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Le réveil de l'Iran : ce que les cartes nous disent du futur du pays
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Bonnes feuilles

Un Iran démocratique ou quasi-démocratique serait en mesure, du fait de sa position géographique idéale, de dynamiser le monde musulman tout entier, à la fois dans le monde arabe et en Asie centrale. C'est ce qu'explique entre autres Robert Kaplan dans son livre "La revanche de la géographie".

L’Iran, comme l’atteste son programme nucléaire, fait partie des pays les plus avancés du Moyen-Orient sur le plan technologique. Il construit des centrales hydroélectriques, des routes et des voies ferrées dans les pays de l’Asie centrale et compte leur être bientôt relié par des voies de commerce fiables. Un gazoduc achemine le gaz naturel turkmène en Iran depuis le sud-est du Turkménistan jusqu'aux abords de la mer Caspienne, ce qui permet à la production propre de l'Iran d'être exportée via le golfe Persique. Le Turkménistan possède la quatrième réserve de gaz naturel au monde, et exporte tout son gaz vers l’Iran, la Chine et la Russie. D’où la possibilité de voir émerger un axe énergétique eurasien, réunissant ces trois grandes puissances continentales, jusqu’ici solidaires dans leur opposition aux démocraties occidentales.

L’Iran et le Kazakhstan ont construit un oléoduc reliant leurs deux pays, qui transporte le pétrole kazakh vers le nord de l’Iran, permettant là aussi à l'Iran d'exporter sa production propre via le golfe Persique. Le Kazakhstan et l’Iran seront bientôt reliés par le rail, ce qui fournira un accès direct vers le golfe Persique au Kazakstan. Une voie ferrée est également en projet entre le Tadjikistan et l’Iran, en passant par l’Afghanistan.

L'Iran est d'une part situé au point de passage obligé pour les pipelines de l'Asie centrale, et d'autre part, à la tête d'un empire semi-terroriste clandestin au Moyen-Orient. C'est pourquoi on peut affirmer qu'il sera au XXIe siècle l'équivalent du pivot de Mackinder. Mais il lui reste un problème de taille à régler.

Malgré le prestige dont jouit l’Iran chiite à l’heure actuelle dans certaines parties du monde arabe — sans parler du Liban du Sud chiite et de l’Irak chiite —, à cause de son implacable soutien de la cause palestinienne et de son antisémitisme à peine voilé, son rayonnement n'est pas le même en Asie centrale. L'une des raisons est que les anciennes républiques soviétiques maintiennent des relations diplomatiques avec Israël, et n’ont pas envers l’État hébreu la même haine viscérale que le monde arabe, qui s'atténuera cependant peut-être à la suite du Printemps arabe. De plus, si l'Iran est si peu attractif en Asie centrale, mais aussi dans le monde arabe, c'est à cause de son pouvoir clérical étouffant, qui n'a pas hésité à recourir à la violence pour écraser les velléités démocratiques de son peuple.

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion de me rendre dans la capitale du Turkménistan, Ashgabat, entourée d'un désert sillonné par quelques rares nomades. Depuis cette ville, la culture iranienne semble être le centre du monde, situé sur les grandes voies de commerce et de pèlerinage. Les Turkmènes, qui sont obligés de commercer avec leurs voisins iraniens, sont pour la plupart laïques et n'éprouvent aucune fascination pour le régime des mollahs. Quelque que soit l'influence iranienne, si tenace soit son opposition aux États-Unis et à Israël, je pense que le pays s'essoufflera avant de pouvoir prendre l'ascendant idéologique et religieux sur l'Asie centrale. Mais un Iran démocratique ou quasi-démocratique serait en mesure, du fait de sa position géographique idéale, de dynamiser le monde musulman tout entier, à la fois dans le monde arabe et en Asie centrale.

 Extraits de "La revanche de la géographie. Ce que les cartes nous disent des conflits à venir" de Robert D.Kaplan aux Editions du Toucan. Pour l'acheter, cliquez ici

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