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Carnets secrets de Valérie T. : la vraie raison qui l'a poussé à écrire un tweet de soutien à Olivier Falorni
©REUTERS/Mansi Thapliyal

Bonnes feuilles

Témoin privilégié de la grande et petite histoire, voici le journal - rédigé par un journaliste anonyme mais bien informé - que l'ex-Première dame aurait pu tenir durant les vingt mois passés à l’Elysée aux côtés François Hollande. Extrait de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", publié aux éditions l'Archipel (2/2).

Un journaliste  anonyme

Un journaliste anonyme

Le journaliste auteur de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", a souhaité conserver l'anonymat afin de préserver le secret des sources.

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Jean-Louis Bianco n’est pas n’importe qui. Il a longtemps servi auprès de François Mitterrand et c’est auprès de lui, entre autres, que mon compagnon a fait ses premiers pas au début de sa carrière, ce dont il continue à lui être redevable. Estimé de ses pairs, c’est un homme dont l’autorité compte d’autant plus qu’elle ne s’accompagne d’aucune ambition personnelle. Il s’est fait à sa condition de has-been et en tire même quelque fierté. En se prévalant de son patronage, Ségolène a marqué un point auprès de François. Elle a exploité cet avantage en l’assaillant de SMS et de coups de téléphone. De guerre lasse, sans avoir le courage de m’en parler, il a finalement dérogé au principe sacro-saint qu’il s’était fixé de ne soutenir personnellement aucun candidat aux législatives. Il a accepté de rédiger un encadré inséré dans la profession de foi pour le second tour de son ex-campagne, encadré orné de sa photo et annonçant tout simplement : « Dans cette circonscription de Charente-Maritime, Ségolène Royal est l’unique candidate de la majorité. »

Jean-Louis Bianco n’est pas le seul à avoir donné de la voix. Dès le dimanche soir, Thomas Hollande, un temps sonné par le mauvais score de sa mère, a téléphoné à son père pour lui dresser un état des lieux particulièrement catastrophique. À l’en croire, sa mère était comme anéantie par sa médiocre performance et ruminait de fort sombres pensées. Pour son fils chéri, il était urgent d’en finir avec le silence de l’Élysée. Il fallait d’urgence que, dans tous les lieux de culte socialistes, les desservants montent en chaire pour rappeler aux fidèles rochelais qu’il était de leur devoir de voler au secours de Notre-Dame-de-la-Fortitude, faute de quoi les pires catastrophes s’abattraient sur le pays, les vignes et les vergers seraient dévastés, les enfants en bas âge emportés par le croup, les matrones victimes d’hydropisie et les hommes mûrs de goutte maligne. Il était grand temps de construire des digues autour de la cité félonne et d’inciter les rebelles à déposer les armes. Après tout, quel mal y avait-il à ce que la photo du Président orne la profession de foi de la candidate ? C’était là un talisman précieux qui sèmerait la terreur dans les rangs de ses adversaires et ranimerait la flamme sacrée dans le coeur de ses partisans.

Ce petit Thomas est un hypocrite de première, doublé d’un jésuite. Comme me l’a soufflé un ami, il connaît ses classiques et son histoire sur le bout des doigts. Cette photo sur un document administratif me fait songer à l’initiative de l’empereur Constantin, lors de la bataille du pont Milvius contre Maxence, après qu’il eut la vision du chrisme, symbole formé des deux premières lettres grecques du mot « Christ », et qu’il eut fait graver ledit symbole sur le bouclier de ses légionnaires en leur disant ces paroles de réconfort : « In hoc signo vinces » (« Tu vaincras par ce signe »). La plupart des socialistes ont beau être des mécréants, il est touchant de constater qu’à l’heure du danger certains réflexes resurgissent chez eux instinctivement.

Tout eût été pour le mieux dans le meilleur des mondes si François avait eu le courage de Constantin, sa foi profonde et son mépris des ragots. Hélas ! loin d’afficher d’aussi belles vertus, mon chéri s’est comporté comme un cachottier, omettant de me prévenir de la décision que les larmes d’une mère et les supplications d’un fils lui avaient arrachée. Autant dire que j’ai été pour le moins surprise quand Olivier Falorni m’a appelé de toute urgence. Il venait d’avoir communication, à la préfecture, de la fameuse profession de foi et croyait encore qu’il s’agissait d’un malentendu ou d’une initiative désespérée et individuelle de sa rivale. En plaisantant, il m’a affirmé qu’il suffirait d’une déclaration de l’Élysée pour que l’affaire se dégonfle comme une baudruche.

C’est à ce moment précis que l’évidence m’a sauté aux yeux. J’ai compris pourquoi, depuis quelques jours, François m’évitait. J’avais attribué cette bouderie à la querelle que nous avions eue, le samedi précédent, à Tulle, lorsque, pour le taquiner, j’avais évoqué devant lui le couple Obama et affirmé que le mariage semblait leur avoir bien réussi. Il avait pris cette remarque pour une énième incitation à régulariser notre situation devant le maire et m’en avait punie par son mutisme. Depuis notre retour de Corrèze, nous nous étions à peine entrevus rue Cauchy et nous n’avions pas échangé un seul mot, chacun attendant que l’autre fasse le premier pas.

Or, voilà que je découvrais qu’il y avait une autre explication à ce malaise, que mon compagnon avait manigancé derrière mon dos une sordide intrigue pour voler au secours de son ex et lui sauver la mise sur le plan électoral. Comme s’il avait oublié que cette diablesse n’avait pas hésité à compromettre sa carrière politique en se présentant à la présidentielle et en le réduisant au rang d’éventuel prince consort. C’était bien du fait de cette candidature et de son échec cinglant qu’il avait été contraint de renoncer à ses fonctions de Premier secrétaire du PS pour rentrer dans le rang et mener l’existence morne d’un député désormais voué aux seconds rôles dans son fief de Corrèze. Non contente de l’avoir chassé de leur domicile, Ségolène l’avait marginalisé au sein de sa formation, ne lui laissant aucun espoir de rebondir. Et voilà que cette gourgandine se mettait à pleurer misère, à se dandiner devant son mur des Lamentations personnel, à minauder, à gémir et à réclamer un passe-droit dont les autres candidats socialistes aux législatives étaient privés. Décidément, cette garce ne manque pas d’air ! De quoi sera-t-elle capable par la suite si, par malheur, elle n’est pas élue présidente de l’Assemblée nationale ? Exigera-t-elle qu’on rase le Palais-Bourbon, que les députés socialistes soient contraints de venir pieds nus, en chemise et un cierge à la main solliciter son pardon et que de nouvelles législatives soient organisées séance tenante afin de la rétablir dans ses droits légitimes ?.

À ce moment-là, j’ai compris que la Folle du Poitou, dans l’intérêt de François, méritait une leçon. J’ai aussitôt envoyé à mon compagnon un SMS pour lui dire que je devais lui parler de toute urgence, lui laissant trente minutes pour me répondre. Il ne l’a pas fait, et pour cause, sachant très bien quel serait le sujet de notre conversation. Folle de rage, j’ai alors quitté mon bureau de l’Élysée pour rejoindre la rue Cauchy et, de là, envoyer mon fameux tweet dont j’avais esquissé un brouillon, comptant et recomptant minutieusement le nombre de caractères.

Extrait de "M. le président, je te fais cette lettre - Valérie T", aux éditions l'Archipel, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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