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François Hollande, le meilleur ennemi des socialistes
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Appareil socialiste

François Hollande a enfilé le costume de leader à La Rochelle. Or, depuis Mitterrand, les socialistes entretiennent un rapport ambigu avec la figure du chef.

Martin Aurenche

Martin Aurenche

Martin Aurenche est blogueur politique sur "Le Mal Pensant" et amateur de droit électoral.

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François Hollande avait convié quelques journalistes samedi matin à la Rochelle à un point presse "informel". Au lieu de la poignée de journalistes lèves-tôt à laquelle il a feint s'attendre, François Hollande s'est exprimé devant une centaine de journalistes. Qu'il l'ait cherché ou non, l'ancien premier secrétaire du parti est devenu le chouchou des média. Tous titrent aujourd'hui sur sa probable victoire. Et cerise sur le gâteau, les sondages sur les intentions de votes aux primaires le donne caracolant en tête pour ravir la place de candidat officiel du parti. Un cocktail réussi pour être le socialiste le plus détesté de son propre parti.

Car c'est là tout le problème des socialistes. Ils détestent les leaders. Les leaders sont suspects. Depuis Mitterrand, dès qu'une tête a dépassé, elle est devenue la cible commune du troupeau d'éléphants socialistes. C'est cette même aversion pour le leadership qui fait que les socialistes n'ont jamais laissé depuis les années 90 leur premier secrétaire devenir naturellement le candidat légitime du parti à l'élection présidentielle. Hollande, nouveau favori des socialistes, est donc devenu l'homme à abattre dans son propre camp, comme Ségolène Royal l'a été avant lui avec toutes les humiliations que le PS lui a fait subir en 2006-2007, alors qu'elle était encore la "madone des sondages".

Si François Hollande parvenait donc à gagner les primaires et être le candidat des socialistes, commencerait alors pour lui le plus dur : rallier son camp. Car tous le détestent et n'ont aucune envie de le voir les porter à la victoire.

Un Parti socialiste qui faisait "pitié" en 2008

Martine Aubry d'abord. Elle nourrit depuis plusieurs années un profond mépris pour François Hollande. La maire de Lille ne s'est d'ailleurs pas gênée pour dénoncer dans son allocution à la Rochelle un Parti Socialiste qui faisait "pitié" en 2008, au moment où elle l'a repris en main. Attaque cinglante contre son prédécesseur rue de Solférino, qui selon elle a toujours été l'homme du "consensus mou", laissant les divisions internes prospérer pendant sa mandature. Elle méprise aussi celui qui n'a jamais été ministre et qu'elle surnomme avec dédain "Monsieur petites-blagues". Pire, François Hollande est en passe de gagner la primaire avec les voix des votants qui ne sont pas adhérents au PS, ce qui pour la première secrétaire Aubry fait office d'imposture. Pour couronner le tout, Aubry tient pour responsable Hollande, alors premier secrétaire, de n'avoir pas pu être candidate aux législatives à Lille en 2007, la poussant à se rabattre sur la mairie en 2008.

Aubry tient peu ou prou les exécutifs locaux qui lui ont permis de devenir (en trichant, certes) première secrétaire. Elle tient aussi par l'intermédiaire de Benoit Hamon le Mouvement des Jeunes Socialistes. Deux piliers qui pourraient manquer à Hollande s'ils ne faisaient que mollement campagne pour lui.

Celle qui arriverait troisième de la primaire pour l'instant n'a guère plus envie de voir son ex-compagnon réussir là où elle a échoué. Ségolène Royal n'a jamais pardonné au père de ses enfants l'humiliation de l'avoir trompée ouvertement, alors qu'elle menait campagne en 2007. Ses supporters qui sont certainement les plus fervents et les plus fidèles, se garderaient bien de faire campagne pour un candidat qu'ils n'ont pas choisi.

Parmi les ténors socialistes candidats à la primaire, reste aussi Montebourg. Les deux hommes ne s'apprécient aucunement. L'élu de Saône-et-Loire n'a eu de cesse de parasiter la fin de mandat de François Hollande alors que celui-ci était premier secrétaire. C'est parait-il à lui qu'Hollande doit le surnom de "Flamby" et Montebourg reste l'auteur du mémorable "Ségolène n'a qu'un seul défaut, son compagnon" sur le plateau du Grand Journal en 2007.

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