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Investir en bourse implique des frais en dehors du simple achat d’action.
Investir en bourse implique des frais en dehors du simple achat d’action.
©Reuters

A l'épreuve de la compta

Les actions en bourse peuvent faire miroiter de juteux bénéfices. Cependant, la réalité des rendements une fois réglée la note des impôts, frais de courtages et autres est parfois loin du profit de base espéré.

Patrice Poncet

Patrice Poncet

Professeur Agrégé des Universités en Sciences de Gestion.
Ph.D. in Finance, Kellogg School of Management, Northwestern University, USA.
Maîtrise de Droit Privé, Université de Paris II Assas.
Diplôme ESSEC.

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Atlantico : Investir en bourse implique des frais en dehors du simple achat d’actions.  Les profits annoncés peuvent être trompeurs Pourquoi ne faut-il pas s'y fier ? Quelles taxes existent actuellement sur les transactions boursières?

Patrice Poncet : Il ne faut jamais se fier à un résultat brut (cours de vente moins cours d’achat divisé par le cours d’achat, (e.g. (106-101)/101 = 4,95%) car la rentabilité de l’investissement en bourse est grevé de plusieurs coûts : courtage à l’achat et à la vente, droits de garde ou conservation des titres, 
frais de gestion éventuels, impôt sur le revenu (dividendes et coupons d’obligations), impôt sur les plus values et prélèvements sociaux!
Pour l’aspect fiscal, les choses sont comme d’habitude compliquées mais je vais simplifier :
  • Pour les revenus, on ajoute dividendes et coupons à son revenu imposable et on paie donc dessus le taux marginal d’imposition (soit entre 0 et 45%); cependant, on a le droit à un abattement de 40% du montant reçu puis 3050 euros en plus. En résumé, on paie le taux marginal d’imposition sur le revenu  sur 
un peu moins de 60% du montant reçu. Sur la tranche maximale (45%) et pour de gros dividendes et coupons, on paie donc approximativement 45% x 60%= 27%, taux maximal.
  • pour les plus values nettes (on peut déduire les moins values), le taux est de 18% sauf si le total annuel des titres revendus est inférieur à 25 730 € (le taux est alors de 0%)
auxquels il faut ajouter les prélèvements sociaux de 12,1%, soit 30,1%!
Seule consolation: exonération de l’impot sur les plus values de  18% (mais PAS des prélèvements sociaux de 12,1%) si conservation continue des titres vendus égale ou supérieure à 8 ans (5 ans dans le cadre d’un PEA)
On voit donc bien que le capital et son revenu sont assez fortement imposés en France.

A combien s'élèvent en moyenne les commissions, frais de courtage ? Comment sont-ils encadrés?

Question tres difficile car il y a beaucoup de cas de figures, frais fixes et/ou variables, qui dépendent en général du montant de l’ordre (à retenir : plus le montant de l’ordre d’achat ou vente en bourse est faible, et moins il est fréquent, plus il est cher
pour les gros montants, et fréquents, les frais de courtage sont minimes). De plus, les frais varient beaucoup selon les banques ou intermédiaires financiers. Je placerais la fourchette (large) entre 0,1 et 2%, sans mettre ma tête sur le billot sur ce point!
Il n’y a pas d’encadrement car il serait inutile, la concurrence étant assez vive entre banques ou intermédiaires financiers et jouant en général assez bien. Mais il y a des exceptions et je recommande de regarder des comparatifs indépendants pour choisir selon son profil d’investisseur (gros, petit, fréquent, pas fréquent, etc.)

Quel rôle joue l'inflation sur le rendement des actions en bourse ?

Naturellement, tous les caculs précédents se font sur des valeurs nominales (en euros courants) SANS tenir compte de l’impact de l’inflation. Il faut tenir compte de cette dernière pour calculer des valeurs réelles (en euros constants) et bien avoir la rentabilité réelle en pouvoir effectid d’achat.
Approximativement, il faut retrancher le taux d’inflation annuel du taux de rendement net nominal pour obtenir le  taux de rendement net réel. Si par exemple, vous avez gagné 4% bruts, et que vous avez payé 25% de cela en courtages et impôts, il vous reste 3% nominal net. Si l’inflation est de 1%, vous avez réellement gagné 
(approximativement) 2% . Si l’inflation dépasse 3%, vous avez PERDU. Heureusement, en ce moment l’inflation est très faible en France (genre 1% justement, d’où mon exemple).

Comment est "redistribué" le total des gains engendrés par une action? Quelle est la part des intermédiaires ?

Compte tenu de ce que j’ai dit plus haut, je dirai en gros 20/25% à l’Etat (impôt sur les revenus et sur les plus values), et 10/15% aux intermédiaires.
Mais attention, la part réelle de l’Etat est beaucoup plus importante au total car il ne faut surtout pas oublier que les dividendes versés par les entreprises ont déjà subi une fiscalité de 33% environ du fait que les benefices des entreprises sont imposables à ce taux. 

Qu’est-ce qui fait baisser le taux d'intérêt des actions ?

Les actions ne portent pas intérêt, contrairement aux obligations; leur rentabilité est la somme du taux de dividende (en général aléatoire) et du taux de plus value (aléatoire, voire tres aléatoire, en particulier il peut être très négatif). Sur le court terme, cette rentabilité évolue au gré des sentiments des investisseurs et de la conjoncture nationale et internationale. Sur le long terme, c’est la rentabilité economique de l’entreprise qui prévaut largement, qui elle même dépend d’abord de la qualité de sa politique d’investissement (au sens large, cela inclut evidemment tous les employés, pas seulement le capital physique) et accessoirement de la justesse de sa politique de financement (par exemple, avoir de la dette, mais pas trop).

Finalement, quelles sont les conditions pour investir fructueusement?

Pas de miracle : l’enseignement majeur de la finance, à part qu’il faut diversifier son portefeuille, est qu’il faut prendre des risques pour gagner, en moyenne, plus que le taux d’intérêt de base. Il faut donc savoir évaluer le risque car certains risques ne sont pas rémunérés par une prime de risque et il faut donc ne pas les prendre (c’est pourquoi il faut diversifier son portefeuille, par exemple, mais pas trop non plus)

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