Les stars de la NBA ne font pas gagner l'équipe de France

Atlantico : Quelles sont les principales différences entre la NBA et le basket européen ?

Loïc Artiaga : Les baskets américain et européen sont deux baskets qui se sont construits dos à dos : au premier la création du jeu dans les années 1890 et celle du premier championnat professionnel, au seconds la fondation de la fédération internationale en 1932, et l'organisation mondiale du jeu jusqu'à aujourd'hui. A travers les grandes compétitions (le basket est aux JO depuis 1936), les deux continents se sont retrouvés sur un même terrain. Mais ce sont les deux guerres mondiales, qui ont amené des soldats américains (avec règles, techniques et ballons) en Europe, puis la professionnalisation progressive du basket en Europe  dans les années 1960 qui ont rapproché les jeux américain et européen.

L'augmentation du nombre de joueurs français jouant en NBA va-t-il avec l'amélioration du niveau de l'équipe de France ?

Il faut d'abord noter que les bons joueurs français évoluant en NBA sont avant tout le fruit d'un excellent système national de formation. Tony Parker et les autres sont passés par l'INSEP avant d'aller jouer aux Etats-Unis. En 1948, l'équipe de France était en finale des JO, comme en 2000, avant que ne commence la grande émigration des joueurs français en NBA. Il ne faut pas oublier que la NBA s'est ouverte, depuis le milieu des années 1980, aux bons joueurs de tous les pays du monde, et pas seulement à ceux issus de l'Hexagone. Elle l'a d'ailleurs fait essentiellement pour des raisons mercantiles. Il est plus facile de vendre des droits TV et des produits dérivés de la NBA en Allemagne avec Dirk Nowitzki à Dallas, ou en Chine avec Yao Ming à Houston.

Le basket en France s'américanise-t-il  ?

Une ombre américaine a toujours plané sur le basket français. Mais c'est d'abord l'effondrement de ses pivots historiques qui a permis une plus forte pénétration de la culture américaine. Ainsi, l'influence des "patros" catholiques et des clubs travaillistes s'est effacée. Le basket US, sur fond global de montée dans la jeunesse de la culture étasunienne (musiques, vêtements, etc.), a profité de la télévision (il est sur Canal + depuis le milieu des années 1980) et des VRP de la "Dream Team" américaine des Jeux de Barcelone (1992).
Le paradoxe est que certains traits contemporains du basket-ball, comme le développement d'un basket de rue hors des sentiers fédéraux, sont interprétés comme les signes d'une américanisation accrue, alors qu'ils rejoignent des aspects du basket européen originel, qui se pratiquait majoritairement en extérieur. Les finales du championnat de France se déroulaient dans les années 1930 dans les arènes de Lutèce, à Paris.

Quel est l'impact des résultats de l'équipe de France sur la popularité du basket ? la popularité du basket ne passe-t-elle que par l'imaginaire de la NBA ?

Le travail, ici, est à construire du côté de la Fédération. On imaginait à la fin des années 1990 que le vecteur de la Dream Team et d'une NBA européanisée servirait le développement du basket sur le vieux Continent. Or, les effectifs sont stables, contrairement, en France, à d'autres sports qui réussissent mieux à convertir les résultats de leurs élites (le handball, par exemple). A l'époque où nous vivons, un sport peut être médiatiquement populaire sans forcément entraîner des embouteillages à l'entrée des clubs amateurs.