Les armées légitiment les blessures psychiques des soldats causées par leur rapport avec la mort<!-- --> | Atlantico.fr
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L'armée française a enregistré 160 traumatisés de l’opération Serval au Mali.
L'armée française a enregistré 160 traumatisés de l’opération Serval au Mali.
©The U.S. Amry/Flickr

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Docteur de Montleau, chef du service psychiatrie de l’hôpital Percy, évoque "la difficulté à assurer, face à des bandes déchaînées, la protection des populations désarmées par la force", provoquant ainsi, un "sentiment de culpabilité" chez le soldats.

Le 27 mai dernier lors d'un séminaire à l'hôpital du Val-de-Grâce, les médecins du service de santé des armées ont évoqué la légitimé des blessures psychiques des soldats, causées notamment par leur rapport avec la mort. Ils évoquent alors 1 421 cas déclarés de troubles de stress post-traumatiques (TSPT) entre 2010 et 2014, chez des soldats âgés en moyenne de 27 ans et ayant une ancienneté de près de 7 ans. La cellule d’aide aux blessés de l’armée de terre reçoit environ sept nouveaux soldats par mois ayant servi en Afghanistan et une quinzaine en Centrafrique. Elle a enregistré 160 traumatisés de l’opération Serval au Mali.

Sur le terrain, les soldats sont exposés à un stress permanent. Franck de Montleau, chef du service psychiatrie de l’hôpital Percy  et envoyé à Bangui en décembre 2013, parle de "la difficulté à assurer, face à des bandes déchaînées, la protection des populations désarmées par la force", qui provoque un "sentiment de culpabilité" chez les soldats. Avoir été "en contact prolongé avec des corps mutilés" "la récupération insuffisante" entre les opérations et "la fatigue opérationnelle intense" intensifient le stress d'une section lorsqu'elle rejoint la vie civile. Face à cela, les armées n'ont eu d'autres choix que de légitimer le diagnostic de TSPT chez leurs hommes et mettre en place des mesures adaptées. Ainsi, des psychologues et des psychiatres sont déployés sur le terrain et interviennent entre deux et dix jours après une opération houleuse. Un repos de trois jours est alors imposé aux soldats avant leur retour en France et leur suivi est assuré quelques mois encore après. Olivier Dubourg, médecin chef du GIGN, assure le suivi psychologique du groupe d'élite et évoque le stress subi par les hommes lors de la traque des frères Kouachi en janvier dernier. "Pour la première fois de ma carrière j’étais sûr que j’allais gérer des gars au tapis. Le chef avait précisé : "Si quelqu’un tombe, on l’enjambe, on avance, on avance" raconte-t-il.

"L’idée stéréotypée d’une préparation, d’une forme de durcissement possible par rapport à la rencontre traumatique ne tient pas, explique le docteur de Montleau. Même dans un groupe de combat, cela ne se passe jamais tout à fait comme on l’avait imaginé. En fait, il faut un certain degré de méconnaissance pour pouvoir aller au combat à la rencontre avec la mort" a déclaré le docteur de Montleau.

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