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Une image toujours pas oubliée un an après.
Une image toujours pas oubliée un an après.
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Élection du président de la FFF

C'est ce samedi que sera élu le nouveau président de la Fédération française de football (FFF). En lice : Fernand Duchaussoy (l’actuel président par intérim, 68 ans), Noël Le Graët et l'outsider Éric Thomas. Trois candidats pour une fédération poussiéreuse...

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux

Philippe Verneaux est journaliste sportif et auteur de L'argent dans le sport (2005, Flammarion). Il anime le blog sportmood.fr.

 

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La Fédération française de football n’affiche plus vraiment, c’est le moins que l’on puisse dire, l’éclat du neuf ou de la modernité. Et le suffrage de ce samedi pour l’élection de son président ne devrait pas faire naître de bouleversement ni de révolution de palais. A moins d’une surprise de taille, au cas où le quasi-inconnu Eric Thomas (président de l’AFFA, Association française du football amateur, 43 ans) l’emporterait, l’un des deux presque septuagénaires Fernand Duchaussoy (l’actuel président par intérim, 68 ans) ou Noël Le Graët (l’actuel vice-président, 69 ans), vieux habitués des locaux de l’avenue d’Iéna, sera le brave continuateur de la politique menée depuis de longues années à la FFF.

Foot pro + foot amateur = l'équation impossible

Les trois grands désastres de 2004 (Euro), 2010 (Coupe du monde) et 2011 (Quotas) se sont traduit à chaque fois par de timides ébauches de ravalement, renvoyant une véritable reconstruction aux calendes grecques. L’autorité politique, jusqu’à celle du président de la République elle-même, a eu beau s’ingénier à verser son grain de sel, le plat n’y a guère retrouvé de goût. Et l’on s’est rabattu sur les bons vieux ingrédients (Symposiums, Etats généraux...). La nouvelle cuisine attendra…

Pour être franc, l’équation n’est pas simple à résoudre. Elle s’apparenterait en fait à la quadrature du cercle. Football professionnel et football amateur sont depuis la naissance du premier dans les années 1930 des frères ennemis vivant sous le toit commun de la mère Fédération.

Plus ils se rapprochent, ce qui est le cas depuis la présidence de Fernand Sastre (1972-1984), plus ils se livrent à une guerre fratricide. Avec l’avènement de la bande à Platini puis le triomphe de celle de Zidane, l’équipe de France est devenue la salle des trésors du château. L’arrivée de revenus toujours croissants a alors constamment suscité la convoitise du monde amateur, éternellement dépourvu de subsides. Sur ce sujet capital, Duchaussoy l’attentiste et Le Graët le ploutocrate, ont sans rire promis la lune d’un football œcuménique durant leur campagne, très attentifs à ce que les 63 % des délégués du « tiers-état » amateur leur prêtent un maximum de voix.

« Saint » Thomas ne croit pas aux « prêcheurs »…   

Eric Thomas, l’homme qui, en ce 18 juin, dit « non » jusqu’à la caricature (construction de 1800 nouveaux terrains synthétiques, redistribution intégrale des primes des Bleus…), ne mâche pas ses mots à l’égard du duo qu’il souhaite éjecter du trône et de l’organisme dont il brigue désormais haut et fort le capitanat : « Deux candidats sortants au bilan catastrophique et au projet vide, flou. […] On est face à une FFF éthérée, hors sol, dans une bulle, un mur, qui a beaucoup de mal à se mettre au niveau de la démocratie qu’elle prêche. Il faut réveiller la FFF, qui est une machine à perdre. »

Un « brin » teintées de démagogie, les diatribes de Thomas s’affichent comme un coup de pub personnel qui s’appuie tout de même sur le réveil des consciences. On se souvient de certains épisodes truculents, pathétiques et révélateurs d’une organisation aux mœurs quelque peu décadentes. Comme celui d’un repas entre amis de la nomenklatura fédérale à Séoul en 2002 où la note, comprenant le prix d’une bouteille de Romanée-Conti, s’était élevée à 4000 euros ! Ou, plus parlant et symptomatique encore, comme en 2005 cette AG aux allures de Soviet suprême où le sélectionneur Raymond Domenech s’était sorti d’affaire alors qu’une majorité de membres avait voté son éviction ! Et enfin, récemment, en avril dernier, une pseudo-réforme de la gouvernance de l’appareil a abouti, dixit un des soutiens de Fernand Duchaussoy, à une très prometteuse future création de… « groupes de réflexion sur plusieurs thématiques… ». Tout un programme ! Décidemment, le football français n’est pas encore descendu de son bus sud-africain.

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