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"24 heures chrono" : le retour raté de Jack Papy Bauer
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Coup de vieux

Le retour de la série événement est surtout synonyme de déception, même pour les fans. Scénario peu captivant et manque de charisme des personnages sont la marque de fabrique de la neuvième saison.

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Une énorme campagne de promotion a mis sous tension tous les fans et nostalgiques de Jack Bauer avec l'annonce de la diffusion simultanée, aux États Unis et en France de la 9e saison de 24 : Live Another Day. Petit retour sur les deux premiers épisodes diffusés en nocturne et en exclusivité sur Canal Plus. On en baille d'ennui.

Rien que l'idée de passer encore 24h à suivre Jack Bauer, seul contre tous, essayant d'empêcher un attentat contre le Président des États-Unis était par avance épuisante. Mais, par nostalgie des nuits blanches de nos jeunes années à courir derrière le héros de la Citiyou, et bien que l'on n'aie aucun souvenir de la saison 8 (ni de la précédente ni de l'antépénultième) on se faisait un devoir d'assister à cet événement télévisuel de la résurrection d'une série disparue. Vérifier si Jack n'a pas perdu la main pour frapper d'abord et poser la question après, c'est un peu comme aller voir au concert des Rolling Stones si Mick Jagger, à 70 ans, arrive encore à faire un déhanchement à peu près sexy en interprétant Satisfaction.

Hélas, parier sur autre chose que de la déception, c'est ignorer tout ce qui s'est passé depuis que Jack a raccroché les gants. Car, une fois Jack rangé des voitures, Dexter Morgan a assassiné la moitié de la population délinquante de Miami à grand coups de couteau de boucher, Franck Underwood est devenu Président des États Unis à grands coups de tortures psychologiques et manœuvres à plusieurs bandes machiavéliques, et ces dégénérés de Lannister ont décapité l'ensemble de la lignée des Stark à grands coups de hache et d'épée. Le tout arrosé de bonnes giclées de sang, de cervelle sur les murs et de scènes de sexe bien dosées, à peu près tous les quarts d'heure, pour tenir en éveil et en alerte le spectateur gavé mais attentif.

Sang, sexe, violence, héros troubles, les méchants qui gagnent et les gentils qui se font tuer, tous les codes étaient brouillés depuis le départ de Jack, avec en toile de fond une Amérique sous le choc du tandem Carrie Mathison, agent bipolaire frappadingue de la CIA, et Nicholas Brody, aussi roux que Jack était blond, mais également Marine, otage, anti héros, secrètement converti à l'Islam et apprenti terroriste tourmenté de remords et de questionnements. L'anti Jack Bauer, en quelque sorte.

Le pari de faire revenir Jack dans la course était donc osé, pour un héros classique qui ne souffre d'aucune pathologie psychologique complexe, réfléchit vite et parle peu en dehors des onomatopées "doyoucopy" et "copythat". Un héros qui ne prend pas le temps de manger, de boire, de faire ses besoins et surtout, qui ne baise pratiquement pas.

Nous voilà donc, en ce début de 9e saison, à Londres, en pleine visite officielle du Président des États-Unis. Président qui est en fait le père de l'ex de Jack mais dont on ne se souvient plus pourquoi ils ne sont plus ensemble. On découvre que cette ex, Audrey, est mariée à un type assez antipathique que d'emblée on déteste car on comprend qu'il a piqué la nana de Jack, qu'il est un ennemi de Jack, qu'il veut du mal à Jack, qu'il va essayer de lui en faire par tous les moyens et qu'il est fourbe et comploteur puisqu'il ne donne pas les infos au Président. C'est assez simple à décoder, jusque là tout roule comme prévu.

Ensuite, tout se passe normalement, Jack est seul, il se tait, il essuie des coups de feu, il menace un type ou il est en ligne sur son mobile, toujours en courant, en se roulant par terre, en sautant d'un pont ou d'un escalier, en mettant de grands coups de latte dans les portes ou en déclenchant une explosion grâce à son téléphone portable. On s'ennuie un peu. Les écrans multiples et le jingle d'accompagnement signifiant la ponctuation, et marque de fabrique de la série, ont vieilli. Un peu comme si on remettait la sonnerie citiyou sur nos mobiles comme dans les années 2000. Ca ferait ringard. On se reprend une bière et une part de pizza, on jette un œil distrait sur sa TL. Un petit décrochage s'amorce, illustré par un bâillement discret.

Ensuite, tout part en vrille très rapidement. Chloé O'Brian entre en scène, en gothique tatouée œil au charbon et piercings dans l'oreille avec une coupe de cheveux façon Lisbeth Salander. Et là, franchement ça le fait pas. Elle a un style Yolande Moreau qui serait devenue une Anonymous juste en fronçant toujours les sourcils quand un problème se pose qui n'est pas du tout raccord avec l'idée que l'on se fait de Chloé O'Brian.

Même chose pour l'incontournable Blonde, agent de la Citiyou super pointue qui piste Jack et anticipe ses mouvements mais arrive toujours 5 minutes après la bataille. Une Blonde qui n'est autre que l'ex nana de Dexter, l'empoisonneuse psychopathe. Comble de l'énormité, elle s'appelle Agent Morgan. On est troublé, la confusion s'installe. A t-elle finalement épousé Dexter puisqu'elle porte son nom ? Comment est-elle passée de criminelle recherchée à Miami à employée d'une agence gouvernementale américaine à Londres ? Va-t-elle tenter d'empoisonner Jack ou devenir son alliée ? On suppose qu'il ne va pas tarder à la retourner comme une crêpe contre sa hiérarchie... et on se désintéresse immédiatement de la chose. La ficelle est grosse... et elle est tellement usée.

Mais le pompon de la gêne, c'est quand on réalise qui est la super méchante, celle qui ordonne de tuer les gentils soldats anglais et américains en détournant des drones par l'entremise d'un hacker marginal mal coiffé et désagréable. Cette malveillante personne n'est autre que Lady Stark, tout juste débarquée de Winterfell, dont l'ambition manifeste est d'assassiner le Potus, au lieu de se venger de l'horrible Jeffrey Barathéon. Mais que fait donc Lady Stark dans cette galère ?? On en reste comme deux ronds de flanc de la voir là, sans sa cape grise en fourrure et peau de loup, avec un téléphone mobile dans la main et du mauvais coté du manche.

Ces interférences d'acteurs sont assez pénibles à gérer et on a du mal à suivre avec intérêt la course poursuite contre la montre et contre le monde entier qui se déroule sous nos yeux mais dont on sait que Jack va venir à bout, d'une manière ou d'une autre, avec ou sans nous. On se dit qu'il y en a seulement pour 12 épisodes au lieu de 24, et que ça suffira bien.

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