Les quatre familles de la droite face à 2012<!-- --> | Atlantico.fr
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Que reste-t-il des trois droites de René Rémond ? La légitimiste, l’orléaniste, la bonapartiste ?
Que reste-t-il des trois droites de René Rémond ? La légitimiste, l’orléaniste, la bonapartiste ?
©Reuters

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Que reste-t-il des trois droites de René Rémond, la légitimiste, l’orléaniste, la bonapartiste ? Selon une étude Ifop, elle se divise en quatre : la sociale-humaniste, la républicaine-libérale, la nationale-populaire et la droite extrême.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Une étude Ifop (échantillon extrait de 925 sympathisants de droite du cumul de trois échantillons représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus) pour la Lettre de l’opinion dévoile une nouvelle typologie des droites, à six mois de la présidentielle. Et définit quatre familles: la droite sociale-humaniste (7% de l’échantillon), la droite républicaine-libérale (42% de l’échantillon), la droite nationale-populaire (27% de l’échantillon) et la droite extrême ou extrême-droite (24% de l’échantillon).

1. La droite républicaine-libérale

C’est la famille la plus nombreuse de la droite : 42%. Les individus qui la composent ont un profil plutôt âgé. Elle comporte en effet significativement moins de personnes âgées de moins de 35 ans (17%, contre 21% dans l’ensemble) et significativement plus de personnes âgées de 65 ans et plus (35%, contre 30% dans l’ensemble). Ces derniers sont d’ailleurs la génération la plus représentée dans cette famille et de ce fait, la catégorie socioprofessionnelle des retraités est surreprésentée (47%, contre 40% dans l’ensemble). Ses effectifs établissent enfin une filiation nette à l’UMP (82%) et moindre au Front National (14%).

La famille de la droite républicaine-libérale s’inscrit clairement dans la tradition libérale. Les mesures qu’elle soutient le plus et où elle se démarque le plus des autres familles visent souvent à donner plus de flexibilité au marché – facilitation du développement du travail à domicile (94%), abrogation de la loi sur les 35 heures (82%, contre 74% en moyenne) – et à s’opposer à l’interventionnisme étatique, comme l’adhésion massive au financement d’une part significative des retraites par une épargne individuelle complémentaire défiscalisée (90%, contre 77% en moyenne). Elle n’en demeure pas moins républicaine, se déclarant favorable à la mise en place d’aides fiscales pour les industriels qui relocalisent en France leur production (94%, contre 88% en moyenne) et à la mise en place d’un régime de retraite unique (86%, contre 81% en moyenne). Sur les questions identitaires, bien que majoritaire sur les items testés, elle l’est de manière moins favorable que les autres familles : 74%, contre 81% en moyenne pour l’interdiction de l’édification de minarets lors de la construction de mosquées, et 67%, contre 77% en moyenne à la dissolution des associations d’aide aux sans-papiers.

2. La droite nationale-populaire

La droite nationale-populaire recense les mêmes catégories de population que la droite républicaine-libérale mais de manière exacerbée. Elle se veut ainsi plutôt âgée (11% de moins de 35 ans, contre 21% en moyenne et 43% de 65 ans et plus, contre 30% en moyenne) et surreprésentée par des individus issus de la catégorie socioprofessionnelle des retraités (58% contre 40% en moyenne). A l’instar des effectifs de la droite républicaine-libérale, elle se définit en majorité comme proche de l’UMP (82%) et assez éloignée du Front National (15%), même si elle adhère à de nombreuses propositions de ce parti.

Les effectifs de la droite nationale-populaire sont très sensibles à la sauvegarde de l’identité nationale. Ils sont favorables à la dissolution des associations d’aide aux sans-papiers (92%, contre 77% en moyenne), ainsi qu’à l’interdiction de l’édification de minarets lors de la construction de mosquées (89%, contre 81% en moyenne). La sécurité occupe une place prépondérante à leurs yeux, 93% d’entre eux étant favorables à un développement généralisé de la vidéosurveillance, et les aspects sociaux et égalitaires également. Ils sont en effet favorables à la fixation d’un salaire minimum pour les dirigeants des grandes entreprises (88%, contre 80% en moyenne). L’embauche de 70 000 postes d’enseignants pour les cinq prochaines années pour un coût de 500 millions d’euros par an et l’abandon de l’euro et le retour au franc sont des mesures qui ne les enchantent guère (20% et 22% respectivement, contre 40% et 32% en moyenne).

3. La droite extrême

La famille de la droite extrême est celle qui regroupe le plus de femmes dans ses effectifs (52%, contre 45% en moyenne), ce qui constitue une de ses premières caractéristiques. Elle est également composée aux deux tiers par des personnes âgées de moins de 50 ans (64%) et celles âgées de 65 ans et plus sont sous-représentées (13%, contre 30% en moyenne). De ce fait, les catégories socioprofessionnelles les plus populaires paraissent surreprésentées : elle est composée en effet de 19% d’employés (contre 13% en moyenne), de 23% d’ouvriers (contre 13% en moyenne) et de 16% d’autres inactifs dont font partie les étudiants et les femmes au foyer (contre 10% en moyenne). Ses effectifs sont donc finalement proches du profil de l’électorat de Marine Le Pen et se définissent sans surprise comme proches du Front National (64%, contre 28% en moyenne).

Ses effectifs se distinguent en se montrant particulièrement favorables à des mesures telles l’interdiction de l’édification de minarets lors de la construction de mosquées (92%, contre 81% en moyenne) et la dissolution des associations dont l’objet est d’aider les clandestins sans-papiers (89%, contre 77% en moyenne). Ils se montrent également davantage en accord avec l’embauche des 70 000 postes d’enseignants pour les cinq prochaines années pour un coût de 500 millions d’euros par an (65%, contre 40% en moyenne) et l’abandon de l’euro et le retour au franc (61%, contre 32% en moyenne), semblant privilégier le développement d’un Etat fort et centralisateur.    C’est d’ailleurs en ce sens qu’ils se montrent moins favorables que la moyenne au changement de la frontière public-privé en confiant des missions de services publics à des agences autonomes de droit privé (64%, contre 74% en moyenne).

4. La droite sociale-humaniste

La famille de la droite sociale-humaniste se distingue par la jeunesse des individus qui la composent. Elle est en effet composée à 56% par des personnes âgées de moins de 35 ans et plus de trois quarts de ses effectifs ont moins de 50 ans (79%). Sa composition paraît également populaire : 39% sont issus des catégories socioprofessionnelles modestes, et la proportion de personnes appartenant à la catégorie « autres inactifs », dont font partie les étudiants, est significativement plus élevée qu’au sein des autres familles (19%, contre 10% pour l’ensemble). Deux tiers d’entre eux se définissent comme des sympathisants UMP (64%) et l’autre tiers comme des sympathisants du Front National (34%) se situant dans la moyenne et ne se démarquant pas des autres familles.

Ses prises de position sont plutôt sociales, humanistes et libérales, par opposition aux autres familles. Elle se montre notamment moins réfractaire à l’embauche d’enseignements supplémentaires dans les cinq prochaines années (50% de ses effectifs sont pour, versus 40% dans l’ensemble) et moins opposée à la dissolution des associations dont l’objet est d’aider les sans-papiers (44% pour, versus 77% dans l’ensemble). Elle semble également moins favorable à l’ensemble des mesures testées, montrant sa volonté de développer le libre-arbitre de chaque individu. Les mesures pour lesquelles elle s’accorde le plus sont la simplification des contraintes administratives qui pèsent sur la gestion quotidienne des indépendants (73%), la facilitation du développement du travail à domicile notamment pour les mères de famille (68%) et la création d’un fichier unique de lutte contre les fraudes aux allocations sociales (67%).

En conclusion, la droite républicaine libérale et la droite nationale populaire séduisent davantage les plus de 65 ans tandis que la droite extrême et la droite sociale humaniste comptent une proportion plus importante de jeunes. Quant aux catégories populaires, leur proportion semble plus importante au sein de la droite extrême qu’auprès des autres sensibilités. Pour l’UMP, le défi reste de faire cohabiter sous le même toit toutes ces branches de la même famille !

(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)

Guillaume Peltier pour la Lettre de l'opinion

Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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