candidat à la tête de l’UDI, sur BFMTV. "Sur le fond, à part critiquer #Sarkozy n’a avancé aucune proposition ni aucune perspective, il est toujours autocentré sur lui. #SarkoLeRetour" a estimé sur Twitter, Yann Galut, député PS du Cher. "Un ton revanchard contre Hollande, des piques contre ses rivaux #UMP et même une attaque contre les journalistes #Sarkozy #inchangé" a posté pour sa part François de Rugy, le député EELV de Loire-Atlantique. Ce lundi, sur RTL, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, ne dit pas autre chose : "Il revient la rancune au cœur et la revanche à l'esprit". Selon lui, Nicolas Sarkozy n'a pas changé : "Son programme c'est lui, son bilan c'est l'autre".

Et dans son propre camp, que pense-t-on de cette intervention télévisée ? L’un de ses plus fidèles lieutenants, le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a salué sur Twitter sa prestation : « Un Nicolas Sarkozy avec beaucoup de hauteur et de recul ce soir au journal de France 2 ». « Nicolas Sarkozy est bien le formidable combattant politique dont l'opposition a tellement besoin ! », s'est félicité pour sa part le député des Alpes-Maritimes, Lionnel Luca. Geoffroy Didier, l'un des co-fondateurs de la droite forte, a loué sur i>TELE les atouts de l'ancien président, le trouvant entre autres "entier" et "intègre". Toujours sur la chaîne d’information, l’ancien ministre Eric Besson a trouvé Nicolas Sarkozy"beau" et "adapté à la situation".

Mais ses rivaux dans tout ça ? Si dimanche soir, Nicolas Sarkozy a tenu à se montrer élogieux avec son ex-ministre des Affaires étrangères ("Alain Juppé, je l'ai connu quand j'avais 20 ans. C'est un partenaire, c'est un ami, c'est un compagnon, c'est quelqu'un pour qui j'ai même de l'admiration et j'aurai besoin de lui"a-t-il indiqué), pratiquement au même moment le maire de Bordeaux publiait sur son blog "les grandes lignes" de son "projet pour l'alternance": croissance, Europe, éducation nationale, unité nationale. Auparavant, il avait déjà fait savoir qu’il était prêt à "aller jusqu'au bout" du "match" avec Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017. Tout aussi déterminé, François Fillon a seulement déclaré qu’il n’avait «pas le culte des sauveurs» mais celui « des idées » .

Enfin, Hervé Mariton, l’un de ses adversaires à la présidence de l’UMP, s'est montré très sévère à son égard. Su France Info, il s’est dit « choqué »: "Quand Nicolas Sarkozy explique qu'on n'est ni de droite ni de gauche, cela veut dire quoi ? Cela me choque qu'un candidat à la présidence de l'UMP ait aussi peu de considération pour le parti à la présidence duquel il aspire". Et de conclure en taclant l'ancien chef de l'Etat sur la campagne présidentielle de 2012 :  "Sur les problèmes internes de l'UMP, Bygmalion, le trou financier. J'ai trouvé que Nicolas Sarkozy était tout de même très léger de dire au fond 'on n'avait qu'à pas perdre les élections. Il aurait fallu d'abord que le compte de campagne de la présidentielle ne soit pas rejeté…"

On l’a vu, le retour sur le ring politique de Nicolas Sarkozy ne laisse personne indifférent. Mais pour l’heure, peu d’informations filtrent quant à son programme pour l’UMP et l’on ne sait pas encore comment il compte mener sa campagne. Il se murmure qu’il devrait tenir son tout premier meeting ce jeudi à Lambersart dans le Nord. S'il a assuré ne pas penser encore à 2017, nul doute qu’il doit y penser quelque peu en se rasant...

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