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Innovation et investissement : comment faire pour que Paris ne reste pas sur le carreau
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Le buzz du biz

Un rapport McKinsey a expliqué que l’économie contemporaine ne serait bientôt plus structurée autour de pôles régionaux ou d’État mais autour de villes.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Le tapis rouge. Rien de moins. Le premier ministre britannique, David Cameron, n’avait pas lésiné sur l’effet d’annonce en promettant d’accueillir avec générosité et bienveillance les entrepreneurs françaises fuyant l’oppression de Bercy. Son camarade de parti – et concurrent, le truculent Boris Johnson avait ajouté qu’il ouvrirait volontiers les portes de sa ville aux entreprises fuyant le président Hollande et ses sans-culottes adeptes de la guillotine fiscale. A Paris, les remarques avaient été plutôt mal reçues : du French-bashing, bête et méchant, avaient globalement répondu les commentateurs autorisés.

Que les deux leaders britanniques ne soient pas d’immenses adeptes du socialisme "à la française", n’est pas étonnant (qui pourrait le leur reprocher ? En France même, plus personne ne semble séduit). Leurs sorties n’étaient cependant pas dictées par de simples égos nationalistes. Londres, comme New York ou Paris, est en effet engagée dans une compétition plus large : celle des villes dans la mondialisation au 21e siècle.

Un rapport McKinsey récent a expliqué que l’économie contemporaine ne serait plus structurée autour de pôles régionaux, ni d’Etats, mais autour de villes, vastes agglomérations urbaines rassemblant des compétences variées sur un territoire restreint. La ville au 21e siècle est une entité économique à part entière, un niveau d’analyse pertinent à lui seul.

Les principales agglomérations urbaines se confrontent donc, dans une concurrence mondiale, dont l’objet est d’attirer le maximum d’investisseurs, le maximum d’innovateurs. Bien sûr, chacun connaît la fameuse SiliconValley, concentré californien de créateurs, d’inventeurs et de promoteurs de concepts numériques disruptifs. Chaque pays rêve de reproduire le modèle. Mais peu y parviennent.

Israël a brillamment réussi le défi. La "Siliconwadi" autour de Tel Aviv est ainsi devenue un centre d’innovation mondial, reconnu sur la planète pour ses capacités extraordinaires. Dans leur livre, Israël, la Nation Start-up, Dan Senor et Saul Singer ont montré comment ce territoire exigu, soumis à des contraintes géographiques, politiques et militaires exceptionnelles, est parvenu à se hisser au premier rang international. Pour les auteurs, cela s’explique notamment par la formation des israéliens, académique évidemment mais aussi par l’esprit de débrouillardise et d’invention acquis lors de leurs expériences militaires (obligatoires : le service militaire y est particulièrement long). Ce contexte favorable a été encouragé, notent Senor et Singer, par des réformes de libéralisation et d’allègement de la fiscalité dans les années 1990 et 2000 : Tel Aviv attire, parce que la ville et sa région offrent un cadre macroéconomique de développement idéal.

Aujourd’hui, Londres et Paris entrent dans la course ; et même si, au final, beaucoup de start-ups considèrent que la réussite se matérialise par un départ aux Etats-Unis, aucune de ces villes ne compte se faire distancer.

Récemment, Londres a organisé un événement planétaire en faveur de l’innovation : la Technologyweek organisée mi juin a attiré les plus gros investisseurs mondiaux. L’espace de quelques jours, la ville de la Tamise s’est rêvée en SiliconValley européenne. Et elle le revendique : en 2013, la ville a reçu 800 millions de dollars d’investissement dans les technologies, soit plus que Berlin, Stockholm ou Tel Aviv.Selon le BCG, l’emploi dans le secteur avoisinerait presque les 382 000 personnes, en augmentation de plus de 11% depuis 2009 (155 000, en hausse de 31% selon une autre source, française). Il faut dire que les Gouvernement successifs ont tout fait pour offrir un cadre économique stable et attractif.

Paris n’est pas en reste et, au même moment ou presque, la French Tech a attiré également de nombreux investisseurs, agréablement surpris par les efforts déployés par le gouvernement pour les attirer. Mais la France souffre de difficultés structurelles. A Paris, la fiscalité est instable, mouvante et toujours périlleuse. Quant au Gouvernement, il enchaîne de manière totalement incohérente les déclarations fustigeant la concurrence avec celles vantant les mérites de la disruption. Il a beau vouloir financer des "secteurs stratégiques", il ne parvient généralement pas à deviner l’avenir proche. Cette incohérence est coûteuse pour l’activité économique et l’emploi français.

S’il veut réellement attirer les investisseurs et encourager le développement des innovations, le gouvernement devrait s’inspirer des pistes de réussite étrangères et se contenter, déjà, de proposer un cadre stable et une fiscalité favorable, pour laisser ensuite le jeu du marché intervenir et faire son œuvre.

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