Opéra et concerts : les bons plans pour y aller pour pas cher<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Opéra de Paris
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La combine

Trop élitistes, trop chers les opéras, les concerts et les ballets ? Voici comment profiter de la vie musicale parisienne sans se ruiner. Courez-y, le jeu en vaut la chandelle !

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

Voir la bio »

Paris fait partie des grandes capitales internationales pour l’opéra, le ballet et la musique classique, l’offre y est foisonnante et de grande qualité. Mais la plupart des Parisiens et des Franciliens s’en sentent exclus et ce pour deux raisons principales : les prix élevés et la complexité pour réserver des places. Vous voulez aller voir "La Traviata" de Verdi en juin à Bastille, pas de chance il ne reste plus de place ! Alors "Le Couronnement de Poppée" de Monteverdi au même moment au Palais Garnier ? Il ne reste que des places à 180 euros…

Faut-il faire une croix sur ces spectacles et considérer que ce n’est pas pour soi ? Surtout pas. Comment s’y prendre ? Le conseil à garder à l’esprit est de s’y prendre à l’avance, et justement les programmes des saisons 2014-2015 des principales institutions musicales viennent de sortir. La première chose à faire consiste donc à les demander par courrier, la consultation étant plus aisée que les sites Internet. Ensuite il faut passer un peu de temps à décortiquer la rubrique "comment réserver" pour étudier les différentes formules. C’est ce que nous nous proposons de faire ici, ainsi que donner quelques conseils de spectacles, pour les principales scènes parisiennes (nous reviendrons sur la nouvelle salle de la Philharmonie et le Théâtre du Châtelet dont les programmes sortiront mi-mai). Et cette méthode vaut également pour nos lecteurs en province : Lyon, Toulouse, Nantes, Lille etc. proposent de belles saisons à des prix abordables, épluchez les programmes !

Opéra National de Paris/Agathe Poupeney

Commençons par l’Opéra National de Paris. La saison lyrique est un véritable festival, elle reprend parmi les plus grands tubes comme "La Traviata" de Verdi, "Le Barbier de Séville" de Rossini, "Tosca" et "La Bohème" de Puccini, "Don Giovanni", "La Flûte enchantée" et "L’Enlèvement au sérail" de Mozart, "Pelléas et Mélisande" de Debussy (dans la magnifique mise en scène de Robert Wilson). On pourra aussi voir le rare "Roi Arthus" de Chausson avec Roberto Alagna. Le ballet (le meilleur du monde, soyons-en fiers) mêle habilement la grande danse classique comme "Le Lac des cygnes" et "Casse-noisette" dans les chorégraphies de Rudolf Noureev, "La Source", "Paquita", mais aussi le répertoire contemporain avec "Les Enfants du Paradis" (inspiré du film), Pina Bausch, le stupéfiant et incontournable William Forsythe, "Le Chant de la terre" (d’après l’œuvre de Gustav Mahler) par John Neumeier (un immanquable), ou le très réussi "Anatomie de la sensation" de Wayne McGregor. Signalons aussi que l’Opéra de Paris c’est aussi des concerts (l’intégrale des symphonies de Beethoven à Bastille), de la musique de chambre certains dimanches soir au Palais Garnier (de 10 à 25 euros maximum) ou à l’amphithéâtre de Bastille.

La première option est l’abonnement, à souscrire dès maintenant. Les moins de 28 ans profiteront d’une offre dédiée fort intéressante (2 opéras et 2 ballets pour 78 euros, 3 opéras et un concert pour 96 euros ou 4 ballets pour 60 euros). Sinon il existe des formules libres pour l’opéra (5 au minimum) permettant d’accrocher des places à 35 ou 70 euros le spectacle, ainsi que le ballet (3 au minimum), à partir de 25 euros. Deuxième option : l’achat de places à l’unité. Pour cela l’Opéra a établi un calendrier d’ouverture des réservations et, par exemple, pour voir "Pelléas et Mélisande" (en février 2015) il faudra se connecter le lundi 6 octobre à 9h précises. Ça tombe toujours un lundi, on aura bien sûr préalablement créé son compte sur le site de l’Opéra, on se connecte, on patiente face à un compte à rebours (le site est sollicité) pour enfin pouvoir acheter sa place. Ces méthodes permettent d’acquérir des places dans les catégories "relativement" bon marché. Troisième option : la "Bourse aux billets officielle" mise en place par l’Opéra pour permettre la revente de billets en toute transparence et sans marge (une excellente initiative pour lutter contre le marché noir), et qui peut permettre d’obtenir des places bon marché. Quatrième option : l’achat de places le jour même. Selon les disponibilités, des places de dernière minute sont accessibles aux moins de 28 ans et plus de 65 ans, mais c’est aléatoire. Autrement, pour tout le monde, tous les soirs de spectacle à Bastille, 32 places (tout en haut sur les côtés) à 5 euros sont mises en vente 1h30 avant le début de la représentation, une très bonne opportunité, mais il faut venir en avance. Et tous les soirs de spectacle à Garnier, les places de 6e catégorie (plusieurs dizaines), à 10 euros seulement, sont vendues le jour même au guichet de Garnier, qui ouvre à 11h30. Ces places sont à visibilité réduite, mais le rapport qualité/prix demeure très bon. Signalons aussi qu’à l’Opéra de Paris les représentations du 14 juillet sont gratuites, dans la limite des places disponibles, ce qui permettra de voir cette année "La Bohème" et en 2015 "L’Anatomie de la sensation", tous deux à Bastille, ça vaut le coup de faire la queue ! Rajoutons, l’expérience est différente mais de qualité, que plusieurs productions sont diffusées en direct au cinéma dans le réseau UGC au prix de 28 euros (la création du nouveau directeur du ballet, Benjamin Millepieds, le 3 juin, "La Traviata" le 17 juin, et une demi-douzaine de spectacles la saison prochaine) ; il faut réserver à l’avance, les séances sont la plupart du temps complètes.

Le Théâtre des Champs-Elysées propose dans sa magnifique salle un programme très riche. Pour les opéras signalons "Castor et Pollux" de Rameau, "Macbeth" de Verdi, "La Clémence de Titus" de Mozart, "Maria Stuarda" de Donizetti ou une curiosité avec la création mondiale de "Solaris" d’après le roman de science-fiction éponyme de Stanislas Lem et porté à l’écran par Tarkovski en 1972 et Soderbergh en 2002. Pour les opéras et oratorios en version de concert, on notera particulièrement "Roméo et Juliette" de Berlioz, "Cléopâtre" de Massenet dirigé par Michel Plasson, "Alcina" de Haendel, le rare "Niobe" de Steffani, le Requiem de Verdi dirigé par Vladimir Jurowski, la "Passion selon Saint Matthieu" de Bach. Il faut avoir entendu une fois dans sa vie la somptueuse sonorité de l’Orchestre Philharmonique de Vienne, il viendra comme tous les ans à trois reprises. On ne manquera pas non plus les deux concerts du Philharmonia Orchestra ainsi que ceux de l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg. Le "TCE" c’est aussi les grands récitals de voix (Cecilia Bartoli, Joyce DiDonato, Angela Gheorghiu, Natalie Dessay, Magdalena Kozena), de piano (Lang Lang, Alexandre Tharaud, Nikolaï Lugansky), de violon (Julia Fisher, Vadim Repin, Gidon Kremer). Il y a aussi les concerts du dimanche matin et de la danse (Jiri Kylian et le Ballet de Norvège, une carte blanche à Nicolas Le Riche).

Il existe des abonnements offrant des réductions, mais relativement contraignants (obligation de choisir au moins 7 soirées d’orchestre ou tous les opéras), ou alors l’abonnement "promenade", totalement libre mais octroyant peu de remise. Ils sont d’ors et déjà ouverts. Sinon on pourra acheter des places pour tous les spectacles de la saison le 27 juin (sur le site ou par correspondance). Les places en catégorie 5 (l’avant-dernière) sont toutes à 10 euros mais offrent une visibilité réduite, il faut le savoir. La catégorie 4 (35 euros pour un opéra, un peu moins pour un récital ou un orchestre) présente un meilleur compromis. Les places de dernières catégorie sont mises en vente uniquement le jour même une heure avant le concert, elles sont à 5 euros et quasiment aveugles, mais pour écouter le Philharmonique de Vienne, ça vaut le coup !

Pour son tricentenaire, l’Opéra comique ne propose pas moins de sept opéras accompagnés de divers récitals et concerts. On retrouve quelques grandes opérettes tirées d’un injuste oubli comme "Ciboulette" de Reynaldo Hahn et "Les Mousquetaires au couvent" de Louis Varney, ou la célèbre "Chauve-souris" de Johann Strauss, en version française (sous la baguette de Marc Minkowski). On pourra redécouvrir "Le Pré aux clercs" de Ferdinand Herold (l’œuvre la plus jouée dans l’histoire de la maison, 1.600 fois jusqu’en 1949) ainsi que le flamboyant opéra-ballet "Les Fêtes vénitiennes" d’André Campra (William Christie à la direction, Robert Carsen à la mise en scène), assurément un des événements de la saison lyrique. Deux opéras contemporains seront également à l’honneur, "Les Contes de la lune vague après la pluie" de Xavier Dayer et surtout "Au Monde" de Philippe Boesmans, l’un des plus brillants compositeurs d’opéras de notre époque, un événement à ne pas manquer.

La formule de l’abonnement est souple (à partir de 3 opéras) mais limitée aux trois premières catégories, elle est d’ors et déjà ouverte à la location. L’achat de places à l’unité pour toutes les catégories commence le 2 juin sur le site, au téléphone ou au guichet. Les places de la sixième et dernière catégorie à 6 euros sont à visibilité réduite, il faut le savoir. Les deux catégories au-dessus proposent des places à 15 et 41 euros, un bon rapport qualité/prix pour profiter de spectacles de haut niveau dans une salle au charme inimitable.

La musique à Radio France c’est deux orchestres symphoniques (l’Orchestre National de France dirigé par Daniele Gatti et l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Myung-Whun Chung), le Chœur et la Maîtrise de Radio France. Et à partir de novembre prochain, la possibilité de jouer à demeure grâce à la construction du Grand Auditorium (1463 places), même si les orchestres continueront également de se produire au Théâtre des Champs-Elysées (pour le National) et à la Salle Pleyel, puis à la Philharmonie (pour le Philarmonique) à partir de janvier 2015, nous en reparlerons. Le Grand Auditorium sera donc inauguré les 14, 15 et 16 novembre 2014, le programme n’est pas encore communiqué mais il y aura certainement des concerts gratuits, restez informés. Parmi une riche saison de concerts on conseille tous ceux de Chung avec le Philharmonique, toujours excellents, l’intégrale des symphonies de Schumann par le National et Gatti, les prestations de deux jeunes et prometteurs chefs français (Stéphane Denève le 27/11, Lionel Bringuier les 12 & 19/12), Bernard Haitink dans la 9e de Bruckner (le 23/2), Mikko Franck dans un programme Sibelius (le 24/4), Semyon Bychkov dans la tellurique 8e de Chostakovitch (le 21/5). Lors du Festival de Saint-Denis de juin 2015, on ne manquera pas le Requiem de Verdi par Chung, ainsi que le "Requiem allemand" de Brahms par Gatti. Signalons par ailleurs un riche programme destiné au jeune public (les samedis ou mercredis à 11h, 7 euros par enfant, 12 euros par adulte) et le Festival Présences dédié à la musique contemporaine, l’édition de février 2015 étant consacré aux "deux Amériques" (15 euros tarif unique, ce qui fait finalement un peu cher, auparavant ce festival était gratuit).

Grand Auditorium de Radio France

Plusieurs abonnements sont possibles, thématiques ou à la carte (à partir de 5 concerts), jusqu’à la catégorie 4 soit à 20 euros le concert, c’est plus que correct. On peut aussi s’abonner aux concerts jeune public (à partir de 5). Il existe un intéressant abonnement réservé aux moins de 28 ans (5 concerts pour 55 euros). La vente des concerts à l’unité commence le 2 juin, et elle permettra d’accéder aux places de la 5e et dernière catégorie à 10 euros, soit un exceptionnel rapport qualité/prix.

En s’y prenant à l’avance, ou en connaissant bien les conditions d’achat de places au dernier moment, il y a vraiment de quoi profiter de la vie musicale parisienne sans se ruiner. A vous de jouer !

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