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10 jours après le pseudo-séisme des Européennes, la classe politique française retombe dans ses pires travers, François Hollande en tête
©Reuters

Et vices versa

François Hollande a retenu une leçon des Européennes : il faut agir… sauf qu’il le fait en se jetant dans une réforme bâclée.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Soyons réalistes : s'il suffisait de quelques lois et décrets pour résoudre la crise en France, ce serait peut-être déjà fait. Et s'il suffisait de donner de la voix pour incarner une opposition crédible, l'UMP se porterait mieux.

Mais voilà, jusqu'à présent François Hollande n'a pas su trouver la bonne réponse à l'inexorable progression du chômage ni à l'inquiétante montée du Front national qui revendique désormais le titre de premier parti de France. Quant à l'UMP, elle n'a pas, selon l'aveu de François Fillon devant ses troupes de Force Républicaine, su "mettre à profit sa période d'opposition pour renouveler (ses) nos logiciels (...) mettre au clair de nouvelles convictions, de nouvelles idées et incarner une alternative solide (... ) qui plus est, sur fond de disputes fratricides et de coups tordus". Constat certes lucide, mais d'ici à ce que l'UMP, si elle survit à sa crise interne, retrouve la confiance des Français, il coulera de l'eau sous les ponts.

L'initiative et l'action étant du ressort du pouvoir, en attendant les effets bénéfiques pour l'emploi que sont censés produire le pacte de responsabilité et les crédits d'impôts accordés aux entreprises, François Hollande a décidé d'occuper le terrain politique avec la réforme territoriale, la réduction du millefeuille administratif , soit "la troisième grande réforme du quinquennat avec la réduction des déficits et l'effort de compétitivité des entreprises", selon le porte-parole du Parti socialiste. Un vaste chantier assurément, puisque la dernière grande réforme date de 1960 ,c'est-à-dire de l'époque du Général de Gaulle. Une initiative qui fait hurler le Front de gauche et que les Verts jugent "déconnectée" de la réalité. A l'inverse pour le PS, une réforme qui pourrait faire remonter la cote présidentielle, puisque les instituts de sondages nous enseignent qu'elle est populaire auprès des Français. Mais un chantier qui passe au-dessus de la tête des mêmes Français. Car, passées les railleries provoquées par les récits surréalistes sur la laborieuse élaboration de la future carte des régions, passé le petit jeu de la question autour du nom de ces futurs ensembles, c'est à des plaintes éplorées sur les "mariages forcés" et à des luttes de pouvoir que l'on va assister au cours des prochains mois. Tout cela sur fond de manoeuvres d'appareils. Bien sûr on évoquera l'intérêt général, on critiquera ( c'est déjà largement commencé ), la logique géographique et économique de la future carte ; tellement peu logique d'ailleurs que Manuel Valls a dû laisser entendre qu'elle pourrait être amendée. Mais tout cela ressemble furieusement à un combat de survie, car les élus locaux, joliment qualifiés de "confrérie des immobiles" par un défenseur de la réforme, n'ont aucune envie de se faire hara- kiri et d'être mangés sur l'autel de la réforme territoriale. Toujours optimiste, François Hollande veut les prendre de vitesse et espère que les textes seront votés d'ici la fin de l'année. Pour gagner la partie, il a nommé Thierry Mandon secrétaire d'Etat en charge de la Réforme de l'Etat et de la Simplification. Co-auteur d'un rapport sur ce sujet, celui-ci, lorsqu'il était encore député de l'Essonne, avait évalué à cinq ansminimum le temps qu'il faudrait pour finaliser une réformer territoriale ; en admettant que celle-ci commence à devenir effective au début de 2015, le quinquennat s'achèvera en plein chantier... Que fera alors le successeur de François Hollande qu'actuellement personne ne voit réélu pour un second mandat ? Le centriste Jean-Christophe Lagarde prédit que si la réforme est adoptée, elle ne tiendra pas trois ans.

A moins qu'elle ne devienne irréversible d'ici là. Car du côté de l'UMP, on est plus dans la guerre de tranchées que dans le débat sur les futurs échelons locaux. Pour l'heure, nul ne sait si le triumvirat composé des trois anciens Premiers ministres va survivre et pouvoir se mettre au travail pour organiser le congrès refondateur, car il est contesté par les proches de Jean-François Copé et de Nicolas Sarkozy  :"On est dans un juridisme à deux balles" déplore un membre du bureau politique qui prédit que "si le triumvirat n'arrive pas à travailler, l'UMP explosera" . Il faudra sans doute clarifier les choses par un nouveau vote au bureau politique du parti la semaine prochaine. En attendant, François Fillon attaque : "Des millions d'euros détournés… c'est cela la politique ? La fin justifie les moyens ? On peut mentir, tricher, détourner l'argent des adhérents et des sympathisants et prétendre représenter la France et les Français ? Non !" On attend maintenant la salve retour du camp Copé. La préparation de l'alternance, ce n'est pas pour maintenant !

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